Inconnu

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Il courrait dans un beau jardin, riant, en bousculant Reg, son petit frère. Ils semblaient vouloir s'échapper, poursuivis par une minuscule ombre. Il tourna la tête vers la forme noire de la taille d'un enfant, sans visage. Un aboiement au loin, rauque, légèrement furieux le réveilla d'un coup.

Sirius Black poussa un long soupir. Il se redressa sur ses quatre pattes, puis s'étira comme n'importe quel chien le ferait avec un petit gémissement, sentant les puces sur son dos. Il allait devoir se baigner un coup pour s'en débarrasser, mais il avait encore un long chemin à faire, en plus d'un détour.

Il ferait même un petit passage rapide devant la maison, juste par curiosité. C'était stupide et dangereux mais Sirius voulait quand même la revoir. Il ne savait pas pourquoi. Il en avait juste envie... besoin... avant de se lancer dans sa vengeance et un futur très incertain.

Il trottina sur le chemin en terre, sous la forme d'un chien, avec plein d'images dans la tête et souvent le souvenir d'une odeur dont il cherchait en vain de se rappeler à qui elle appartenait. Ou alors c'était juste ces grillades de ce barbecue, dans un jolie lotissement, pour un déjeuner entre voisins. Sirius s'y faufila, s'approchant surtout des enfants, faisant le chien de cirque pour ne pas les effrayer. Cela fonctionna à merveille : il eut de la saucisse de la part des enfants mais aussi des parents. Il se sentait incroyablement heureux, si loin de sa prison.

Il s'était réveillé dans le silence et le froid, le bras gauche douloureux, la tête brûlante. Il se força à escalader la fosse et se leva en chancelant, tenant son bras meurtri contre son torse. Il souffla en s'avançant dans le noir total, marchant pieds nus sur la pierre froide puis gravit un escalier, tremblant à cause de l'effort. Il semblait très bien connaître le chemin. Le corps maigre, il réussit à monter encore un escalier étroit puis pousser une porte en bois et se retrouva dans une cuisine de pierre en sous sol, sans lumière. Il s'approcha de l'immense cheminée plein d'espoir. Il avait si froid. Il se mit à genoux devant, claquant des dents, épuisé. Il voulait juste se réchauffer un peu, mais sa longue ascension l'avait vidé de toute énergie et alors il se mit en boule dans la cendre et la poussière devant la cheminée. D'un coup une flamme éclata dans l'âtre alors qu'il fermait les yeux. Il n'entendit pas le cri surpris de la petite et vieille créature.

Cette dernière observait le garçon de pas plus dix ans, frêle dans des haillons, en boule très proche du feu, au risque de se brûler. Les cheveux gras, emmêlés et sale ressemblaient à un tas de charbon. La peau jaunâtre et maladive indiquait clairement l'état de cet enfant. La créature vêtue seulement d'un torchon s'approcha avec prudence et fixa le visage pâle de l'inconnu qui dormait en serrant les dents devant la cheminée, la cheminée de la noble maison de la famille qu'elle servait depuis presque un siècle. Il fallait prévenir la maîtresse.

Elle ne l'avait pas revu depuis des années, depuis son mariage et fut donc très surprise d'être emmené sans un mot par lui.

- Comment oses-tu elfe !? Cria-t-elle dans ce couloir sombre dont des lampes à pétrole illuminaient difficilement.

Elle se calma immédiatement en reconnaissant malgré la poussière et les toiles d'araignée le hall. Elle en resta bouche bée puis sentit une légère tristesse. Enfant, elle était souvent venue ici. Des images de ses sœurs, de ses parents, de ses cousins, de son oncle et sa tante, lui revenaient et son cœur battait fort. Tout était semblable et pourtant si différent. Elle baissa les yeux sur l'elfe de maison et d'une voix tremblante et émue, elle demanda :

- Pourquoi m'as tu emmené ici ? Est-ce... Sirius qui t'envoie ?

Il y avait de l'espoir. Elle voulait revivre même un instant l'enfance perdue, entendre à nouveau leurs voix... Mais tout était silencieux dans la maison comme dans un tombeau.

- Il est... remonté, dit alors l'elfe.

Elle cligna des yeux.

- Qui ? Sirius ? Demanda-t-elle.

- Kreattur n'a pas le droit de le nommer... Kreattur obéit à sa maîtresse, répondit la créature en montrant alors un tableau.

