III/ Collocation de l'extrême

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Pour une raison que Val' ignore, la Volière lui fait penser à une prison.

Peut-être cette ambiance de quartier résidentiel, avec pour maisons de grands dômes blancs partiellement recouverts de végétation. Beaucoup de terrain entre chaque résidence, des jardins à foison et autant de potagers, pas mal de haies même si certains ont opté pour des grillages végétalisés.

En fait, dans l'apparence c'est un village bienfaisant. Dans l'organisation des lieux, on dirait une base militaire, ou un camp de prisonniers : le quartier résidentiel constitué d'habitations en dômes, ensuite la cité administrative, puis la zone industrielle. Tout est blanc ou gris clair, avec de la verdure et des parterres de fleurs, des chemins pavés et des transports en commun.

Ah oui, les fameux : des petits trains à lévitation magnétique, comme dans son enfance. Avec à l'intérieur, beaucoup de gens calmes et raisonnables, qui discutent entre eux et semblent heureux.

Val' n'est pas heureux pour sa part.

D'abord parce qu'en bon fantassin des Activités Spéciales, c'était un pure terrien. Un soldat de l'infanterie qui a ensuite tapé toute sorte de formations afin d'intégrer les chasseurs de choc, l'élite des troupes du Directoire, son ancienne patrie. Donc, comme tout bon fantassin d'infanterie, il fume.

Et ça va faire une semaine qu'il n'a pas eu de cigarette. La gomme thérapeutique que Syra lui a donnée fonctionne bien, mais il n'y a pas le côté social de la clope.

Comment est-il censé parler aux gens ?

Doit-il seulement s'intégrer ? Ou alors, comme lui avait dit la médecin, il va être un dormeur, un type à part qui est capable de violence ?

« Valère Eryx ? » Appelle une voix de femme et il a un sursaut.

La secrétaire le regarde avec cet air neutre-avenant qui caractérise une bonne moitié de la colonie. L'autre moitié a un air neutre-craintif.

« C'est moi. » Répond Val', un brin de fatigue dans ses mots.

« C'est à votre tour. » Alors il la suit.

Ils marchent dans un long couloir blanc avant d'arriver dans un bureau aux teintes pastelles. Une table, un ordinateur et quelques chaises. La secrétaire s'installe et l'invite à faire de même.

Val' a un regard vers les baies vitrées sur le côté : elles donnent sur la place centrale de la cité administrative, un grand parc avec un arbre centenaire qui donne de l'ombre aux quelques personnes qui mangent en plein air. Ils sont au début du printemps et si l'atmosphère est encore fraiche, on peut pique-niquer sans problème.

La secrétaire reprend d'une voix douce, attentive. Il a vraiment l'impression d'être dans le cabinet d'un psychiatre.

« Peut-on se tutoyer ? C'est la toute première fois que j'accueille un dormeur, je ne sais pas vraiment comment sont les mœurs de votre époque.

-On peut, je m'appelle Valère, même si tout le monde m'appelle Val'.

-Nimrud, Nimrud Hegeïon. Enchantée.

-Enchanté. »

Nimrud Hegeïon, si les mots lui parlent vaguement, probablement lorsque Statilia parlait des civilisations anciennes dont descendaient les membres de l'équipe, il ne se souvient pas de leur origine exacte.

Il n'a jamais été doué comme Statilia pour toutes ces choses, raison pour laquelle il s'occupait principalement du combat et de la navigation. Lors des longues marches de combat, il lisait la carte et s'occupait du tir pendant qu'elle organisait la cadence, le rationnement et toute la logistique.

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