Succubus

Albert

Albert avait été le premier homme, ou plutôt, jeune homme, qu'Alice avait accueilli dans son lit. Elle venait tout juste d'avoir dix-huit ans. En réalité, c'était même sa fête d'anniversaire. Elle avait déjà embrassé Albert, évidemment. Plusieurs fois, très souvent. Lui était plutôt insistant pour qu'ils passent à l'étape suivante : le sexe. À force d'en entendre parler, Alice avait cédé.

- Quand j'aurais dix-huit ans, avait-elle dit.

Albert avait souri comme jamais il ne l'avait fait. Il comptait presque les jours. Il allait enfin avoir ce qu'il voulait. Il avait tout prévu dans sa tête : des bougies, des pétales de rose... Il voulait que tout soit parfait pour leur première fois, il voulait que ce soit romantique. Son plan, cependant, tomba un peu à l'eau quand Alice lui parla d'organiser une grande soirée pour son anniversaire.

- Mais alors... Comment on va faire ? avait-il demandé.

- Comment ça ?

- Pour notre moment... D'intimité ?

Elle avait souri faiblement, elle n'avait pas oublié, ni prévu cette soirée pour échapper à ce moment, mais une partie d'elle était effrayée. Si ça faisait aussi mal que beaucoup le disaient, elle ne savait pas si elle était prête. Mais elle voulait essayer.

- On trouvera bien un moyen, avait-elle rassuré son petit ami.

Il avait retrouvé le sourire et, le jour venu, ils avaient trouvé un moyen.

Alice se déshabilla, nerveuse. Elle avait bien veillé à fermer la porte de sa chambre. Pourtant, maintenant qu'elle était en sous-vêtements, elle ne put s'empêcher de vérifier une énième fois que la porte était bien fermée à clé.

- De quoi as-tu si peur ? demanda Albert.

- Je n'ai pas envie qu'une de mes amies nous surprenne.

Lui était assis sur le lit, en caleçon. Aucun des deux n'osait retirer le peu de vêtements qu'il leur restait. Malgré son insistance, Albert était tout aussi nerveux qu'Alice. Il avait déjà touché la jeune femme. Mais toujours par-dessus les vêtements, elle avait bien insisté là-dessus. C'était donc la première fois qu'il allait aussi loin avec elle, ou avec n'importe quelle fille d'ailleurs.

- Ça va ?

- Oui, et toi ?

- Très bien, répondit-il.

Elle se pencha pour l'embrasser et, passé ce moment, leurs dernières barrières sautèrent. leurs sous-vêtements finirent à même le sol et les deux jeunes gens, sur le lit. Leurs baisers devinrent plus passionnés, plus fougueux. La main d'Albert descendit jusqu'à se perdre dans l'intimité d'Alice. Elle eut un gémissement, suivi de près par une mine gênée. Si elle s'était déjà touchée, elle trouvait la chose différente lorsque c'était fait par quelqu'un d'autre. Par quelqu'un qu'elle aimait. Elle sentit monter en elle ce qu'elle prit pour du désir et accueillit avec plaisir les doigts de son petit ami. Lorsqu'il lui proposa d'aller plus loin, elle n'eut pas peur.

- Tu es prête ? insista-t-il.

Elle acquiesça silencieusement avant de s'installer à califourchon sur lui. On lui avait maintes fois répété que la première fois était douloureuse, elle voulait contrôler cette douleur et fuir si cela devenait trop dur. Elle avait confiance en Albert pour arrêter si elle le lui demandait. Elle n'avait cependant pas confiance en elle pour le faire. Elle savait qu'elle tairait sa douleur si elle était en dessous, de peur de gâcher le plaisir du jeune homme. Il parut surpris, mais se mit vite à sourire devant ce qu'il prenait pour un élan de confiance en elle.

La nervosité montait en elle, tout comme une vague de chaleur qui lui faisait dire qu'elle allait aimer la suite. Elle décida de faire confiance à son intuition.