"Once something is a passion, the motivation is here."
Michael Schumacher
-... Que mon cœur n'ait plus de sentiments...N'importe quel sentiment. Si mon cœur ne ressent rien, mon imagination ne pourra pas fonctionner et je ne pourrai plus écrire. Que mon cœur n'ai plus de sentiments, voilà ma plus grande peur.
La sonnerie retentit dans le couloir, les élèves ramassent leurs affaires dans un grand brouhaha et sortent déjeuner. Une main se pose sur l'épaule du garçon qui vient de s'exprimer.
-Viens Jess, on va déjeuner.
Le dénommé Jess se retourne. Son meilleur ami Rafe, le regarde de ses grands yeux bleus qu'essaye de cacher sa petite mèche brune et lui sourit de ses dents blanches. Jess se lève en traînant les baskets, ramasse son cahier et sort de la salle de cours avec Rafe. Passant devant un miroir il s'arrête, et observe l'image renvoyée par la glace toute sale. Un garçon grand en jean bleu marine accordé à un sweat à capuche rabaissée sur ses bouclettes blondes, et aux baskets Nike défoncées le regarde de travers. A côté de lui, une ombre de la même taille se dresse, pantalon beige et pull noir.
Jess ne ressemblait pas à Rafe, il était plutôt son opposé, sauf pour la taille. Seul point sur lequel ils se rejoignaient physiquement.
Rafe empoigne le bras de son ami et le traîne à travers les couloirs gris.
-Allez, dépêche sinon il n'y aura que des restes, rouspète le brun.
-Tu penses que mon cœur n'aura plus de sentiments un jour ?
Rafe se retourne.
-Jess ! Arrête, ça n'arrivera pas ! Et puis je suis sûr que ton imagination s'en sortira très bien toute seule !
-Non Rafe...Je t'assure que non...
-Ça n'arrivera pas...Ça ne peut pas arriver, hausse les épaules Rafe.
Le garçon brun empoigne un plateau et commence à se servir. Le blondinet reste pensif quelques secondes, puis rejoint son ami déjà en train de chercher des places où s'assoir.
Devant leurs plateaux, les deux amis rient de bon cœur.
-Pourquoi j'ai pris philosophie ! Se lamente Rafe.
-On a aussi pris histoire, et économie, soupire Jess.
-La première, ce n'est pas incroyable pour l'instant.
-Non pas vraiment...Après ça fait qu'une semaine qu'on est rentrés, observe justement Jess.
-Le temps passe, passe, lent...
-...lent, il se lamente et se repend, achève en riant Jess.
-Cette phrase n'a aucun sens ! Se moque à son tour Rafe.
-Je ne sais pas ce qui est passé par la tête de la prof de français mais ce n'était pas du Ronsard !
-Bon alors ton projet de devenir pilote Formule 1, tu l'as exposé à tes parents ? Redevient sérieux Rafe.
Être pilote de formule 1...Le grand rêve de Jess, inatteignable. Il faisait du karting et c'était déjà beaucoup pour ses parents qui ne voyaient pas l'utilité de ce « sport ».
-Non, et sûrement jamais. Ça restera un rêve...
-T'y arriveras, moi je veux t'y voir ! Tu ne fais pas toutes ces compétitions pour rien.
-Et toi, tes plans d'avenir ?
Rafe s'étire en soupirant.
-Bof, pas très promettant...Je commence à croire que la publicité ce n'est pas pour moi.
-Tu me feras des pubs une fois que je serai célèbre.
-Mais oui bien sûr, pouffe de rire Rafe.
Les deux garçons se relèvent et sortent dehors. Le groupe des « populaires » est en train de jouer aux volley. Les deux amis s'assoient sur la pelouse, à l'écart des autres élèves. Le soleil d'été rend ses derniers rayons et chacun en profite au maximum.
-Tout le monde à l'air heureux, si on prenait une photo on ne verrait que des adolescents qui s'amusent dans l'insouciance de l'avenir, observe Rafe.
-La sensation qu'on est intouchables par le temps et que la vie restera comme ça pour toujours est une illusion charmante, ajoute Jess en passant sa main à travers ses boucles.
-Pourquoi pas devenir poètes, lance soudainement Rafe en brisant le calme qui s'était doucement installé.
-Poètes...Poètes, ce n'est plus une place, plus un métier.
-D'après qui ?
-La société.
-La société ? Cette chose qui déforme sentiments, valeurs, innocence, mots... Cette société ? Elle n'a rien à m'apprendre ou à m'ordonner. A nous ordonner, rectifie Rafe.
-J'aimerai bien Rafe, mais la société dicte tout. On ne peut pas la changer c'est un mécanisme enclenché, et tant que les hommes continueront de vivre dans ce déni de réalité qui perd son sens et sa beauté, on pourra sauver personne.
-Pas même la poésie ?
-La poésie n'intéresse que les blessés et déçus de la vie. Qui veut chercher un sens à cette vie quand tout va bien et que les inquiétudes n'existent pas ?
Rafe se rallonge.
-Alors on écrit pour quoi ?
-Je ne sais pas, on a pas de but Rafe. On écrit parce que c'est beau, parce qu'on peut s'exprimer et s'adresser à une feuille qui ne dira jamais rien des secrets qu'on lui confie. Personne n'écrira la même chose, c'est trop personnel.
-On est si différents dans ce qu'on écrit, rit Rafe. Toi le penseur, le réfléchi et moi le rebelle joyeux. Après c'est plus simple pour toi, tu peux monter dans ton kart et foncer droit devant.
-Il y a des virages quand même.
-C'est vrai. Mais il n'y a que toi qui puisse décider si tu veux tourner ou continuer tout droit...dans le mur.
Jess rit à son tour, mais est coupé par la sonnerie.
-Back to work baby ! S'exclame Rafe en se levant d'un bond.

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300km/h de rêves.
Teen FictionJess vient de gagner son premier grand prix, mais découvre que ses amis d'enfance l'ont écarté d'un secret qui voulait dire beaucoup pour lui. Trahi, Jess transforme sa rage en vengeance et se construit une carrière de pilote fantastique. Accompagne...