Puis je t'ai perdu

II• Tickets

-Nahara-

Hier soir, j'ai enfin terminé cette série de malheur. Je suis sûre que ceux qui n'ont pas de problème avec l'un des acteurs ont regardé ces quelques épisodes en à peine une journée.

J'ai pris quatre jours seulement, mais c'était trop long pour Serena apparemment.

Je suis sur le chemin pour rentrer à la maison après une longue journée. Après les cours, je travaille au Starbucks et c'était bien long...

Je ne devrais pas me plaindre car ma vie n'est pas fatigante. Je ne travaille pas souvent. Uniquement quelques fois par semaines pour avoir assez d'argent de côté.

Seulement, aujourd'hui fait parti de ces jours où le monde est contre moi.

Un client a renversé sa boisson, ce qui a fait tombé un autre qui lui aussi a donc fait tomber son chocolat viennois que je venais de lui tendre.

Évidemment, c'est moi qui ai dû tout nettoyer.

Mon supérieur ne m'apprécie pas et Maëlo n'était pas avec moi durant cette journée puisque je rattrapais des heures perdues.

J'ai tellement mal aux bras.

Tout ce que j'attends, c'est de rentrer, de prendre une bonne douche et de recommencer une énième fois Gossip Girl.

Lorsque je passe la porte d'entrée, je me rends compte que l'ambiance est bien trop calme.

Serena m'a prévenu qu'elle passait déposer des colis qui vont partir aux États-Unis. Parce qu'évidemment, ma colocataire — et ma seule amie du conservatoire — part s'installer à New York. Pour de bon. Elle me laisse tomber pour un autre Conservatoire.

La traîtresse.

Je dépose mes affaires dans le placard d'entrée et m'enfonce directement dans le vieux canapé en cuir des parents de Serena.

Je ne sais même pas comment je vais réussir à garder cet appartement quand elle partira. Elle a payé sa part pour trois mois de plus mais il n'empêche que je vais devoir chercher une autre colocataire rapidement. Ou sinon, je déménage.

Ce logement est déjà un luxe dont je ne peux pas me priver. Je me dois de faire en sorte de le garder. Dans le centre de Londres, tout est beaucoup trop cher.

Je m'estime chanceuse.

Toutes ces histoires d'argent, de déménagement, ça m'angoisse. Si je peux fuir, je le fais sans même hésiter.

— AHHHHH, crie la voix de ma coloc en sortant de sa chambre.

Oh... elle était là ?

— JE LES AI ! JE LES AI, hurle t'elle hystérique.

Je m'assois tout en attendant qu'elle se calme pour m'expliquer pour quelle raison elle agit ainsi.

Je l'observe sautiller de la cuisine jusqu'à la télévision au moins une dizaine de fois. Jusqu'à ce qu'elle se lance sur le canapé comme si c'était un trampoline.

— Tu te rends compte ? C'est fou, s'exclame t'elle en me regardant heureuse.

Je souris. Je le fais même si j'en ai aucune envie. Je me force pour qu'elle ne remarque pas ma tristesse profonde.

Même si chaque sourire qui s'étire sur mon visage, est une larme silencieuse.

Madame Doyle me conseille toujours de m'exprimer, de laisser sortir mes inquiétudes, mes angoissent et ma rancœur mais c'est impossible.