Pour t'embrasser sous le Sun (Minsung)

[8] Saturn Peach

Point culture :

→ Regardez l'illustration juste au-dessus + Pluton a cinq lunes (Charon, Hydre, Nix, Kerbéros, Styx)

→ Charon conduit la barque sur l'Archéon (lac supposé avant la mort)

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[ Huitième shot de soleil ]

[🌕]

S'il avait eu à créer une drogue, Jisung aurait inventé le Saturn Peach, il l'aurait vendu en boulangerie et serait devenu millionnaire. Elle aurait eu la forme d'un beignet, le goût de la pêche plate, et aurait envoyé ses croqueurs faire le tour de Saturne avec ses anneaux. Il y aurait goûté parce que ça aurait été une conditio sine qua non pour le marché, et honnêtement même sans conditio il l'aurait fait, juste pour se rapprocher rien qu'un peu de la ceinture de Kuiper et du cœur de Pluton. On dirait qu'il n'avait qu'à inventer l'Uranus Peach, ou encore mieux la Neptune Peach s'il souhaitait atteindre la région de Tombaugh, lui répondrait que ça ne sonnait pas assez bien pour un nom de drogue, après le Space Cake et le Banana Fish, fallait innover.

S'éloigner du Soleil, oui Jisung voulait s'éloigner du Soleil, ici l'espace était encombré juste comme il ne fallait pas. Trop pour qu'il se sente tranquille et pas assez pour qu'il soit entraîné par la masse. Le cœur de Pluton depuis si longtemps l'attirait, il se demandait, comment faisait-il pour survivre aussi loin de la lumière ?, était-ce l'effet Éros ?, non Jisung s'emmêlait, c'était Éris, Éris l'astre voisin. Le seul qui soutenait Pluton dans ses vies de foules de cinq lunes et de millions d'astéroïdes. Dans ses vies trop proches de Charon. Pluton ne faisait pas le ménage autour de lui. Pluton n'était qu'une planète naine. Mais Jisung l'enviait, voulait se sentir comme lui, au milieu des corps c'était toujours lui qu'on regardait en premier, le seul sur lequel Éris gardait un œil protecteur, il se noyait dans l'espace, d'espace il en avait si peu, seul ?, il n'était jamais seul, il faisait partie intégrante de son système, ses mouvements étaient dirigés par la masse, il valsait avec Charon et Jisung aussi voulait valser avec lui, sans jamais se faire emporter sur l'Archéon, il voulait le faire se plier au ton de sa voix, l'obliger à tournoyer pour lui, autour de lui, lui-seul, au milieu de la foule.

Non Jisung n'était pas le Soleil, même dans une autre vie il n'aurait pas pu, il en était convaincu. Et s'il l'avait été, il n'en aurait pas voulu. Graviter au centre du groupe sans sentir la galaxie graviter sans toi, le centre de l'univers c'était bien orgueilleux, l'espace est infini, chacun pouvait le penser et tout le monde pouvait se tromper. Jisung ne le pensait pas et se trompait aussi. Chan le lui avait prouvé mathématiquement, qu'il était le barycentre de l'univers. Mais il n'avait pas tout compris parce que les maths n'étaient vraiment pas son domaine de prédilection et que Chan s'aventurait dans des raisonnements par l'absurde trop brouillardeux pour lui. Centre, barycentre, il mélangeait, synonymait, antonymait, non des synonymes étaient plus logiques ; Chan avait fini par abandonner : ce que t'as à retenir c'est juste que si l'univers est infini et qu'on admet que la matière noire à une masse, son barycentre peut être n'importe où, alors ouvre-toi l'esprit, merde ! Ces paroles avaient choqué Jisung, tout cela lui semblait dormir debout.

Alors ouvre-toi l'esprit, il l'avait fait. Et il était tombé sous le charme de Pluton. Avait voulu s'en approcher. Son imaginaire avait créé le Saturn Peach comme pour combler un manque par un rêve, raté. Maintenant il en songeait la nuit le jour assis debout, debout. Minho. Oh qu'est-ce qu'il aurait aimé être son Éris.

Mais il n'était ni Soleil, ni Pluton, et encore moins Éris ; barycentre de l'espace ou pas il voulait, du courage, pour fuir l'ombre du Soleil, pour suivre l'orbite de Pluton, poursuivre Éros..., et ce courage ? peut-être était-ce lui qui avait besoin d'un Éris pour le soutenir. Minho. Accepterais-tu d'être mon Éris ? Jisung parlait seul, rêvait seul, espérait seul. Évidemment qu'il ne lui demanderait jamais, évidemment. Qu'il ne comprendrait pas, évidemment. Qu'il refuserait.

Alors le Saturn Peach était sûrement une des meilleures solutions. Ce n'était qu'un voile cachant peu de chose qu'il lui fallait marier avec la musique, mais c'était toujours ça de rempli. Et puis pour combler le reste, ce qu'il faisait c'est qu'il repeignait sa chambre, en blanc, plus tard il y punaiserait un rouleau de feuilles d'imprimerie, blanches, sur lequel il pourrait écrire, dessiner, gribouiller, selon le talent en art plastique qu'il s'y découvrirait. Écrire, écrire des mots, des phrases, des paragraphes, écrire des poèmes, des dialogues, des textes, écrire, des listes de course, des résultats de loto, des articles, écrire, lui, journaliste improvisé sur les murs du bâtiment public.