Nocturnes - Hogwarts Legacy

Chapitre 12 - Derrière les livres, un escalier

Vesperia Ardlair s'assit à table avec une grimace de douleur. Son dos, ses hanches et ses épaules avaient du mal à se remettre de sa très longue nuit hors des murs du château.

Elle regrettait d'avoir écouté ses amies et de s'être laissé entraîner jusqu'à cette stupide soirée dont elle n'avait même pas vu la piste de danse ! Tout ce dont elle se souvenait était l'extrême fatigue qui l'avait saisie, puis plus rien jusqu'à ce que quelqu'un vienne la secouer par l'épaule, sans ménagement. Comme tous les autres resquilleurs, elle avait alors découvert le piège dans lequel ils étaient tombés, et avait dû regagner Poudlard sous le regard moqueur des septième année qui s'étaient portés volontaires pour les réveiller. Il avait également fallu affronter les questions pressantes de ses pairs, ceux qui n'avaient pas osé s'infiltrer dans la soirée mais qui voulait en connaître les moindres détails. Elle n'avait même pas eu l'occasion d'inventer un mensonge convaincant : plusieurs filles de sixième année s'étaient appliquée à raconter toute la vérité, s'assurant qu'aucun resquilleur ne puisse tirer la moindre gloire de leur stupide tentative d'infiltration. Vesperia se savait bonne pour endurer les moqueries jusqu'à la fin de l'année, ce qui était infiniment plus douloureux que les affreuses courbatures dont elle souffrait. Sa seule consolation était d'admirer les cernes qui creusaient les yeux de tous les élèves plus âgés qu'elle.

Après avoir assisté à un magnifique lever de soleil sur les Highlands, tous les invités s'étaient regroupés sur la piste de danse pour recevoir un mot de remerciement de la part d'un Sebastian Sallow à peine éveillé. Puis la retraite stratégique jusqu'aux dortoirs avaient été organisée sans perdre de temps. Les groupes s'étaient reformés comme à leur arrivée et la clairière s'était rapidement vidée. Seuls les organisateurs, soudés face à la fatigue, s'étaient attardés, se dépêchant de défaire toutes les décorations, d'annuler les enchantements et remettre en boîte tout ce qui ne pouvait pas disparaître d'un coup de baguette. Ils avaient également profité une dernière fois de la tente installée par Poppy pour faire un brin de toilette, défaire les coiffures élaborées et se couvrir avec leur cape d'uniforme afin de cacher leur tenue de soirée. Si aucun professeur ne pouvait les punir d'être sortis trop tôt de leurs dortoirs, mieux valait tout de même être discrets.

Quelques heures plus tard, Poudlard fourmillait de son activité habituelle et il n'y eu que peu d'absences à déplorer en cours. En revanche, l'apathie de plusieurs classes fut rapportée en salle des professeurs. L'on vit aussi de nombreux élèves quitter rapidement les tables du banquet du soir et les salles communes furent laissées aux plus jeunes pour le reste de la soirée tandis que les fêtards, après être resté éveillés pendant près de trente-six heures, disparaissaient enfin sous leur couette.

Le lendemain, les cernes demeuraient, mais l'énergie était revenue. Personne ne manquait dans le cours de Potion de septième année, bien que les bâillements se propagent par vagues, d'une table de préparation à une autre. Intrigué par le phénomène, le professeur Sharp s'abstint néanmoins de faire le moindre commentaire. Il remercia plutôt sa bonne étoile de lui donner un peu de répit puisque Garret semblait souffrir de la même fatigue que tous ses camarades, et cela le rendait agréablement docile. Il n'y aurait pas d'explosion de chaudron aujourd'hui.

— Bien, ce sera tout pour ce cours, lança l'enseignant à la ronde. Étiquetez tous une fiole et remettez-moi un échantillon de votre potion, vous aurez vos notes pour cet exercice en fin de semaine.

Le brouhaha des conversations et des tabourets raclant le sol emplit aussitôt la pièce et chaque étudiant rendit son travail avant d'aller déjeuner.

La tête ailleurs, Ominis emboîta le pas à son meilleur ami, son manuel glissé sous le bras. Depuis qu'il s'était réveillé et que son corps avait purgé l'excès de fatigue et d'alcool, il repensait sans cesse à ce qu'il s'était passé durant la soirée. Il repensait aux tristes révélations de Gabrielle à propos de l'avenir que ses parents lui préparaient, il repensait à sa promesse donnée sous l'effet de l'ivresse, il repensait aux valses, aux rires et aux conversations. Et au milieu de ce tourbillon de réflexions, revenait sans cesse le souvenir de ses mains effleurant le dos de la jeune fille. Il avait beau chasser la sensation, elle revenait avec insistance et il frottait alors le bout de ses doigts contre sa paume dans l'espoir de la faire disparaître.