8. Son sourire

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Pdv Katsuki


Depuis six mois maintenant, Eiji ne jure que par moi, ne veut même pas voir sa famille ou nos amis. La seule personne qu'il tolère, c'est le psy. 

Je devrais dire tolérais, parce que ça y est, je sens qu'il est sur le point d'avoir ce fameux déclic dont on parle depuis quelques semaines.


Déjà, ça fait un bon mois qu'il parle directement au téléphone avec ses proches, c'est énorme, pour lui comme pour eux. 

J'avais ses parents deux ou trois fois par semaine et systématiquement, je tentais de lui filer le téléphone, mais il me faisait signe de la tête avec les larmes aux yeux.


Là, il commence même à dire qu'il pourra les inviter bientôt, qu'il se sent enfin prêt à supporter les regards sur lui. Le truc, c'est que ça ne me suffit pas, il ne devrait pas dire "supporter", parce qu'il n'y a rien dans le regard des autres qui a changé. 

Il n'y a que la presse qui a donné une sale image de lui et seuls les connards crédules ont continué à le penser depuis qu'il est revenu.


Du coup, j'en ai eu marre de ça et j'ai demandé à Endeavor d'intervenir. Il a ordonné à notre service communication de faire un montage de toutes les images de Red Riot, puis un second avec celles de Blood Riot.

 Il y a une voix off qui explique l'alter de Ningyōtsukai et qui commente les images en disant "regardez, il ne fait de mal à personne", puis il y a, tout à la fin, quelques témoignages du site de soutien qui sont lus.


Tous ceux qui ont craché sur Red Riot en l'appelant Blood Riot, que ce soit à la télé, la radio, sur les réseaux ou sur papier, ont reçu cette vidéo. 

Elle est accompagnée d'un petit mot de la part du numéro 1 qui dit qu'il mérite des excuses et qu'il doit pouvoir revenir sur le terrain avec l'image qu'il avait avant toute cette histoire.


Certains en ont profité pour interviewer les anciens élèves de la classe A, mais ils se sont fait un malin plaisir d'en rajouter une grosse couche et passer un message directement à Eiji. 

J'ai tout récupéré, même si beaucoup de séquences tournent encore à la télé et sur le net, et maintenant, c'est le moment de montrer ça au principal intéressé.


Katsuki : Installe-toi, y'en a pour un moment


Eijiro : Tu fais flipper


Katsuki : Ah oui ? Bah tu vas voir, y'a vraiment pas de quoi


Il me voit poser l'ordi sur la table basse et pète définitivement de trouille.


Katsuki : Je n'ai ouvert que ce qui te concerne et que tu dois voir, t'en fais pas. On va commencer par une petite sélection faite par Mina des soutiens que tu reçois tous les jours. Les gens en postent encore et ils demandent quand est-ce que Red Riot va faire son grand retour


Je lui ouvre la page, il passe un long moment à lire, voire relire certains témoignages. Il a l'air ému, il sourit, juste un peu. 

Je crois que c'est ce qui me manque le plus, son sourire, même si j'arrive à obtenir de petits rictus depuis quelque temps. 

Son rire aussi, putain que ça me manque de taper des barres avec lui, de l'entendre dire des conneries plus grosses que lui.


Katsuki : Ce n'est pas fini, maintenant, t'as plusieurs vidéos à regarder, que je t'ai mises à la suite. C'est ce qui tourne en boucle partout depuis deux semaines maintenant


Eijiro : Je suis pas sûr d'y arriver


Katsuki : De ?


Eijiro : Redevenir un héros


Katsuki : D'où "redevenir" ?!? Tu n'as jamais cessé d'en être un. Regarde ça et on en reparle


Je lance la vidéo, il fixe l'écran sans rien dire, sans bouger d'un cil et ce tout le long, jusqu'à ce qu'elle se termine et qu'il se tourne vers moi. 

Ses yeux se noient dans les larmes qu'il retient, alors je lui ouvre les bras pour qu'il puisse les laisser couler. C'est comme ça depuis six mois, soit il se cache pour pleurer, soit il se blottit contre moi.


Katsuki : Tu vois, Red Riot est toujours présent dans la tête des gens et Blood Riot n'a jamais existé, ils le disent tous


De longues minutes sont passées avant qu'il ne se calme. Ensuite, nous avons énormément discuté. Il se sent totalement prêt à sortir, revoir du monde et surtout, à reprendre le travail. 

Évidemment, il va passer quelques semaines uniquement dans les bureaux, le temps de se réacclimater, mais ensuite, il reviendra en patrouille, puis en mission.


Bonus non négligeable qui a découlé de cette étape enfin franchie, il m'a souri de toutes ses dents, comme avant. J'étais tellement heureux que j'ai bien failli craquer et l'embrasser, mais j'ai un projet en tête, alors je me suis retenu.


J'ai hâte d'y être, même si prendre soin de lui, n'être que tous les deux, je commençais à y prendre goût. Je pense que mon côté attentionné et câlin a pop parce qu'il en avait besoin, certes, mais je sens que ça va rester, même s'il va mieux. 

Mes paroles et mes gestes sont devenus trop naturels pour que ça disparaisse.


En plus de ça, je sais qu'une fois remis sur pied, Eiji continuera à en être demandeur, ça par contre, c'était déjà en lui avant toute cette histoire. 

Je n'avais pas compris, je le pensais juste particulièrement tactile et câlin avec ses amis, je le voyais faire avec Denki ou encore Mina. 

Ce que je ne savais pas c'est qu'il se forçait un peu pour me cacher que ce n'était qu'avec moi qu'il avait envie d'être comme ça.


Là, je vais lancer quelques invitations, puis prévoir des sorties aussi. J'espère que très vite, j'en viendrais à penser que la page peut définitivement se tourner et enfin pouvoir répondre à sa lettre comme il se doit.

My fucking Riot [BakuKiri]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant