" Tout est meilleure au coin d'un bon feu de cheminée. "
En cet instant je trouve que cette phrase est une des plus vraies du monde. La tête posée sur l'épaule de mon grand frère, brulant mes mains sur une tasse de chocolat chaud, je m'enfonce encore un peu plus entre les coussins du canapé. Nous nous sommes posés dans le salon il y a de cela une ou deux heures avec notre père. Ce dernier est parti se coucher une quinzaine de minutes plus tôt, tandis que je passais à mon troisième chocolat chaud et que Aaron remettait des bûches dans l'âtre. À présent seule la douce lumière du feu nous éclaire encore, mon frère et moi, et je dois admettre que j'aime énormément cette ambiance.
Le regard perdu entre les flammes, j'écoute mon grand frère me parler de son meilleur ami new-yorkais, un certain Adam Walker, gameur et danseur de hip-hop dans l'âme. Il suis le même cursus d'études qu'Aaron et d'après sa description je pense que ces deux-là se sont bien trouvés.
- Je suis contente pour toi, il a l'air d'être un type bien, affirmais-je, sincèrement heureuse de savoir qu'il a quelqu'un sur qui compter là-bas.
- Il l'est. Le seul point négatif c'est qu'il a un humour aussi bizarre et pourri que le tien...
Je me redresse vivement et assène une tape sur le bras de cet andouille qui me sert de grand-frère.
- Maiis. Je t'interdis de critiquer ce que tu n'as pas.
Je ne suis pas vexée le moins du monde. J'adore ces plaisanteries qui tissent le lien si spécial que nous partageons. Ce qui ne m'empêche pas pour autant de me tourner dos à lui, les bras croisés sur la poitrine comme une enfant de cinq ans qui boude. Le puissant bras de mon frère surgit alors, entourant ma taille, avant de me faire basculer en arrière comme si je n'étais qu'un poids plume. Je pars bien vite dans un fou rire lorsqu'il commence à me chatouiller.
- C'est pas juuste ! Je suis une des personnes les plus chatouilleuses de ce monde, essayais-je vaguement d'articuler au milieu de ma crise de rire. Aaron !
- Justement, il faut bien en profiter. De plus, tu réfléchiras à deux fois avant de dire que je n'ai pas d'humour la prochaine fois, se défend t-il.
C'est ce que j'adore avec mon grand frère, quand je suis avec lui je ne suis plus Cléo Henderson, 18 ans, étudiante et patineuse, qui souffre d'une peur atroce d'échouer dans ce qui lui tient le plus à cœur. Quand je suis avec lui je retombe en enfance, je suis la petite sœur qui a besoin d'être protégée et rassurée, qui a des délires chelous. J'aime autant nos jeux, nos discussions, nos soirées frère-soeur que les moments où l'on redevient tous les deux des enfants. Aussi rares soient-ils.
Ma tête bascule en arrière et vient violemment percuter le rebord du canapé, au moment où j'en viens à hurler de rire à cause de mon expert de frangin qui sait exactement où se situe mes points les plus chatouilleux et s'amuse à passer ses doigts le long de mes côtes.
- Arrête, Aaron arrêêête ! le suppliais-je tout en me demandant sérieusement pourquoi les chatouilles n'étaient pas utilisées comme moyen de torture au Moyen Âge.
- Et si on se regardait une série tous les deux ? me demande t-il soudain en me relâchant de sa terrible emprise.
Je me redresse doucement tout en remettant derrière mes oreilles les mèches de mes cheveux qui m'obstruent la vue. Je regarde mon frère avec méfiance, le soupçonnant d'une mauvaise blague ou d'un moyen de faire diversion pour mieux me piéger ensuite. Ça ne lui ressemble que trop peu de s'interrompre de la sorte pour me proposer une série à deux. Je me détend pourtant à la vue de son regard, sincère et interrogatif sans la moindre trace de malice.
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Can You Love Me ?
RomanceLewis et Cléo partagent la même passion depuis leur six ans. le patinage artistique. C'est sur cet art qu'est née leur magnifique amitié. Et c'est au fil des médailles et des prix qu'il sont devenus inséparable. Les après-midi jeu-de-société-sans-rè...