× chapitre 2 ×

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FELIX

J'avais finalement atteint le portail du lycée après un trajet de bus durant lequel j'avais cherché le sommeil. Il faisait frais dehors, presque froid, et j'étais contente d'avoir pensé à prendre mon pull, bien que ce ne soit pas la raison initiale de mon choix.
Je suivais la foule d'élève qui se dirigeait vers la cour, la tête rentrée dans les épaules. Tout ce monde m'effrayait, je voulais m'enfuir en courant.
Alors que j'étais perdu dans mes pensées, une masse me sauta sur le dos en rigolant.

- Felix t'es enfin là !

Je souris gentiment à Jisung, qui lui me regardait dedans étoiles pleins les yeux. Sans mentir cet enfant était une pile électrique qui me tapais un peu sur les nerfs de temps en temps, mais que j'appréciais d'autant plus. Aujourd'hui seulement je n'étais pas d'humeur à son hyperactivité. Son copain, Minho, dû le percevoir puisqu'il attira doucement Jisung à lui dans un back hug pour le calmer. Le soulagement fut visible dans mes yeux, et c'est ce moment que Changbin décida d'utiliser pour me tirer les vers du nez. Il me prit par le bras et se décala un peu plus loin de notre groupe d'amis.

- Felix désolé pour hier soir, je n'avais pas mon téléphone je l'ai vu bien après-

- T'en fais pas. C'est pas grave.

Je balaya ses excuses d'un fin sourire forcé. Bien sûr que ça n'avait pas été d'une grande aide de ne pas l'avoir au bout du fil, mis je ne voulais pas l'inquiéter. Il devait déjà avoir assez à gérer que de penser encore à moi et à mes problèmes.
Je pensais que maintenant ses excuses passées, nous allions retourner à notre journée normale. Mais je fut surpris lorsqu'il agrippa mon bras pour m'empêcher de me retourner.

- Felix, tu es sûr que tout va bien ?

Son regard ne me disait rien qui vaille. Il faisait toujours attention à moi, beaucoup trop peut-être. Il n'était pas dupe, il savait que c'était bien grave, bien plus que ce que je ne prétendait. Son visage se fit de plus en plus inquiet au fur et à mesure que les secondes s'égrénaient sans réponses de ma part.
Pris d'un élan soudain, il remonta la manche de mon sweat, observant mon bras sous toutes les coutures.
Mon souffle se bloqua dans ma gorge, et je sentis mes yeux se gorger d'eau.

- Changbin.

Il prit bien le temps de finir son analyse avant de redescendre ma manche et de relâcher mon bras. L'étincelle rassuré dans ses yeux me soulagea quelque peu, mais je restais mal à l'aise.

- Je t'ai promis de ne plus le faire, tu me fais si peu confiance ?

Je n'aurais pas dû dire ça. Il était blessé, je le voyais. Je n'aurais pas dû remettre sa confiance en cause, je savais pertinemment qu'il tenait plus à mon bien être qu'à toute autre chose. Je sais que ce n'était pas ce qu'il sous-entendais quand il avait vérifié de ses propres yeux, mais je n'avais pu m'empêcher de le prendre à cœur.
Mon souffle s'emballa et les yeux de Changbin s'ouvrirent en grands.

- Eh, Eh Felix shh respire. Je suis désolé lix, je te crois, je suis désolé.

Il me prit dans ses bras lentement, poussant ma tête contre son épaule. Ma respiration laborieuse se heurta contre le tissu de son propre sweat, alors que mes pensées couraient un marathon dans ma tête. J'étais épuisé de devoir continuellement me battre avec mes idées noires. Ce n'était pas normal d'en avoir autant à mon âge. D'en avoir autant à dix sept ans.

Changbin et moi nous sommes restés dans cette position jusqu'à ce que je me ressaississe, et que mon meilleur ami juge bon que je respire à nouveau de l'air frais. Il se decala un peu, plantant son regard dans le miens.

- Tu sais que je suis toujours là si besoin. Même si je ne peux pas répondre au téléphone. Je ne te laisserais jamais, d'accord ?

Je lui souris doucement. Cette affirmation me réchauffant le cœur, c'était exactement ce que j'avais besoin d'entendre.
J'avais cette maladie, ce syndrome. L'abandonnisme. Ou peur de l'abandon. J'avais peur que ceux que j'aime ne me laisse, peur qui ne cessait de grossir de jour en jour, au fur et à mesure que je m'attachais aux gens qui s'ancraient dans ma vie.

Changbin le savait, et entendre ces promesses me réconfortaient. Au fond de moi je savais qu'un jour ou l'autre cette promesse volerait en éclat, et Anxiété se faisait un immense plaisir de me le rappeler. Mais j'essayais d'y faire abstraction, j'ai arrivais.
Elle ne me pourrirait pas la vie autant qu'elle le voudrait, je m'en suis faite la promesse il y a longtemps déjà.

Lorsque la sonnerie retentit, je me détacha bel et bien de Changbin et le suivit à l'intérieur de l'établissement. J'étais dans sa classe pour le première fois depuis des années, et je devais avouer que c'était ce dont j'avais vraiment besoin, surtout pour cette dernière année avant l'examen final. J'avais besoin de ce soutient journalier, de nos discussions, de ses sourires, de ses rires. J'avais besoin de Changbin à mes côtés pour entamer cette dernière année.

J'étais heureux de me retrouver côte côte avec lui lorsque notre professeur référent commença à nous expliquer l'année à venir. J'avais peur, j'étais effrayé, mais je me gardais bien de le montrer. Je ne voulais pas que les autres me voient bien plus faible que je ne l'étais déjà. Je ne voulais pas être celui qui perdait la face alors que tant de gens se tournaient vers moi pour du soutien dans ce cas. Certes j'avais réussi avec brio les épreuves anticipées de l'examen, mis il n'en restait pas moins que derrière mes grands airs serein j'avais passé des nuits à pleurer d'angoisse.

Il fallait savoir que j'étais populaire. Pas le genre beau gosse avec les filles à ses pieds qui pleuraient pour être invitées à ses fêtes.
Non.
J'étais le genre qui expliquait les cours, passaient ses réponses, et réconfortaient après une mauvaise note. J'étais cette personne à écouter les baisses de morales de chacun et à les aider à aller mieux. C'était si ironique. Était-ce un signe de la vie pour me montrer que pour les autres tout irait mieux, mais que moi je n'avais pas le droit à ce repos ?

Je n'avais jamais faillit à ce poste, parce que je ne voulais pas que d'autre souffre de la même façon que moi je souffre. Seulement c'est si dur d'aider les autres quand on est soit même entrain de sombrer. On dit souvent que c'est plus simple de réconforter une personne anxieuse quand on l'est nous-mêmes, parce qu'on sait ce que c'est, ce que l'on aimerait entendre dans ces moments là. Mais c'est tout un ramassis de connerie. On est aussi impuissant dans ces moments là que dans nos propres crises. On se sent aussi stupide qu'à la place de la victime.

Cette année encore, j'allais devoir prendre ce rôle d'intello.
Ce rôle de grand frère.

Cette année encore j'allais devoir aider les autres aux détriment de moi-même pour me persuader que je ne suis pas une mauvaise personne, au fond, qui ne pense qu'à ma petite vie.

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17/09/23
1224 mots
Soso-

Oui Anxiété est devenue une personne à qui felix parle, oui oui.

𝐀𝐧𝐱𝐢𝐞𝐭𝐲 - 🌼 ...;; 𝙷𝚢𝚞𝚗𝙻𝚒𝚡 [EN COURS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant