IV/ Dormeur-tueur ?

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Crédit image : Kaïman de Dorohedoro.

Statilia a peur, mais elle n'a pas le droit de le montrer.

Ils sont dans l'arrière-jardin d'un grand dôme d'habitation. La demeure de Séraphin et Tacita.

Comme beaucoup d'autres propriétés, Séraphin a un beau verger avec des arbres en fleurs, qui donneront de beaux fruits.

Contrairement à beaucoup d'autres propriétés, il y a un pas de tir improvisé, avec un petit muret en sac de sables et deux grosses cibles rondes peintes en noir et blanc. Juste à côté, une paire de silhouettes humaines en paille, des sortes de pseudo-épouvantail qui ont subi les affres de tirs répétés d'arbalètes et de frondes.

Statilia aurait prié pour des impacts de balle, mais en voyant les deux armes plus que médiévales sur le pas de tir, elle a dû se rendre à l'évidence : les flingues n'existent plus dans le futur. Ce qui est cohérent, on est dans un monde pacifié, pacifique et surtout, inoffensif.

« Je pensais que tu serais heureuse de ta nouvelle vie. » Commente Valère d'un ton trop rigide pour être sincère.

Il est fébrile, la semaine a été dure. La colocation avec une colon, toutes les règles pour éviter qu'une interaction sociale ne devienne une micro-agression, une invasion morale, une appropriation culturelle, une histoire d'exclusion. La société est jonchée de crimes de pensées qui n'ont aucun sens, surtout pour des militaires.

En même pas une semaine et demi, ils sont passés d'une époque où l'on pompait si on saluait mal un supérieur, où on faisait courir les recrues jusqu'à vomir pour leur apprendre l'adversité, à une période où faire une blague de cul est un harcèlement.

Ce n'était même pas une remarque déplacée sur un étranger. C'était un simple sarcasme sur elle-même. Comme quoi son ex copain était du genre mou et qu'elle préférait les hommes taillés dans du bois dur.

Une remarque qui a suscité l'ire de son colocataire, Dassi.

Comme quoi, les hommes ont continué de se ramollir, quatre siècles après avoir été mise au frigo.

« Non. » Répond Statilia avant de reprendre, dans une tentative de ne pas être trop sèche envers son frère d'armes. « Mon colocataire est un numide-varangien et il ne tient ni de l'un, ni de l'autre. On aurait pu attendre quelque chose de viril, d'humain ou même de brillant dans son attitude, il a les gênes pour. Mais il faut croire que le futur en a fait un velouté de potiron.

-Un velouté de potiron.

-Pardon, un truc liquide, sirupeux, pas le plus appétissant. Ta colocataire ?

-Elle est patiente avec moi. C'est surtout l'extérieur qui me chagrine. J'ai l'impression de n'être à ma place nulle part.

-Je pensais à quelque chose de plus sexuel.

-C'est-à-dire ? Elle m'a demandé si je voulais partager son lit dès la première nuit. J'ai dit non au motif que j'avais besoin d'un peu de solitude pour réfléchir à ma situation. Après, » Val' se montre étonnamment prude pour un type qui couchait avec la fille du colonel. « J'imagine que ce sont les mœurs de l'époque et qu'elle a un faible pour moi, elle a vu ma photo et a décidé de me prendre sous son aile.

-C'est tant mieux. Dassi m'a proposé la même chose, mais il n'y a aucune alchimie entre nous et j'ai dit non. J'ai dit que je préférais dormir sur son canapé.

-Bute-le. » Hélas, elle ne peut pas trucider son colocataire, quand bien même c'est un gâchis de potentiel génétique certain.

« Si seulement. »

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 30, 2023 ⏰

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