Reconstruction 🌶️

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VAL:

Tant de temps s'est écoulé depuis mon départ précipité d'Adelaïde. Je suis en pleine année de Master, les choses sérieuses ont commencé et je réalise que les mois passés à travailler avec Basile Maquet ont été un avantage certain. Il a partagé son savoir et ses expériences avec moi, je me sens mentalement enrichie, je lui en serai éternellement reconnaissante. J'abat un travail considérable, et je sais au fond de moi que c'est la clef de la réussite.
L'anniversaire de la mort de mon père est dans 3 jours. Ma conscience ne cesse de me le rappeler. J'hésite à retourner à Adélaïde, juste une journée pour me poser près des tombes de mes proches et leur parler, leur dire ce que je ressens, ce que j'ai traversé cette année, et comment je suis en train de me reconstruire progressivement.
Ceci-dis, je suis terrorisée à l'idée de recroiser Démon, je ne veux absolument plus le voir. J'ai réussi à barricader mon cœur avec un mur de brique, je ne veux pas qu'il s'effondre, il est encore fragile. Que dois-je faire ? Une année que le dernier homme de ma vie a quitté ce monde. Une année s'est déjà écoulé. Mon cœur prend le dessus sur la raison, j'irais, je dois y aller. Je ne resterai que la journée, je vais prendre un vol aller-retour le jour-même. Pas besoin de bagage, pas besoin d'avertir qui que ce soit, pas besoin de donner d'explication, ma décision est prise, 24 heures pour honorer la mémoire de mon père, ma mère, et mon frère.

Le jour J, je suis stressée au possible. Et si Démon est là ? Et si je le croise ? Et si quelqu'un me voit et lui dit que je suis de retour ? 1h20 de vol durant lesquelles mes émotions me font perdre la tête. Et si cette décision soudaine de revenir à Adélaïde une journée était une mauvaise idée ? Maintenant que je suis dans l'avion, je vais aller jusqu'au bout. J'ai besoin de me recueillir.

Les mains moites et tremblantes, je monte dans un taxi, il est à peine 8h du matin, je crains tellement de croiser Démon au cimetière, c'est l'anniversaire de la mort de son président, du père de son meilleur ami, il va probablement y aller.
Mel, j'ai besoin d'elle, je prends mon téléphone pour l'appelé :

• Ouais Val ?
• Je te réveille ?
• Oui, mais pas grave. Tu as besoin de quelque chose ?
• Mel, je suis à Adélaïde pour quelque heures. Et j'aimerai...
Elle m'interrompt
• QUOI ? MAIS OÙ ES-TU ? JE VEUX TE VOIR !!!!!!
• Mel, je n'ai pas le temps, je veux me recueillir sur la tombe de mon père. Je ne veux pas croiser Démon, et j'ai besoin que tu m'aides à l'éviter.
• Val... je pense que vous devriez discuter tous les deux, tu sais il est...
Cette fois c'est moi qui l'interromps
• Laisse tomber Mel, je n'aurais pas dû te déranger
• Val, attend, excuse-moi ! Est-ce qu'on peut se voir, rien que 5 minutes ?
• Ok Mel, mais lorsque j'aurais fini ce pour quoi je suis venue.
• Si jamais les Skulls se réunissent à 11:00 au cimetière. Je ne pense pas que Démon y soit avant, vu son état...

Elle ne finit pas sa phrase, sachant très bien que je ne veux rien savoir le concernant.

• Merci Mel, je t'adore ! à tout à l'heure.
• A tout Val, je t'aime !

Je suis soulagée d'avoir un peu de temps devant moi avant l'arrivée du MC. Je passe chez le fleuriste pour prendre trois bouquets identiques. En entrant dans le cimetière, le calme et le silence m'apaisent. Je marche vers mes proches, le cœur battant, des retrouvailles particulières, mais retrouvailles tout de même.

Je dépose les trois bouquets, puis m'assoie sur l'herbe. Des larmes coulent sur mes joues, le moment est intense. Je me sens si seule, si au moins j'avais encore une personne de ma famille qui soit là pour m'épauler dans les difficultés, si seulement j'avais une personne avec qui partager des moments comme ceux-ci. Toutes la douleur, la frustration et le mal que j'ai accumulé cette année ressort. Je ne peux me retenir, c'était plus fort que tout, alors je pleure encore et encore. Ce n'est que lorsqu'une dame vient à ma rencontre pour me demander si je vais bien, que je me ressaisis.  Voyant l'heure sur ma montre, 10:40, je me lève brusquement, m'excusant auprès de cette personne et quitte précipitamment le cimetière, ne voulant croiser les Skulls qui se réunissent à 11:00.

Lorsque la raison s'oppose à la passionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant