Interrupted

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Et puis un jour, j'ai arrêté.
Arrêter d'en avoir quelque chose à faire d'eux, de ce qu'ils pensaient. De leurs histoires sans intérêt. J'ai arrêté de me soucier des regards, des rumeurs.
Parce qu'au final qui ça intéresse tout ça ?
Du moment que j'étais avec elle tout allait bien, tout allait mieux.
J'ai passé ce qui m'a semblé une éternité à vivre à travers les yeux des autres, à me fondre dans la masse.
Sans être heureuse, sans vivre vraiment.
J'aurais souhaité pouvoir voir le monde comme elle le voit, respirer comme elle respire, me glisser dans sa peau.
Et puis elle apaisait ma colère. La créature dans mon ventre. Les pulsions de mort. L'envie constante de planter des couteaux dans des ventres. La réflexion incessante, quelles seraient les conséquences ?
Elle était belle
Et drôle
Et puis tellement intelligente.
L'impression de n'être rien comparé à elle.


Mais je suis le trou noir. Celui qui aspire tout sur son passage et qui ne laisse que des carcasses suppliantes et sans vies.

Je suis impulsive, je crois aimer mais demain tu verras, tu en ressortiras blessée, de cet ouragan monstrueux.

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J'étais allongée sur mon lit, mon téléphone affichait 1:56 am depuis une éternité, depuis des heures. Focus on the lyrics, j'essayais de trouver les justes mots pour faire parler mes pensées à travers une chanson banale, le genre qui corresponds à n'importe qui. Une de ces chansons tristes auxquelles tout le monde s'identifie, pleure, et pense "cette chanson parle de moi". Billie Eilish/ Happier than Ever, et les paroles défilaient en même temps que mes pensées...

Et c'est là que j'ai réalisé : Aucunes paroles ne me ressemblaient vraiment, elles criaient toutes ton nom, ton nom à toi, qui devait être plus heureuse que jamais, loin de moi.

Alors lentement je me suis levée, j'ai mis un jean malgré la canicule, pour couvrir mes cuisses qui ne guériront pas, j'ai enfilé mes baskets et je me suis dirigée vers la cuisine, j'ai saisi un couteau de boucher, et je suis sortie.

J'ai marché jusque chez toi, l'air chaud et collant de la nuit alourdissait chacune de mes pensées tandis que la musique dans mes écouteurs continuait. 

L'écran affichait 1:56 am.

Ta fenêtre était ouverte comme toujours. Je suis entrée. 

Je te hais toi et ton visage, tes expressions qui se veulent naïves et ton obsession pour la perfection. Je te hais et je ne te comprends pas. J'aurais aimé une relation fusionelle, j'aurais aimé que tu ne changes pas pour moi, j'aurais aimé que le coup de foudre existe et j'aurais aimé que tu n'ai pas autant peur de l'abandon. 

*L'ouragan qui détruit tout ce qu'il touche*

Tu dormais tellement calmement qu'on aurait pu te croire morte. Je t'ai coupé la gorge nette.

Le sang a commencé a coulé et je me suis demandé quels auraient été tes derniers mots si tu avais pu parlé. Tes yeux étaient exorbités et insoutenables alors je les ai arrachés avec mes mains, je les ai écrasés et laissés sur le sol. Malgré la quantité de sang qui coulait j'ai pris le temps de découper ta poitrine pour voir ton coeur. Histoire de me prouver à moi même qu'il n'était pas si brisé que ça finalement.

Le 4ème titre du nouvel album défilait.

"I told you a lie, when I said you were the love of my life"

J'irai danser sur vos tombesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant