III - THEIR LIVES - PAVOT

Chapitre 01 - Mia et Léon

Le car roula longuement, l'emmenant loin de l'East Highland. Loin de cette vie, qu'il était désormais forcé d'abandonner. Rien ne pourrait un jour le ramener ; son existence ne tournerait plus jamais autour de l'endroit où il avait grandi. Où il avait souffert. Où il avait aimé.

Oui, là-bas, Fezco avait tant aimé, sans qu'il ne s'en rende compte avant de monter dans cet autobus rempli d'autres prisonniers, comme lui. Il avait aimé sa famille, ses amis et Lexi Howard. Il se savait chanceux, d'autant plus que désormais, de longues années loin du monde l'attendaient. Il s'était rendu, il avait joué le jeu des fédéraux tout comme des trafiquants, pour sauver sa peau. Pour respirer encore un peu. Pour faire ce qu'Ash ne pourrait plus jamais faire : vivre.

Il n'avait jamais souhaité se laisser couler, peu importe l'époque de sa vie. Peu importe son âge, ou la situation dans laquelle notre rouquin s'était trouvé. Faire face avait été son mantra, son leitmotiv. Maintenir sa famille en vie aussi longtemps que possible également.

Malheureusement, il avait perdu tout ce qui donnait un sens à sa vie. Son frère était mort. Sa grand-mère tout autant. Lexi avait fait le choix de rompre, pour les protéger tous les deux. Sa mère l'avait abandonné, une nuit, des années auparavant. Son père croupissait, quelque part en prison, avec un de ses oncles. Les deux autres étaient morts.

Sa vie avait été pavée de sang et de blessures. Il n'avait jamais été épargné.

Assis dans le véhicule commun, des menottes aux mains, il savait pertinemment que rien ne changerait. Qu'il lutterait pour sa survie, à nouveau, mais ailleurs. Lui et ses futurs compagnons de cellules arriveraient à bon port d'ici quelques heures et il devrait faire face à un nouvel environnement.

Alors, en attendant, il profitait une dernière fois des paysages, du ciel à l'extérieur. Il jouit du temps offert par cette route, cette ligne droite de bitume, pour rêver une ultime fois.

Rêver, cela au moins, ne lui serait jamais interdit.

Il imagina cette vie, si celle-ci avait été plus clémente. Plus douce. S'il avait pu faire d'autres choix. Choisir une autre existence. Qu'aurait-il fait ? Qui aurait-il voulu devenir ?

Qui aurait-il aimé ?

Et si... ?

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Fezco O'Neill n'avait jamais été un garçon méchant, vraiment. Ce n'était pas son truc d'être désobéissant, malhonnête ou même insultant. Il était d'un naturel calme, timide également, pour ainsi dire qu'il ne parlait que très peu.

Il était né dans un foyer malsain, toxique. Un père dealer. Des oncles dangereux. Une enfance traversée d'abus intrafamiliaux qui remontaient aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, sur lui autant que sur sa mère. Dans les premières années de sa vie, ce fut l'aide sociale à l'enfance qui le sauva, sans qu'il n'en ait réellement conscience. Il ne pouvait louper l'école sans qu'aucun adulte ne s'en rende compte. Il ne pouvait également pas cacher les bleus qui se formaient sur ses bras et ses jambes, distribués gracieusement par son paternel.