Chapitre I - Cauchemar

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Talia

Je me réveillai en nage, mon coeur battant la chamade. Brusquement, la porte de ma nouvelle chambre s'ouvrit et ma mère adoptive entra, affolée et visiblement très inquiète.

_ Talia ! s'écria-t-elle en s'asseyant près de moi avant de passer ses bras autour de mon dos.

Je me crispai une seconde, tentai tant bien que mal de reprendre ma respiration et me détendis enfin. Néanmoins, mon souffle restait haletant et irrégulier.

_ J-juste un cauchemar...

Ma voix sonnait faux, même à mes propres oreilles. Elle était toute tremblante et apeurée et je me retins de gémir.

_ Chut, tout va bien.

Pas le moins du monde dérangée par ma réticence, elle caressa d'un geste machinal ma longue chevelure sombre pour me calmer.

Ces crises étaient une sorte d'effet secondaire à l'incendie. Je me mettais à hurler dans mon sommeil avant de me réveiller dans un état de choc des plus alarmant. Heureusement, avec le temps, elles étaient devenues de moins en moins violentes et survenaient seulement une ou deux fois par mois.

_ C-c'est bon Hannah, tentai-je de la rassurer. Je vais bien.. C'était seulement un cauchemar.

_ C'est la deuxième fois que cela t'arrive en moins d'une semaine. Je suis inquiète, tu devrais appeler le Dr Sanquina demain..

J'hochai la tête pour ne pas l'inquiéter encore plus. Après l'incendie, Hannah avait était la seule personne à qui j'arrivais à parler. Elle était alors l'institutrice qui prenait en charge ma classe de CP. On pourrait dire que je l'ai choisie. Quelques moins après la catastrophe, son mari Elliot et elle avaient obtenu ma garde et m'avaient accueillie à bras ouverts dans leur foyer.

Je jetai un coup d'oeil à ma montre et fis mine de me rendormir. Hannah quitta la pièce peu après, rassurée.

Je comptai jusqu'à vingt et tendis l'oreille. Dans la maison, tout le monde dormait à poings fermés, je percevais distinctement le ronflement régulier de Kesley, ma soeur adoptive ainsi que le grincement occasionnel du lit de Tommy, le petit dernier.

Elliot et Hannah discutaient à voix basses dans leur chambre, je pouvais quand même les entendre, comme s'ils parlaient juste à côté de mon oreille.

_ Je pensais que ses crises avaient cessé. Est-ce qu'elle va bien ?

_ En apparence, oui. Comme d'habitude.

_ Nous n'aurions pas dû revenir ici, répliqua Elliot. C'est beaucoup trop tôt pour elle.

_ On en a discuté longtemps, tu te souviens ? Et il n'est pas trop tôt, cela fait déjà plus de dix ans. Elle doit passer à autre chose. Nous devons tous passer à autre chose.

Hannah soupira et j'entendis le frottement des draps lorsqu'elle les releva sous son menton.

_ Elle m'a promis qu'elle appellerait le Dr Sanquina, reprit-elle. Espérons qu'elle trouve une solution à ses cauchemars.

Elliot émis une sorte de grognement approbateur, signifiant sûrement que la discussion était close, pour l'instant, et se glissa à ses côtés.

Je fixai le plafond de ma chambre pendant quelques minutes.

Ces cauchemars n'étaient pas juste de mauvais rêves. Il s'agissait des souvenirs de l'incendie qui revenaient me hanter. Presque chaque nuut, je revivais ma peur, ma douleur, les cris.

C'était le plus difficile.

Entendre, à chaque fois que je fermais l'oeil, les cris de détresse de mes proches agonisant dans les flammes. Écouter, encore et encore, leur peine, leur colère et leur douleur qui resterait à jamais gravée dans mon esprit.

Avais-je envie de faire payer aux monstres qui leur avaient fait subir toutes ces souffrances ? Oui, certainement.

Me pensais-je capable d'une telle chose ? J'en étais beaucoup moins sûre.

Je me levai, m'assis et contemplai la Lune depuis la fenêtre. Je ressentais encore Son appel, sans pour autant être affectée de manière radicale. J'étirais mon cou en fermant les yeux quand je perçus les premiers hurlements.

Des Loups.

Respire. N'oublie pas de respirer.

Je serrai les dents et les poings en inspirant profondément. J'aurais dus me renseigner, mais il me semblait impossible qu'une meute puisse élire domicile dans le territoire de ma famille. Nous étions beaucoup trop respectés pour cela.

Malgré tout c'était bien le chant d'une meute à la Lune qui me parvenait distinctement.

Ne pas m'inquiéter. Cela faisait plus de dix ans qu'aucun surnaturel qui ait croisé ma route ne s'était douter une seule seconde de ma nature.

Je me répétai cette idée en me rendormant tandis qu'au loin, les loups hurlaient en choeur. Ils me bercèrent dans un sommeil vide de tout cauchemar

We're WerewolvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant