Premières rencontres

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Il sort de sa chambre, toujours en pyjama, et prend à gauche afin de descendre l'escalier. Arrivé en bas il retrouve sa maison d'enfance et son agencement. C'est comme dans mes souvenirs se dit-il. Arrêté sur la dernière marche de l'escalier il se retrouve dans le hall d'entrée avec le salon face à l'escalier derrière des doubles portes vitrées. A droite se trouve deux portes qui mènent l'une vers la chambre de ses parents et l'autre dans une chambre d'amis. Cette chambre d'amis qui était son ancienne chambre quand il était plus petit. La porte d'entrée de la maison est accolée aux escaliers sur la droite. Eric entend à nouveau du bruit qui vient de derrière la porte de gauche, celle de la cuisine. Il pose un pied sur le carrelage qui recouvre tout le rez-de-chaussée de la maison excepté les chambres et se dirige vers la cuisine. Il ouvre la porte et aperçoit sa mère, de dos, qui s'affaire au-dessus de l'évier.

N'ayant pas le choix, Eric se plie à la situation et se risque à parler.

-Bonjour maman.

Elle se retourne, sourie et lui répond doucement :

-Bonjour mon tout petit. Bon anniversaire mon chéri.

Ah oui c'est vrai, Eric se souvient qu'il avait mis dix ans à faire enlever cette manie à sa mère. Il est le dernier enfant de la famille et il a toujours été « le petit dernier ». Il n'a jamais aimé le mot « petit » surtout qu'il n'est pas très grand et en souffre un peu. Pour un premier contact avec sa mère, ça commence bien.

-Tu as bien dormi ?

-oui merci maman et toi ?

-Très bien, merci mon chéri. Tu prends ton petit-déj ?

-Euh...oui.

Eric est perturbé, il ne se souvient plus où sont rangés les bols, les couverts, le chocolat en poudre et les verres. Par sécurité il commence par ouvrir le frigo pour prendre le lait et profiter de voir s'il y a autre chose d'intéressant. Bingo il trouve la confiture. Fort de cette réussite, il tente d'ouvrir des placards au hasard à la recherche du reste. Au premier essai c'est un échec, au deuxième il trouve le chocolat. Le troisième essai lui présente des assiettes et au quatrième il trouve les bols. Sa mère étant concentrée sur son travail, elle ne remarque pas ses tâtonnements. Eric met le lait dans son bol et remercie le ciel qu'il soit tombé sur la période où ils ont un micro-onde, il ne se voyait pas sortir une casserole pour faire chauffer le lait. Après avoir fait griller ses tartines dans le grille-pain heureusement bien visible sur la table de travail, Eric commence son petit-déjeuner, content que ça se soit bien passé. Il ne remarque pas tout de suite l'entrée dans la cuisine de son père.

-Bonjour fiston.

Eric manque de s'étouffer avec sa tartine et se retourne sur son tabouret pour observer le nouvel entrant. Il garde les yeux fixés sur lui pendant ce qu'il semble être des heures, la bouche ouverte. Il n'y croit pas, c'est dément. Son père est mort d'une crise cardiaque l'année où il passait son bac. Cela faisait déjà trop longtemps en arrière. Et là, il est là, face à lui, magnifique dans son costard de travail. Eric sourit bêtement, il ne peut pas s'en empêcher, c'est trop d'émotions. Soudain il se lève et court se blottir dans les bras de son père. « Et bien, qu'est-ce qu'il te prend ? Tout va bien ? » lui demande son père. Mais Eric ne répond pas et profite de chaque seconde collé à son père. Une larme coule paisiblement sur sa joue. Peu importe les apparences et les questionnements de ses parents. Le plus important est cet instant présent. Quel que soit les déboires que cette expérience apportera, Eric s'en fout. Juste pour ce moment précis, il est capable de subir l'équivalent d'une guerre mondiale nucléaire.

Au bout de ce qu'il semble être une éternité, Eric se sépare des bras de son père et se remet au petit déjeuner en faignant l'innocence.

-Bien, dit son père, je suppose que tu as bien dormi. Bon anniversaire Eric.

-En effet, c'est le meilleur matin du monde, merci papa répondit Eric.

-On part à l'école dans une heure Eric, complète sa mère.

Après avoir fini son petit-déj, Eric remonte dans sa chambre et commence à fouiller dans sa commode en quête de vêtements. Il y trouve un seul jean au milieu des bermudas écossais et pantalons de velours. Ça va être compliqué se dit-il si j'en ai qu'un car il est hors de question de remettre du velours ou de l'écossais. Pour le haut, Eric ne trouve que des chemises. Vu la saison, il en prend une à manches longues et unie. Il complète sa tenue avec un pull léger en laine bleu marine. Ceci fait, il se mit à chercher des chaussures sur le sol de sa chambre. Il ne trouve qu'une paire de mocassin noir. Et merde se dit-il, c'est pas possible de retrouver ça ! Fais chier. Après être passé dans la salle de bain, il attrape son cartable et s'apprête à descendre l'escalier lorsque la porte de la chambre de sa sœur Céline s'ouvre.

-Salut p'tit frère, bon anniv'.

-Bonjour Zouzou, merci beaucoup répondit Eric qui se souvint de ce surnom au même moment.

-Bonne journée au collège lui répondit sa sœur.

-Tu vas au lycée en mob' ? demande Eric, sachant que sa sœur a une mobylette, un Ciao rouge précisément. Il le sait car plus tard c'est lui qui le récupèrera et le peindra en noir et argenté.

-Oui comme d'hab'.

-Ok, bonne journée, à ce soir.

Céline a 4 ans de plus de lui et se trouve en première A1 dans le lycée Audiberti de Juan les Pins, la ville voisine d'Antibes où ils habitent. A1 étant l'ancien nom de la filière littéraire. Eric, lui, se trouve dans le collège privé Notre Dame de la Tramontane à Juan les Pins également. Eric descend les escaliers pour rejoindre sa mère et partir au collège.

SECONDE CHANCE : Un homme, deux âges, une vie à refaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant