CHAPITRE 4 : Cauchemars et souvenirs

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Une immense salle vide. Un carrelage si clair qu’il paraissait translucide, des lustres en cristal, de magnifiques fresques ornées de motifs floraux et de feuilles d’or. Un buffet recouvert d’une nappe blanche avait été placé dans un coin. Des chandelles y avaient été déposées et l’on pouvait apercevoir des candélabres en argent et aux flammes bleutées disposés un peu partout dans la pièce. 

De toute évidence, il s’agissait d’une salle de bal et le riche décor que pouvaient contempler les domestiques ne laissait pas de doute quant à la classe sociale des invités. Ces derniers entraient tout juste dans la salle, tous vêtus de robes de satin ou de soie étincelantes, incrustées d’or ou de diamants, ou de tenues de soirées élégantes fais dans les tissus les plus coûteux pour certaines.

Comme chaque année, l’Assemblée des Vampyrs et des Mages se tenait au Manoir des Anderson. Célèbre et noble lignée magique, les Anderson étaient réputés pour les nombreux Vampyrs présents dans la famille. La magie jouait également son rôle quant à leur bonne réputation au sein de la haute société. 

Accoudé dans un coin sombre de la pièce, Archibald Anderson, tout juste âgé de 15 ans, regardait ces gens s’échanger des banalités, des verres remplis de sang dans les mains des uns et des coupes de champagnes pour les autres. Entre les courbettes, les salutations, les belles paroles pour s’amadouer les uns et les autres, Archi avait l’impression que la soirée allait être interminable. Fort heureusement, lui et Tora avaient prévu de s’éclipser après que toute la famille Anderson aurait fait une apparition sur la piste de danse. 

Tora était la petite sœur des faux-jumeaux Archibald et Majvor Anderson. Seule fille dans la fratrie, elle avait 13 ans. Elle ressemblait en tout point à son grand frère. Même teint pâle, mêmes prunelles couleur d’encre, idem pour ses cheveux qu’elle portait longs et lisses, contrairement à Archi qui les avait toujours ondulés. 

Archi se sentait oppressé dans cette ambiance où tout n’était que jeu de regards. Chaque œil était braqué sur un invité ou plus, à l'affût du moindre faux pas, de la moindre erreur, de la plus infime imperfection qui ferait, aussitôt remarquée, l’objet des critiques et des jugements. 

Archi aurait aimé pouvoir fuir. Fuir loin, très loin. Partir ailleurs. N’importe où. Fuir avec Tora. L’emmener loin de cette famille où ils étouffaient, tous les deux. N’importe où, pourvu qu’il n’ait plus à s’incliner devant le moindre petit bourgeois. Partir quelque part où il n’aurait pas à jouer un rôle pour pouvoir exister. Aller dans un endroit sûr, réconfortant, rassurant où il pourrait être lui-même. 

Partir. Loin de leurs regards, loin de leurs jugements. 

La scène se flouta sous ses yeux et sembla même accélérer dans le temps, comme un film qu’on aurait fait avancer. 

Archi se retrouva sur la piste de danse, au cœur même de la salle. Une jeune fille aux cheveux roux flottant dans l’air. Aux yeux marrons qui contrastaient avec son teint bleu clair. Elle portait une magnifique robe blanche ornée de roses rouges artificielles qui venaient décorer sa tenue. Il s’agissait de Moïra McDowell. 

La scène changea à nouveau, dévoilant cette fois-ci un groupe de Vampyrs qui étanchaient leur soif de sang, vidant des dizaines de verres contenant le précieux liquide écarlate. Archi et sa petite sœur passèrent devant eux avant de quitter la pièce en courant. Ils n’étaient plus au manoir. Ils passèrent devant des squelettes animés, des morts-vivants et des revenants qui faisaient la fête autour d'une grande table où se trouvaient divers plats et boissons. La musique résonnait, contrastant fortement avec la tendresse de la harpe ou la douceur des airs de piano que devaient jouer les musiciens en ce moment-même au manoir des Anderson. 

La Roue de la RuineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant