ÊTES-VOUS EN DÉPRESSION OU SIMPLEMENT TROP CON, MONSIEUR WANG ?

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JAY 

     Pathétique.

 Nul à chier.

 Petite merde...

 Je repense à la conversation que j'ai eue avec Inès. Surtout au fait qu'elle me demande de garder notre passé commun au placard et lui foutre la paix.

 J'enfile les bières, les unes après les autres, pour oublier les yeux lumineux de cette fille qui s'éteignent chaque fois qu'ils croisent les miens.

 Je bois également parce que je devrai bientôt tirer ma révérence de l'Académie, étant donné que je n'ai pas de partenaire pour le duo.

 Je bois parce que mon père va être satisfait que je reprenne le flambeau de son commerce, comme il l'a toujours souhaité. Je bois aussi parce que je dois me taper Friends en ce moment.

 Tout ça pendant que les deux tourtereaux enlacés se regardent beaucoup plus dans le blanc des yeux, qu'ils ne s'intéressent au sitcom. Christian se détache de Coline et me regarde, l'air agacé.

 — Tu pourrais ralentir sur l'alcool, mec.

 — Je fête ma liberté en attendant de retourner en prison... Plus rien à foutre d'Itescu, je marmonne. J'abandonne le duo et je crois même que je vais abandonner mes cours à l'Académie.

 — Quoi ?! Pourquoi ?!

 — Il reste deux semaines avant qu'on me foute à la porte de l'Académie. J'ai échoué à convaincre la fille de faire le duo avec moi. Je n'ai pas non plus envie de me battre pour le faire... Parce que je ne mérite pas son pardon et elle a raison de me détester.

 — Pourquoi t'a besoin qu'elle te pardonne ? Et pourquoi elle te déteste ? Elle ne te connait même pas...

 J'ignore ses questions parce qu'Inès m'a dit de fermer ma putain de gueule et parce que je lui dois au moins ça. À la place, je décapsule une autre bière et j'en avale la moitié d'un seul coup. Au bout d'un moment, Christian nous annonce qu'il se rend au petit coin.

 Je ricane tout seul parce que j'ai cherché à lui donner un coup de pied au passage et qu'il a réussi à m'éviter. Mon ami lance un regard de biais bourré de sous-entendus à sa copine avec qui il me laisse seul.

Oh, oh...

 Le haut de mon corps est sur le divan, tandis que le bas touche presque le sol. Je n'ai plus de réflexe, ni de tonus et je suis visiblement éméché. Je me redresse péniblement et puis, même si ce n'est pas une bonne idée, j'ouvre une nouvelle bière. Dans un grand mouvement circulaire, j'en renverse en partie sur le sol.

 — Oups, rigolé-je en voyant la flaque s'étendre jusqu'au tapis.

 J'enlève mon tee-shirt pour éponger le plus gros et le jette dans mon sac avec mes fringues propres.

 — T'es désespérant, Jay. Je suis pas ta mère, mais, parfois, on dirait que c'est le cas, gronde Coline en prenant brusquement mon sac pour aller démarrer une machine avec son contenu.

 Je sais que Christian veut qu'elle me parle. C'est évident qu'il nous a laissé seuls pour cette raison. Maintenant, je bois parce que je vais avoir droit à la psychanalyse de Coline.

 Quand elle revient s'asseoir, la copine de mon ami se tait de longues minutes, ce que je trouve insupportable parce que je sais qu'elle réfléchit à ce qu'elle va me dire. Et aussi, de quelle manière elle va tenter de faire passer son message.

 Je la connais, tout comme elle me connaît. Elle sait que je suis normalement à prendre avec des pincettes.

 Mais pas ce soir.

BULLY IN LOVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant