chapitre 2

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De nos jours, Edimbourg, Ecosse

Eilis

- Merci beaucoup ! je m'exclame en récupérant les clés de ma nouvelle maison.

Il y a deux mois à peine, j'ai appris que j'avais une tante, et ce même jour j'ai appris son décès. Apparemment, elle était très riche et avait un manoir qu'elle a décidé de léguer à la dernière personne de sa famille, moi.

Je passe une main dans mes cheveux blonds vénitiens en serrant la main de l'homme qui vient de me remettre les clés de mon nouveau chez-moi.

Lorsque j'ai appris que j'avais hérité d'un manoir, je n'ai pas longtemps hésité à quitter mon appartement miteux en plein centre d'Edimbourg pour venir m'installer plus loin, à la bordure de la ville. Je l'ai seulement vu de l'extérieur pour le moment, et je pense déjà qu'il lui faudra un petit coup de neuf.

Cependant, il reste sublime et son emplacement est fantastique : perché sur une colline, à moitié perdu dans les bois environnants. Un chemin de pierres très vieux mais bien entretenu m'y donne accès, et je trouve que cela possède beaucoup de charme.

A bord de ma voiture vieille d'une quinzaine d'années, je prends donc la direction de mon manoir. J'ai hâte d'entrer à l'intérieur. Mes essuie-glaces balaient la pluie légère qui s'abat sur mn pare-brise et un sourire se dessine sur mes lèvres. C'est une belle journée pour emménager.

Le temps pluvieux ne m'a jamais dérangé, au contraire, je l'ai toujours aimé.

Alors que je commence à rouler sur le chemin de pierres et que les arbres environnants commencent à me faire de l'ombre, un frisson parcourt soudain ma peau.

J'ai froid, très froid. C'est étrange, il ne fait pas si frais que ça dehors pourtant.

Lorsque je me gare, je récupère mon sac à mains avec mes clés et me dépêche de sortir de ma voiture. J'ai hâte d'entrer et de découvrir ma chambre. Apparemment, il y en a six différentes, et une principale dans laquelle tous les ancêtres de ma famille ont vécu.

Je m'approche du petit escalier qui me mène à l'entrée, et observe la vue. Je vois des plaines et des montagnes, ainsi que beaucoup d'arbres à perte de vue.

Je me retourne ensuite vers la façade de ma nouvelle propriété et l'admire. Tout en pierre, recouvert de lierres, marqué par le temps mais splendide.

Je grimpe donc les six marches qui me séparent de l'entrée, et sors les clés de mon sac. Je les introduis par la suite dans la serrure et cela est un peu plus compliqué qu'il n'y parait. Je ne sais pas depuis combien de temps les serrures n'ont pas été refaites, mais ça doit faire un sacré bout de temps.

Lorsque la porte cède et s'ouvre enfin, je la pousse mais n'entre pas. J'observe le grand hall depuis l'extérieur. Il y a un grand espace, et au fond de la pièce un très grand escalier mène à deux couloirs différents au premier étage. L'un part sur la gauche, l'autre sur la droite. Il n'est pas si mal conservé que ça. La pièce est décorée dans les tons pourpres et c'est très élégant. Je pourrais parier que mes ancêtres faisaient de sacrés bals ici.

J'inspire un grand coup et décide de passer le pas de la porte. À peine ai-je posé un pied à l'intérieur qu'un coup de vent vient à nouveau me faire frissonner. Et je semble entendre un murmure, presque inaudible, raisonner en prononçant un seul mot « Malvina ».

Je tourne immédiatement sur moi-même, mais réalise vite que j'ai du halluciner. Il n'y a personne ici, ça ne devait être qu'un sifflement du vent. On imagine toute sorte de choses étranges lorsque l'on n'est pas dans un état normal. Je viens de poser le pied dans mon armoire dont je ne connaissais même pas l'existence il y a trois moi, on ne peut pas dire que je sois dans un état très normal.

Je ferme donc la porte derrière moi pour ne plus risquer un autre coup de vent et un moment de peur, et lève les yeux vers le plafond. Je ne sais pas combien de mètres me séparent de lui, mais je dirais au moins dix.

Désormais, je souhaite visiter. Alors, je trouve l'interrupteur qui a dû être changé il n'y a pas trop longtemps, et éclair le manoir. Il y a de grandes fenêtres en hauteur qui laissent beaucoup passer la lumière, mais comme le soleil est majoritairement caché par des nuages gris une bonne partie de l'année en Écosse, alors ne n'y voyais pas grand chose.

Je me dirige vers la première porte sur ma droite. J'y découvre alors une cuisine au style très rustique. Toujours décorée dans les tons pourpres, la pièce est très belle, mais également très sombre.

Il y a une grande table en bois qui trône au milieu de la pièce, alors je suppose que c'est là où je pourrais manger ou cuisiner.

Le four, les plans de travail, ainsi que la cheminée, tout semble très vieux. Très bien conservé, mais très vieux. Et surtout, poussiéreux. Ma tante ne devait pas avoir pour habitude de faire le ménage ici.

Je sors de la pièce et me dirige vers celle qui en est la plus proche. Et c'est alors que je découvre une immense salle à manger, avec une table qui pourrait facilement accueillir une quarantaine de personne autour. Trois immenses chandeliers pendent au dessus et semblent plus servir de décoration qu'autre chose puisqu'il y a désormais des ampoules accrochées pas loin.

Les murs sont pourpres, eux aussi, et la pièce est ornée de quelques tableaux de paysages et d'animaux. C'est très jolie.

En sortant de la pièce, je découvre alors quelque chose que je n'avais pas encore remarqué. Sur le mur juste à côté de la porte où je suis entrée, il trône un tableau non pas de paysages ou d'animaux, mais de deux jeunes hommes.

Je m'en approche et lis l'inscription notée en tout petit en bas à gauche. « Edan et Ewen Ritchie, mai 1784 ». Je lève ensuite le regard et observe deux hommes à la beauté impressionnante. Le plus grand, sur la gauche, possède des cheveux d'un blond étonnant, on dirait même du blanc. Il paraît chic et sec, presque autoritaire. En revanche, celui qui se tient sur sa gauche, légèrement plus petit mais plus musclé, possède des cheveux plus noirs que le pétrole et un air malicieux sur le visage, comme s'il était prêt à faire une bêtise à n'importe quel moment.

Perdue dans ma contemplation, je sursaute lorsque quelqu'un frappe à la porte. Comme je n'attends personne, je fronce les sourcils.

Je m'en approche donc et l'ouvre précautionneusement. Une femme âgée aux cheveux grisonnants me lance alors un sourire franc, une tarte à la pomme devant elle.

- Bonjour, puis-je me permettre d'entrer ?

Je l'invite d'un signe de tête et une fois à l'intérieur, elle sourit avec attendrissement en observant le manoir.

- Bonjour, puis-je vous demander qui vous êtes ?

Elle me tend la tarte, que je prends, et hoche la tête.

- Je me prénomme Amy. J'étais gouvernante ici du temps où votre pauvre tante était encore en vie. C'est bien triste que la maladie l'ait emporté. Elle était si jeune, c'est si triste de partir à cause d'une maladie telle que la cardiomyopathie.

Je hoche la tête. Apparemment, c'est une maladie héréditaire et récurrente dans ma famille. Je vais régulièrement consulter pour m'assurer de ne pas avoir de problèmes. Je suppose que ma tante a dû le gérer trop tard...

- J'ai entendu dire que le manoir allait retrouver un habitant aujourd'hui, alors je voulais simplement voir de qui il s'agissait... poursuit Amy. J'espère que je ne vous dérange pas.

Je m'empresse de secouer la tête.

- Oh non, pas du tout ! J'étais en train de contempler le tableau de ces deux jeunes hommes, en fait.

- Oh, les frères Ritchie !

Frère ? Ils ne ressemblent pas à des frères. En même temps, le fait qu'ils portent le même nom aurait peut-être dû me mettre la puce à l'oreille.

- Ils habitaient ici ? je lui demande alors.

- Oh mon Dieu, non ! s'exclame Amy comme si c'était une injure. Vous ne connaissez pas la légende des frères Ritchie ?

Je secoue la tête.

- Voulez-vous que je vous la raconte ?

Je m'empresse de hocher la tête.

- Alors asseyez-vous ma belle, l'histoire que je m'apprête à vous raconter est renversante...

Am(e)ourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant