J'accélère encore. Ce n'est peut-être pas la meilleure idée du siècle en talons mais je m'en fiche. Je ne peux pas arriver en retard. Pas cette fois. Je n'en ai pas envie. Je regarde la distance qui me sépare de la sortie du campus universitaire se réduire à mesure que mes talons claquent les pavés, pressée de l'atteindre.
Je ne prête pas attention aux bruits autour de moi jusqu'à ce que j'entende une voix crier mon prénom, une voix que je connais bien et qui me fait ralentir.- Cléo ! Cléoo ! Cléo Henderson je t'ordonne de t'arrêter !
Je me retourne vivement et me retrouve face à Hazel, complètement essoufflée, deux mètres derrière moi. Elle s'avance de quelques pas et, quand elle est assez près, pointe un doigt accusateur dans ma direction.
- Toi. Tu viens avec nous. Ce soir. On va faire la fête et je te demande pas ton avis.
Ses paroles me font esquisser un sourire, ce doit être les quelques mots que ma meilleure amie prononce le plus souvent.
- Non.
S'il y a une chose qu'il faut savoir quand on fréquente Hazel c'est qu'elle a un goût très prononcé pour tout ce qui touche aux fêtes. C'est peut-être ce qui fait que l'on s'entend si bien toutes les deux. Je ne résiste pas souvent à la tentation, mais ce soir je ne peux pas.
- Mais pourquoi ? T'es pas venue une seule fois avec nous cette semaine, objecte-elle. Et si tu me dis que tu dois bosser je t'étrangle.
- Cette semaine j'avais des choses à faire, et ce soir mon frère rentre de New-York, expliqué-je. Ça arrive une fois tout les deux mois, je ne veux pas être en retard.
Son regard s'attendrit et elle pose ses mains sur mes épaules.
- D'accord, je te laisse y aller pour cette fois, concède t-elle avant de froncer les sourcils et de prendre un ton menaçant. Par contre t'as intérêt à venir la prochaine fois.
- Promis.
Elle me serre dans ses bras, et tandis que j'en fait de même, j'en profite pour lui rappeler deux trois choses à l'oreille.
- Tu bois pas trop, tu fais attention à toi, et tu m'envoies un message à la fin de la soirée si t'es toujours vivante.
- Mmh... D'accord. Mais toi aussi tu dois m'envoyer un message quand tu arrives chez toi ; sinon j'appelle la police.
- Ça marche, dis-je en m'écartant doucement d'elle.
- Aller, passe un bon week-end ma framboise.
Je souris à l'entente de ce surnom que mes amis et ma famille m'ont donné à cause de la couleur de mes cheveux, blond avec des reflets légèrement roses.
- Toi aussi ma noisette.
Elle me sourit, je lui claque un baiser sur la joue et elle fait de même, puis je m'éloigne en lui adressant un signe de la main. Elle me le renvoie avant de tourner les talons et de partir retrouver Simon qui se trouve certainement pas loin de là. Je reprends tranquillement mon chemin vers la sortie avant de me rappeler que j'ai un train à prendre et un horaire à honorer, j'accélère donc, le cœur léger après cette discussion.
J'ai fait la connaissance d'Hazel et de Simon en première année universitaire. On ne suit pas le même cursus d'étude mais on tous quelques cours en commun avec l'un ou l'autre si ce n'est tous les trois. Ils se connaissaient déjà depuis la primaire, malgré tout je n'ai pas eu trop de mal a m'intégrer à leur petit duo. Et il est devenu rare que je ne passe pas mes soirées avec eux.
Je pousse la porte de ma résidence après quelques minutes de marche dans les rues de Manchester. Je monte les marches quatre à quatre jusqu'au dernier étage, où je récupère ma valise derrière la porte de mon appartement, posée ici intentionnellement ce matin. Je me remets bien vite en route et fais tout le chemin en sens inverse sauf qu'au lieu de traverser le parc jusqu'à la fac, je tourne dans la rue qui le longe. Après une dizaine de rues, je tourne dans une grande avenue à laquelle je suis bien habituée. De là je peux voir la gare d'où pars le train qui me conduit jusqu'à Altrincham, le village de mon enfance qui se situe dans la banlieue de Manchester. Je rentre chez moi un week-end sur deux, pour retrouver mon père et pourvoir m'entraîner plus intensément pour les concours à venir. Je n'ai jamais arrêter de patiner. Même s'il est vrai que ça n'a pas été facile pendant une longue année, après le départ de Lewis. J'ai finit par retrouver le goût de ce sport qui m'animait tant et me faisait me sentir vivante depuis mes six ans. Grâce à mon frère. Il m'a entrainé sur la glace, a guidé chacun de mes pas, jusqu'à raviver en moi cette flamme que j'avais cru morte à jamais.
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Can You Love Me ?
RomanceLewis et Cléo partagent la même passion depuis leur six ans. le patinage artistique. C'est sur cet art qu'est née leur magnifique amitié. Et c'est au fil des médailles et des prix qu'il sont devenus inséparable. Les après-midi jeu-de-société-sans-rè...