I/ Un autre âge.

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Crédit image : Navka, par Hetza. J'avais juste envie de mettre une image qui correspond vaguement à Syra.

Bonne lecture.

Une douzaine de bras articulés s'affairent autour de Valère. Le robot chirurgical continue de retirer les centaines de shrapnels logés dans son corps : des fléchettes d'artillerie principalement.

Le corps grêlé d'échardes toxiques, il n'aurait pas survécu longtemps. Pour en avoir connu plusieurs dans son cas, c'est une mort pénible qu'il aurait eue. Rattaché à toutes sortes de machines, assommé à la morphine pour lui éviter de sentir la douleur dans ses derniers moments. Les alliages des fléchettes l'auraient empoisonné.

Raison pour laquelle les machines s'affairent tandis qu'il est encore à moitié congelé. Il sera d'attaque pour demain, mais en attendant, il a besoin de tout un bloc opératoire automatisé pour survivre.

Du côté de Statilia, la procédure est déjà terminée : une simple thérapie génique aura suffi à la soigner d'une maladie neurodégénérative.

Encore une fois, elle n'aurait pas survécu avec la médecine de ses contemporains. Les ataxies spinocérébelleuses ne pardonnent pas : la partie du cerveau responsable des mouvements, le cervelet, se détériore petit à petit. Au début, on devient maladroit, puis on perd la motricité des jambes et un triste jour, on est même plus capable de respirer.

« Vais-je avoir une cicatrice ? » Demande Statilia, qui ne réalise pas encore les progrès qui ont été effectués depuis le temps.

« Une simple perfusion de médicaments et de nano-machines ont résorbé ta condition Statilia, tu es tirée d'affaire. Pas de séquelle, ni de cicatrice. »

Statilia hésite un instant, elle ne sait pas quoi dire. Comme beaucoup de patients qu'on a mis en stase dans un tube cryogénique, c'était une condamnée. Alors, quoi de plus normal que d'être perdu ? Un jour, on la place dans un caisson en lui promettant qu'elle se réveillera sauvée et lorsqu'elle émerge, c'est plié en une matinée. Pas de félicitations, pas de fête, seulement un examen de routine.

Il y a de quoi être désorienté.

Pourtant, Statilia rassemble tout son courage et offre un sourire à Syra, dans une tentative de... normalité ? C'est ainsi que la médecin interprète cet air de façade.

« Je vous remercie docteur. » La tension est palpable, on la sent perdue, elle s'accroche à une routine d'un autre siècle. « J'avoue que je n'y croyais pas en rentrant dans ce tube.

-Ce n'est rien, moi aussi j'étais à ta place fût un temps. On peut se tutoyer d'ailleurs, nous sommes dans le même bateau.

-Eh bien, dans ce cas, tu peux m'appeler Stat', c'est comme ça qu'on m'appelait dans mon unité.

-Syra. Le prénom n'a plus guère d'usage aujourd'hui. » Justine Syra.

Mais personne ne l'a jamais appelé ainsi depuis... son entrée dans la grande institution ? Même dans l'intimité qu'elle partage de temps à autre, le nom lui convient mieux que le prénom. Une manière de mettre de la distance avec son ancienne vie, avant de servir. Dans un souci de clarté, autant expliquer à sa camarade de fortune d'où elle vient.

« J'étais médecin militaire, pour le compte du Directoire, vers 2675. » En entendant ces paroles, Statilia serre le poing d'un air triomphant.

« J'étais lieutenant pour le Directoire. Régiment de défense intérieure, sous l'autorité du Bureau des Activités Spéciales. » Protection des voies ferrées, surveillance des routes, traque des criminels de guerre et quelques enquêtes pour les renseignements militaires donc. Une fille débrouillarde, à n'en point douter. Elle reprend. « J'ai été endormie en 2699.

Signal vertOù les histoires vivent. Découvrez maintenant