3. ceux qui lui ont fait du mal

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Un box impersonnel ouvert à tous vents, seulement séparé des autres par un drap bleuâtre usé par le temps.
Son corps étendu sur le brancard.
Une seconde qui semble durer des heures.
Des millions de détails viennent s'entrechoquer dans mon esprit.
Son torse dénudé et marqué de larges marques rouges.
Sa peau blanche.
Ses longs cils noirs fermés formant un éventail sur ses joues de poupée, masquant ses magnifiques yeux bleus bébé.
Son corps raide.
Immobile.
Ses petits pieds qui dépassent de la housse. L'un est chaussé, l'autre nu laissant entrevoir ses petits orteils peints en rouge.
Un choc.
Sa poitrine qui se soulève.
Son bras cerclé par un appareil de mesure. Ses bras bardés de fils de perfusion. Ils sont bien trop délicats pour supporter autant de piqûres!

Un instant suspendu par le temps.

Deux infirmières me poussent vers les portes pour me faire sortir du bloc et m'éloigner de la femme de ma vie. Lou.

Deux agents de sécurité qui m'encadrent. C'est flou.
Un homme en blanc qui me parle.
Un médecin. C'est confus.
je ne comprends rien. Rien. C'est vague. Tout est vague dans cet hôpital. La seule chose tangible c'est Lou. Qui va mal. Qui souffre. Dont la vie ne tient qu'à un fil. Qui lutte peut être encore, a quelques mètres de moi.

Il saisit mon visage et je n'ai même plus la force de me dégager. On me pousse dans un box comme celui de Lou mais bien loin d'elle. Je n'ai pas envie d'être la. Je veux etre avec elle mais mon corps ne m'obéit pas. C'est comme si mon esprit observait la scène depuis ailleurs que mon corps. On relève ma chemise et on me pique avec quelque chose. Et en peu de temps mon esprit s'évade.

Quand je me réveille, ma mère est à mon chevet. Et j'ai une conscience aiguë d'être dans un hôpital immédiatement . Ma mere. Elle n'avait fait qu'entrevoir Lou au mariage puisque son vol avait atterri juste avant la cérémonie et qu'un mariage n'est finalement qu'un tourbillon de gens, de musique et d'amuses-bouche. Et bon sang... Il y avait tant de gens ce jour là. Mais une seule personne comptait. Lou. Mon trésor.
Lou.

"- Lou? Est ce qu'on sait si...?" Elle hésite puis y va franchement. C'est l'avantage. Elle ne sait pas dissimuler.
"- ils ont réussi à la stabiliser mais son état est très grave... Les médecins pensent... Ils ne savent pas si... C'est probablement... Bientôt fini pour elle..."
"- je veux la voir!"
"- dans ton état, je..."
Un seul regard suffit à la faire taire.  Elle s'éloigne du box quelques secondes et revient avec une infirmière qui débranche mez perfusions.

Deux de mes gardes du corps apparaissent et me lèvent pour me poser sur un fauteuil roulant et ma mère me pousse doucement a travers les couloirs jusqu'à une porte a la peinture fatiguée.