Destiny - Lando Norris

Chapitre 20

P A R T I E   D E U X :

 L'acceptation.

CAM

Le temps ne guérit pas toutes les blessures. Le temps nous apprend à les accepter, à vivre avec et à en faire une force. Lando est reparti en Europe, mais cette fois tout était différent.

Nos deux corps se sont quittés, mais nos deux cœurs se sont scellés à jamais.

Je ne pourrais pas vraiment l'expliquer, peut-être même qu'il n'y a pas grand-chose à expliquer. Je pense simplement que depuis le début, on était fait pour être ensemble. C'est au-delà d'une simple alchimie, c'est au-delà de l'amour. C'est un besoin, c'est viscéral, c'est puissant. Et bordel, qu'est-ce que c'est bon.

Ma mère est arrivée deux semaines après son départ et je ne croyais pas un jour avoir une discussion comme je l'ai eu avec elle. Jamais je n'avais véritablement parlé avec ma mère, du moins, jamais je n'avais eu l'impression qu'elle s'intéressait véritablement à ce que je lui disais. Mais cette fois aussi, tout était différent. C'est comme si, ce soir-là, elle avait enfin ouvert les yeux sur qui j'étais et ce que j'étais devenue.

J'ai eu l'impression d'être une adolescente de quinze ans qui racontait à sa mère ses déboires au lycée. La réalité est un peu plus difficile à entendre, malheureusement. Et j'ai fini par lui raconter tout ce qu'il s'était passé avec Matt, mais aussi toute ma relation avec Lando.

J'ai pleuré, parfois. Elle aussi a pleuré, souvent.

Et finalement, je crois que ça nous a fait du bien. Ça m'a fait du bien. D'aujourd'hui pouvoir en parler avec ce courage que j'avais perdu, c'est comme si une porte s'ouvrait en face de moi et, qu'enfin, je pouvais respirer de l'air frais. Elle m'a parlé de papa, aussi. Et je crois que ce qui m'a fait le plus mal en fait, c'était pas de parler de tout ce que j'ai subi avec Matt, c'était de parler de lui. Cet homme dont je ne connaissais en réalité pas grand-chose. Et c'est ça, le plus douloureux.

Il est parti comme un inconnu et pourtant, sa mort m'a touché au point que ma vie a perdu toute saveur.

Il y a tant de choses que j'aurais voulu faire avec lui, tant de choses que j'aurais voulu partager. Mais la vie en a décidé autrement. Et si, au départ, je pensais que tout ça était ma faute, maintenant c'est différent. Il était l'adulte et moi l'enfant. Plus que ça, il était mon père et moi sa fille. Alors, aujourd'hui j'ai accepté. J'ai accepté que tout ça aurait pu se passer différemment s'il l'avait décidé. Parce que je me revois encore le jour de mes dix ans, à pleurer toutes les larmes de mon corps parce qu'il n'était pas là.

J'avais besoin d'un père et je ne l'ai jamais eu. J'avais besoin d'un père pour me protéger des hommes comme Matt, mais je ne l'ai jamais eu. Alors, oui, j'accepte.

J'accepte sa mort.

Et je n'en veux pas à ma mère, parce que j'ai compris que toute sa vie avait été guidée par lui. Peut-être qu'elle aussi aurait eu besoin d'un homme qui la protège des hommes comme mon père. Peut-être qu'elle aurait eu une vie différente, peut-être qu'elle aurait été présente pour ses enfants.

Mais si je n'en veux pas à ma mère, je n'en veux pas non plus à mon père. La vie est ainsi et je ne suis pas d'accord quand on dit qu'on peut repartir de zéro. Je pense qu'on peut prendre un nouveau départ, mais on ne peut pas refaire le passé. Alors on s'accroche, on se bat.