Elle fronça des sourcils. Elle observa le tableau, celui d'un portrait d'une femme brune, le menton haut, ses yeux sombres, gris la fixant. Elle se souvenait d'une tante qui s'était transformé en femme revêche, froide et sévère à mesure que son fils aîné avait commencé à faire preuve de rébellion. C'était plus de trente ans en arrière. Elle avait encore quelques souvenirs d'une tante souriante et fière, mais cela semblait être si lointain.

- Narcissa, dit alors le portrait, prend le avec toi. Il est souffrant après tout ce temps. Il a notre sang en lui. Il... Je ne sais comment mais il a survécu... Il est revenu... C'est un signe. Élève le comme ton propre enfant... et... et pardonnez nous...

Narcissa était surprise. Le portrait de sa tante qui demandait « pardon » ? Elle n'avait jamais vu un membre de sa famille faire ça. Jamais. Les mots n'étaient pas une spécialité de la famille. Elle hocha de la tête lentement, encore perturbée par cette demande.

- Je te suis, dit-elle à Kreattur.

Il s'inclina et se dirigea vers une porte noire, après l'escalier.

- Je te pensais mort, dit Narcissa en le suivant dans l'escalier.

Kreattur eut un petit tremblement mais resta silencieux. Il tendit son doigt vers la forme allongée devant la cheminée. C'était un enfant. Narcissa ne douta pas beaucoup sur son lien de filiation avec sa famille paternelle. Il était brun, le visage maigre mais dur. Elle s'approcha et l'observa. Il dormait en serrant les dents. Elle remarqua la blessure au bras. Une bête l'avait mordu. Un chien ? Ou... pire... un loup-garou ? Elle espérait que ce n'était pas la seconde hypothèse. Elle se tourna vers l'elfe, vieux mais pas encore sénile.

- Ramène-nous chez moi, ordonna-t-elle. Et avec douceur. Cet enfant est blessé et malade.

L'elfe s'inclina avec respect, preuve qu'il la considérait encore un peu de la famille. Narcissa pensa à lui offrir une place au sein de son foyer mais vu la tête de son époux quand elle rentra avec dans ses bras le garçon bien trop léger, elle préféra renvoyer Kreattur à sa solitude.

- Qu'est-ce que tu ramènes ? Demanda le mari avec une moue de dégoût.

- Un Black, répondit Narcissa.

- Un... Black ? Répéta confus l'époux. Comment ça ? Le fils de qui ? De ton cousin ?

- Je ne sais pas, avoua Narcissa.

- Tu ne trouves pas ça étrange et bien curieux que le lendemain de l'évasion de ton cousin, ce pitoyable Sirius, tu découvre un... Black ? Et... tu en es sûre ? Il te l'a dit ?

- Non, mais il ressemble bien trop à mes cousins pour douter. Appelles ton ami potioniste. Il a une blessure grave au bras. Je l'installe dans la chambre en face de la notre.

- Tu... Hmm... Très bien. Après tout, ça pourrait servir plus tard si ce qu'on raconte sur ton cousin est vrai et qu'il a vraiment trahi ses amis Potter. S'il est un Mangemort, Black sera content de voir qu'on a aidé un membre de sa famille. Et si en plus, il était vraiment un espion proche du Seigneur des Ténèbres... oui... Il nous sera redevable...

- Merci, Lucius, murmura Narcissa, en roulant des yeux.

Elle n'allait pas dire que c'était le portrait de sa tante décédée qui lui en avait fait la demande. Il valait mieux laisser son mari se faire des idées et trouver ce qui l'arrangeait alors.

- Je vais le porter, dit Lucius. Il doit avoir... douze ou treize ans, non ? Pour être son fils ?

- Il ne semble pas avoir plus de dix ans, remarqua Narcissa.

- Il est malade, c'est sûrement pour ça.

Elle hocha de la tête en confiant le garçon à Lucius. Elle allait bientôt savoir qui était cet inconnu, sorti des sombres secrets de sa famille.

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Un rapide petit chapitre. Sachez que cette histoire est écrite en freelance sans aucun plan ! Juste une idée floue d'un scénario. J'ai surtout une bonne image des personnages et de leurs caractéristiques. Rien de plus. Je ne sais donc pas du tout où je vais et comment finira cette histoire !!

Le dernier Où les histoires vivent. Découvrez maintenant