Chapitre 2 : Quand faut y aller...

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— Debouuuuuuuut Sunshine !

— Mmmh.

J'ouvre un œil. Il fait jour, mais j'ai le ressenti d'avoir dormi à peine 5 minutes. Je referme prudemment mon œil.

— Allez, tu m'as promis qu'on irait courir, Cal.

Je pensais vraiment qu'il aurait oublié, surtout après avoir flingué notre paillasson. Mais non.

— Comment c'est possible que tu sois déjà debout et de bonne humeur avec tout ce que tu as avalé hier ? grogné-je.

— Eh bien, vu que c'est ressorti, à priori ça ne compte pas. Allez debout, feignasse !

C'est complètement injuste. Il a bu et fumé trois fois plus que moi, et il est là, frais comme un gardon. Je ne me suis pas encore vue mais j'ai une vague idée.

— Pourquoi tu ne vas pas emmerder quelqu'un d'autre ? Abi ?

— Abi dort encore à point fermés, et tu sais comment elle est si elle n'a pas son quota de sommeil. Et puis c'est toi qui m'as demandé de te maintenir en forme.

Il s'approche, soulève la couette et me pince au niveau des hanches. Heureusement que je ne dors pas à poil – ce serait stupide dans cet appartement où la notion de vie privée et d'espace vital est toute subjective- mais je ne porte qu'un vieux t-shirt Hello Kitty trop court et un short qui date de mes 14 ans- je vous ai dit que j'étais fauchée ? C'est d'ailleurs un miracle que je rentre encore dedans.

— T'aurais pas pris un peu, toi ?

— Hannnn mais ce que tu peux être connard quand tu t'y mets !

Je me redresse, vexée ; attrape une brassière de sport et mon legging et m'enfuis vers la seule et unique salle de bain. Il faut passer devant la chambre de Malone et Ziggy, dont la porte est ouverte, bien entendu.

Oui, Ziggy et Malone partagent une chambre, à mon grand désarroi. Au départ, ils avaient chacun la leur, mais quand on a commencé à vraiment ramer pour payer le loyer, on a pensé qu'un sixième colocataire serait une bonne idée. Il a fallu faire de la place et Ziggy s'est naturellement proposé de partager la sienne avec son grand pote Malone, qui n'y a pas vu d'objection.
Tu penses.

J'ai bien essayé de les en dissuader par tous les moyens possibles, allant jusqu'à colporter des rumeurs d'énurésie chez Ziggy ou de somnambulisme pervers chez Malone, mais c'est tombé à plat. Depuis, je rumine. Je sais ce que vous vous dites : elle est à fond sur Ziggy, c'est tout. Mais non, ça serait trop simple. On ne s'est même jamais embrassés. Je ne le vois pas comme ça. Mais Ziggy m'appartient, et je ne supporte pas l'idée qu'il puisse tenir à Malone comme à moi. J'ai conscience que c'est parfaitement égoïste mais c'est comme ça. Je ne vois aucun inconvénient à ce qu'il s'envoie en l'air. Mais je ne veux pas perdre ma place si spéciale à ses yeux.

Malone, allongé sur son lit, en caleçon, un bras derrière la tête, checke son portable. Je n'aurais pas dû m'arrêter devant sa porte, il va croire que je le mate. Merde, je suis repérée ! Il me reluque de haut en bas.

— On dirait un raton laveur qui aurait mis ses doigts dans une prise électrique.

— Je t'emmerde.

Oui, les lendemains de fête, je n'ai pas trop de répartie. Je me réfugie dans la salle de bain. Je me serais bien enfermée, pour avoir la paix, mais le verrou est explosé depuis six mois. Comme on n'a jamais su qui en était le responsable -malgré l'insistance de Ziggy pour faire porter le chapeau au fantôme de l'appart, personne ne répare. C'est à celui que ça emmerdera le plus : c'est une guerre d'usure.

Choisis-moi! [Sous contrat d'édition BLACK INK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant