SE RECONSTRUIRE, UNE BONNE ACTION À LA FOIS

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JAY

 Ma rencontre avec monsieur B et la directrice a été satisfaisante. Leurs objectifs sont réalistes et les attentes raisonnables. Et la bonne nouvelle, c'est qu'il n'est pas trop tard pour se mettre au boulot.

 De son côté, Inès s'est montrée plutôt touchante en cherchant à contrôler mon emploi du temps. Je ne sais pas comment elle l'a su, mais quand elle a réalisé que je glandais à la cafétéria au lieu d'aller à mon cours de composition, elle s'est plantée devant moi, les poings sur les hanches, pour me faire un sermon et m'entraîner de force en cours.

 — À partir de maintenant, je vais te suivre comme ton ombre, Wang ! Plus question de manquer un seul cours et de donner une bonne raison au Comité de te renvoyer ! Tu arrives à l'heure, tu fais tous tes travaux et tu écoutes attentivement. Compris ?

 — Oui, Madame !

    Que voulez-vous répondre à ça ?

     Bien sûr, j'ai eu envie de récidiver au cours suivant, rien que pour la tester, mais à la dernière minute, je me suis abstenu et le prof de littérature est resté bouche bée de me voir si ponctuel et calme.

     Il n'y a qu'avec monsieur B que ça s'est gâté. Heureusement qu'il n'est pas rancunier...

 — Maintenant, que j'ai réussi à la convaincre de faire le duo avec moi, est-ce que je vais enfin avoir droit à un répertoire ? J'en ai assez de jouer ces exercices à la con.

 — Patience ! Patience, mon jeune ami. Vivez le moment présent, un objectif à la fois. On avait dit 160 BPM (1) et vous êtes encore loin du compte.

 — Putain, de merde ! J'en suis à 140 !

 — Tut ! Tut ! Retirez ces gros mots de votre vocabulaire. En attendant, ressortez donc vos anciennes partitions si vous vous ennuyez. Peaufinez-les, mettez-y de la maturité et de l'émotion que Diable !

 — Ouais, je vais faire ça, je dis en rongeant mon frein. On se rejoint au studio de danse.

 On se sépare et je pars retrouver Inès dans le local que nous partageons. Depuis notre conversation concernant Emma, on peut dire que je marche sur des œufs avec elle. Je l'observe à son insu et remarque qu'elle semble tendue et irritée en regardant son écran. J'hésite à l'aborder pour lui demander ce qui ne va pas, de peur de réveiller le même dragon qui a craché ses flammes après ma bourde avec sa petite sœur.

 — Bonjour mes jeunes amis ! s'exclame le professeur en entrant dans la petite salle tout juste après moi. J'espère que vous êtes en forme, car on va avoir un dur après-midi.

 Je lève les yeux au ciel et je soupire. À chaque fois qu'il ouvre la bouche, on se croirait au jardin d'enfants !

 — Aujourd'hui, ce sera simplement le corps et l'esprit ! J'ai toujours été un adepte de la méthode Dalcroze. Vous allez improviser des mouvements en lien avec la musique, interagir avec votre partenaire, connaître ses limites et les vôtres également.

     Et merde !

 Durant les deux heures qui suivent, Inès et moi ne touchons pas une seule fois à nos instruments. Maintenant, je comprends pourquoi ce vieux fou avait réservé la salle de danse...

 — Tant qu'à y être, faites-moi donc porter un tutu, je gronde.

 — Très bonne idée ! Je penserai à vous en apporter un la prochaine fois, rétorque-t-il sans se laisser impressionner par mes ronchonnements.

 Les mouvements ridicules de danse sur des mélodies barbantes, les jeux d'hypnose, de miroir et de marionnettiste s'enchaînent les uns à la suite des autres. Nous avons dû élaborer des codes visuels pour nous comprendre après qu'on nous ait ordonné d'éviter de parler. Jamais je n'ai autant regardé Inès dans les yeux sans les détourner, jamais je n'ai autant étouffé mon envie de me barrer lorsque j'ai dû créer des mouvements qu'elle devait reproduire en suivant l'amplitude et le rythme. Bref, un putain de calvaire de A à Z...

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 29 ⏰

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