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C'est aujourd'hui'hui, aujourd'hui'hui que toute ma vie va basculer.

Il y a peine deux semaines mon père m'a annoncé qu'on déménageait de Géorgie pour aller à New York, la ville qui ne dort jamais.

Je suis tellement en colère et triste à la fois, il est entrain de m'arracher au peu qu'il me reste. Ma vie est ici, mes amis, mon copain, ma maison.

Et puis, j'ai surtout réalisé que tous les souvenirs avec ma mère étaient aussi dans cette ville et dans cette maison, la maison ou j'ai grandi. Je sais que pour mon père c'est très dur et qu'il a encore du mal avec son décès, tout lui rappelle que ma mère est morte ici et ca le dévaste je le vois bien. C'est aussi douloureux pour lui que pour moi.
Mais le truc avec le cancer c'est que tu as beau essayer d'accepter ce qui est arrivé à ton proche, tu es incapable de comprendre, pourquoi elle, pourquoi si jeune, pourquoi, pourquoi, pourquoi. Et ca me met tellement en colère et plus j'ai envie d'hurler à la terre entière ma peine plus je suis triste. Triste de réaliser que je ne la reverrai jamais, qu'elle ne me verra pas diplômer, ou marcher jusque'a l'hotel le jour de mon mariage. Triste de me dire que mes enfants ne connaîtrons jamais leur grand mère. Triste de me dire qu'elle ne me réconfortera plus jamais.
A vrai dire triste est un faible mot pour dire ce que je ressens, je suis plutôt anéanti.
J'aurais préféré que se soit moi plutôt qu'elle...

Alors quand l'associé de mon père lui a proposé de muter pour qu'il soit plus prêt de l'entreprise, à New York, mon père y a vu une occasion de faire table rase du passé et de tout recommencé. En laissant toute notre tristesse, toute notre peine en Géorgie.
Si seulement c'était aussi simple.
Ce qui explique pourquoi aujourd'hui je suis assise dans un avion, terrifié à l'idée de devoir recommencer ma vie.

Je suis terrifié à l'idée de devoir tourner une page sans y inclure ma mère. A vrai dire tout cela tiendrait que de moi, je me levais de cet avion et sauterai pour retourner chez moi. Il m'arrive souvent depuis qu'elle est partie quand je sens que tout part en vrille de fermer les yeux et de m'imaginer encore dans mon ancienne vie. Quand ma mère, chaque dimanche matin, nous préparait des gaufres, on s'asseyait mon père et moi dans le canapé et pendant des heures on regardaient des films à l'eau de rose blotti sous d'épaisses couches de plaids. Je me souviens de l'odeur, des textures comme si tout était encore réel.
Mais ce n'est malheureusement pas le cas, ce n'est qu'un souvenir permis tant d'autres. Et je vais devoir continuer à vivre avec ce sentiment toute ma vie.

Heureusement je sais que je peux compter sur mon père et que mon père peut compter sur moi. On est plus fort que ça lui et moi, on s'en sortira...

« Mesdames et monsieur veuillez rejoindre vos sièges, accrocher vos ceintures et fermez vos tablettes, nous entamons la descente »

Tout s'est passé extrêmement vite, nous avons récupéré nos valises, monté dans un taxi et nous voila devant un immense building, qui est apparement mon nouveau chez moi.

Mon père insère les clés dans le verrou, ouvre la porte et entre directement. Moi je suis paralysé, sur le pas de la porte impossible de dire à mes jambes de bouger.

-allé ma chérie entre, tout va bien se passer je te le promets, me dit il gentiment.

J'ai envie de lui hurler dessus, de lui dire que je déteste cette ville, cet appartement et probablement mon nouveau lycée.
Mais j'ai pas le droit de lui faire ça, lui qui fait tellement d'effort.
Alors je ravale une fois encore mes larmes et entre dans la demeure.

Le quartier est sympa, l'appartement aussi, assez grand et spacieux. On a une jolie vue sur la ville et une piscine intérieure au dernier étage de l'immeuble, accessible à tout les propriétaires, ce qui est plutôt cool. Puis le dressing dans ma chambre aussi est cool.
Je passe mon samedi à décorer ma chambre sachant que je suis une grande fan de Pinterest et puis ça m'occupe l'esprit, ça m'empêche de penser à lundi. C'est-à-dire à ma rentré en Terminale sachant que je vais être la petite nouvelle qui débarque 1 mois et demie après la rentré officielle. J'ose à peine imaginer la quantité de travail qui m'attend.
Je suis en train d'accrocher une énième guirlande lumineuse quand mon père toque à ma porte :

The night we met Où les histoires vivent. Découvrez maintenant