Chapitre 6

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Les deux amis se réveillèrent dans une pièce qu'ils ne connaissaient pas. Les murs étaient d'un gris bleuté, humides et peu attrayants. Deux personnes se trouvaient là.

Parmi eux, la soldate à lunettes qu'ils avaient vue plus tôt.

Daizen tourna la tête, et aperçut également, non loin, l'homme qui leur avait fait tant de mal. Ses cheveux étaient d'un roux foncé, faisant ressortir ses yeux bleu sombre. L'inconnu était vêtu d'un manteau de cuir long, ainsi que d'un jean bleu électrique décoré de chaînes, autour de la taille.

Meiya mit plus de temps à analyser la situation. Un étrange frisson la traversa lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec son agresseur. C'était celui qui avait tué son "Identité". Elle ne l'avait jamais vu, mais le ressentait.

- Je vois que vous êtes réveillés ! lança-t-il en s'approchant des deux camarades avant de fixer la magicienne dans les yeux. Tu me reconnais ? J'ai rencontré ton clone, là, mais te voir en personne, j'avoue que c'est une grande première ! J'espère que mon accueil te plaît !

D'accord, il était cinglé. Voilà la première pensée de Meiya devant ce discours.

Elle le toisa quelques instants, avant de soupirer.

- Faut être vraiment débile pour s'en prendre à une de mes Identités... marmonna-t-elle. Si t'avais rien fait, je t'aurais laissée tranquille, je serais même pas venue ! Cette fille que tu as tuée n'a rien demandé.

Le roux s'approcha d'elle, et la regarda longuement, un rictus aux lèvres.

- C'est justement ce que je cherchais, avoua-t-il. Que tu vienne. Je souhaiterais que nous ayons une... petite discussion.

Le regard de Meiya devint très froid.

- Pas envie de parler à un meurtrier, rétorqua-t-elle.

- Je me force bien à discuter avec une traîtresse ! lança l'autre.

Daizen observait cette altercation, n'y comprenant rien. Ce dont il ne se doutait pas, c'est que sa camarade n'était pas beaucoup plus informée.

- Tu te rappelles de ce jour, il y a 32 ans ? reprit leur assaillant. Quand tu es intervenue ici, pour mettre fin à la bataille du Pont de Lave ? Les gens t'adulaient, te voyaient comme leur sauveuse ! Mais toi, tu nous a délaissés ! Tu as quitté ce monde, ne laissant derrière toi qu'un petit orbe de magie, déposé par accident ! Après tout, la guerre étant réglée, il n'y avait plus de problème, n'est-ce pas ?!

Meiya tentait de se souvenir, en vain. Ce combat, elle ne pouvait l'oublier. Elle l'avait mené après avoir dû laisser l'homme à qui elle tenait le plus, en dehors de sa famille.

Mais celui qui se trouvait devant lui ne lui rappelait aucun souvenir.

Daizen sursauta en entendant ce récit.

- Attends, Meiya, tu as plus de 20 ans ?! s'étonna-t-il, ahuri.

La jeune femme souffla, mécontente qu'on ne comprenne son secret.

- Plus de 20 ans ?! hurla l'individu en colère devant elle. Elle a quelques siècles !!!

Le vampire regarda son amie, qui lui semblant si jeune, d'un regard ahuri.

- Je vieillis dans les temporalités des mondes où je me rends... marmonna-t-elle. Mais mon pouvoir conserve mon physique.

Le kidnappeur leva les yeux au ciel, avant de les poser de nouveau sur elle.

- Comme tu n'as pas l'air de me reconnaitre, je suis Nytro, annonça-t-il. Quand tu es venue, je n'étais qu'un gamin. Tu te rappelles encore des pouvoirs de ce monde ?

Meiya souffla.

- Vous maîtrisez la température des choses, principalement la chaleur, ayant chacun une sorte de flamme en vous... récita-t-elle d'un ton blasé. Les seuils d'intensité varient selon l'individu. J'ai bon ?

- Exact, confirma-t-il. Dans ma famille, ce pouvoir a toujours été très élevé, consumant notre être et nos nerfs. Il y a 32 ans, je t'ai aperçue par hasard, quand tu quittais ce monde. Je ne t'avais vue qu'un peu, sur la place publique, lorsque tu as proclamé la paix... Et puis j'ai trouvé, après ton départ, un drôle d'orbe, là où ton portail s'était refermé. J'ai voulu le toucher, par curiosité, mais sa force me faisait trembler, et brûlait ma main. Toutefois, quand je restais tout près, sa douce chaleur me rassurait, contrastant avec l'essence de ma force. J'ai vécu ainsi, consumé par moi-même, ne trouvant de repos que près de ce fragment de ta magie. Je sentais qu'en le prenant, tout irait mieux. Mais je n'en avais pas la possibilité !

La voix de Nytro tremblait, des sentiments enfouis au fond de son coeur depuis longtemps remontaient en lui.

- Je t'ai appelée ! reprit-il d'un ton qui laissait transparaître son incompréhension. J'ai supplié, espéré ton retour ! Tu as su mettre fin à cette bataille, tu aurais pu calmer mon tourment ! Mais jamais ton regard ne se serait posé sur un enfant comme moi. Avec mon pouvoir, j'étais destiné à prendre la tête de ce monde, et toi, tu ne comptais pas revenir. Alors....

Le trentenaire attrapa brutalement le menton de Meiya, la forçant à le regarder dans les yeux.

- J'ai décidé de te donner une bonne raison de faire ton grand retour ! lança-t-il. Je suis devenu le plus fort ici, et toi, tu ne te soucies pas de mon intérêt.... Les autres habitants de ce monde ne m'aideront pas. Ils se fichent de moi, tout comme ils se fichent de tout. Ils ne sont que des pantins. Dans ma jeunesse, j'espérais que tu m'aides, que tu deviennes, toi, Meiya, la cheffe de ce monde ! Mais finalement... Pourquoi te donner un droit qui pourrait être le mien ? Je récupérerai ton pouvoir, je te forcerai à me le donner ! Et enfin, je n'aurai plus de problème....

Une aura de magie entoura la voyageuse, forçant Nytro à retirer rapidement sa main meurtrie.

La magicienne esquissa un sourire, alors que le tyran se reculait.

- Gardes ! hurla-t-il. Saisissez les, et conduisez-les aux cachots !

Des dizaines de soldats furent leur apparition.

Nytro pointa du doigt les deux camarades. Une chaleur immense envahit la salle. Son pouvoir était des plus terribles, il ne le maîtrisait pas pleinement lui-même.

En peu de temps, les deux voyageurs s'évanouirent, n'ayant pas, contrairement aux locaux, le physique adapté pour résister à un tel supplice.

Les légendes de Meiya : la voyageuse des mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant