chapitre 6

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De nos jours, Edimbourg, Ecosse

Eilis

La nuit est déjà bien installée, et je m'apprête à passer ma toute première nuit dans le manoir. Dire que je n'ai pas peur serait un mensonge considérable. J'aurais vraiment dû emmener quelqu'un avec moi au moins pour la première nuit.

Je n'ai pas peur qu'il y ait un quelconque cambrioleur ou squatter, j'ai surtout peur du terrible silence le soir, seulement coupé par le vent ou des grincements à faire froid dans le dos.

Vêtue de ma nuisette rose clair recouverte d'une robe de chambre de la meme couleur car il fait froid, je m'installe dans le lit et commence à faire des jeux sur mon téléphone pour m'occuper. Je ne capte rien ici et il va vite falloir que j'y remédie.

Je suis donc prise dans un jeu de bonbons lorsque soudain, je crois apercevoir une ombre derrière mon téléphone. Je le baisse vite, mais rien. Je fronce les sourcils et secoue la tête tout en reprenant mon jeu. Je suis fatiguée et j'ai passé une longue journée à tout dépoussiérer et astiquer. Je dois simplement halluciner.

Pas très rassurée pour autant, je décide donc de poser mon téléphone et de fermer les yeux pour commencer à dormir. Plus vite la nuit sera passée, le mieux je me porterai...

Vers une heure du matin, je n'ai toujours pas fermé l'œil. D'habitude, je m'endors toujours très facilement. Je peux même m'endormir où je veux en une dizaine de minutes à peine. Or là, je suppose que mon cerveau cogite trop.

Et soudain, mon corps tout entier se glace et s'immobilise à l'instant où j'entends une respiration qui n'est pas la mienne. Tournée sur le côté du lit, je ne vois pas ce qu'il se passe derrière. Je commence donc à frissonner lorsque je sens un souffle sur ma nuque.

Non, ça ne peut pas été vrai. Je vais me faire enlever, violer et mourir. Je ne vois pas. d'autres solutions. Malgré tout, je suis incapable de bouger, paralysée par la peur. Et c'est quand la personne derrière moi parle que je reçois le coup de grâce de l'effroi.

- Malvina...

Sans réfléchir plus longtemps et en prenant mon courage à deux mains. J'envoie rapidement mon poing derrière moi et me lève précipitamment du lit pour aller m'emparer de la seule chose qui peut me servir d'arme en ce moment même : une chaussure à talon aiguille. Je n'ai pas fermé les rideaux qui se situent à côté des grandes fenêtres alors je peux très bien voir ce qu'il se passe dans la chambre. Et qu'elle n'est pas ma surprise en découvrant...

Rien. Il n'y a absolument rien ni personne. Mais je ne suis pas folle ! J'ai très bien entendu cette respiration, senti ce souffle sur mon cou et entendu cette voix parler !

- Montrez-vous ! je m'exclame alors. Je n'hésiterais pas à vous blesser pour me défendre si vous ne vous montrez pas !

Je n'ai qu'un immense silence pour réponse. Ce n'est pas possible, je ne comprends pas ce qu'il se passe. Je l'aurais entendu, si l'intrus était sorti de ma chambre.

Alors, je me dirige très précautionneusement vers la lumière et l'allume bien vite. Il n'y a personne. Nul part. Je suis toute seule et manifestement, je suis en train de perdre la tête.

Je me laisse donc glisser contre la porte de ma chambre et des larmes commencent à dévaler le long de mes joues. Pourquoi est-ce que j'hallucine ? Suis-je malade ? Que m'arrive-t-il ??

Les fantômes ça n'existe pas. Je ne suis pas folle. Ils n'existent pas. J'aurais pu mettre ma main à couper qu'il y avait quelqu'un dans mon lit, et pourtant cette personne a disparu bien vite. Non, les fantômes n'existent pas. Ils n'existent pas.

Tout en laissant la lumière allumée, je retourne dans mon lit et décide de fermer les yeux. Je suis sur le dos, de manière à ne plus pouvoir sentir quoique ce soit si quelqu'un expire à côté de moi.

Et contre toute-attente, je finis par m'endormir...

**

Lorsque mon réveil sonne, je grogne en me retournant dans mon lit. C'est dimanche, et le dimanche je suis censée profiter de mon week-end. Or, aujourd'hui ce n'est pas possible puisqu'il faut que je m'occupe d'aller coller des annonces pour les locations des chambres. Je compte en mettre également sur internet, en espérant ne pas tomber sur un ou une dégénéré.

La nuit dernière me revient soudain en tête, et j'observe la pièce autour de moi comme si je m'attendais à y voir quelque chose qui aurait changé.

Comme il ne fait pas beau aujourd'hui encore, je me lève et allume la lumière pour mieux y voir pendant que je me prépare.

Je me vêtis d'un pull décolleté gris et d'un jean taille basse noir, puis commence à me maquiller.

Et tandis que je m'applique du mascara, je fronce les sourcils et tourne le regard vers ma lumière. Je l'avais laissé allumée hier, non ? Peut-être qu'elle à une fonction qui lui permet de s'éteindre si elle reste allumée trop longtemps... remarque, vu son état, ça m'étonnerait... non, j'ai dû l'éteindre sans m'en souvenir, voilà tout. Oui, c'est ça.

Je secoue la tête tout en terminant mon maquillage, puis je descends dans la cuisine pour prendre mon petit-déjeuner qui se constitue de plusieurs tartines beurrées avec plusieurs barres de céréales. Ce n'est pas très saint, mais j'aime manger quand je ne vais pas bien.

Lorsque j'ai fini, j'enfile une doudoune noire et prends mes affaires pour pouvoir me rendre en ville. Tandis que je mets mes chaussures, j'observe le tableau des frères Ritchie. Un frisson me parcourt sans que je ne puisse le contrôler. J'ai comme l'impression qu'ils sont en train de m'espionner, tous les deux, scrutant le moindre de mes faits et gestes et prêts à rire aux éclats devant mes paranoïas nocturnes.

Je secoue la tête, et sors vite du manoir. Je m'installe ensuite dans ma voiture tout en pensant a bien vérifier les sièges arrières, parano que je suis. Heureusement, il n'y a rien.

Alors, j'attache ma ceinture et appuie sur la pédale tout en allumant la radio. « Unchained Melody » de The Righteous Brothers et extrait du film « Ghost » retentit. Je soupire. Comme si je n'en avais pas assez des histoires de fantômes...

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 16, 2023 ⏰

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