300km/h de rêves.

Chapitre 33 : La violence des paroles véridiques.

Monza. Italie.

-Jess !

Le pilote en combinaison rouge se retourne. Quentin court vers lui.

-Jess attends !

L'intéressé enlève ses écouteurs. Qu'est-ce qu'il lui voulait encore. Monza était une des courses les plus importantes pour Ferrari. Jess ne devait pas se rater, et pour cela il devait être le plus concentré possible. RedBull allait se déchainer ce week-end, la bataille ne se passera pas seulement sur la piste mais aussi dans le paddock. Jess avait besoin de toute la force mentale qu'il pouvait avoir.

-Tu disais ?

-Attends, il faut qu'on parle. Rafe est-

-Maintenant, tu veux me parler de ce qu'il se passe ? Tu as 5 ans de retard. Il fallait si prendre avant, répond le pilote agacé.

-Jess !

-Quoi ? Tu veux parler ? Attends-toi à avoir la vérité , car moi, Quentin je ne la dis pas à moitié.

-Je ne viens pas besoin parler de ça.

-Comme si tu avais déjà voulu un jour.

-Plus tard si tu veux.

-« Plus tard » ? Dans 30 ans ? « Si je veux » ? Tu penses pas me devoir des explications ?

-Jess, je suis désolé, mais je viens juste te dire que-

-C'est au sujet de Rafe c'est ça ?

-Oui.

-Pourquoi il passe par toi ?

-Parce qu'il a cassé son téléphone en venant, et que je viens de le voir. Donc il ne pouvait pas te prévenir qu'il était là, et qu'il a quelque chose à te dire ! S'énerve Quentin.

-Ok.

-Ok ?

-Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je répare son téléphone ? Je suis pilote Quentin. Et tu devrais t'en souvenir car je suis une des raisons pour lesquelles tu n'es pas souvent sur le podium.

-T'es vraiment qu'un sale con d'égoïste.

-Moi ? MOI ! Je t'ai présenté à la fille que j'aimais, tu me l'as volée, et ne m'as rien dit pendant 5 ans sur son état. Et c'est moi le sal égoïste ? Va te faire voire Quentin !

-Pourquoi tu ramènes tout à Aurore ? Elle a fait son choix ! Et tu n'en fais pas partie. Là je te parle de ton meilleur ami ! Mais si tu préfères ta jalousie et bouder comme un enfant au lieu de le voir, c'est ton choix. Il est aussi con que ta mentalité.

-Tu ne sais rien. Tu ne comprends rien. J'aurai tout fait pour vous. Je me serai crashé pour vous. Et vous m'avez écarté. Maintenant j'essaye de me relever après que vous m'ayez détruit, donc s'il te plaît laisse-moi.

-On t'a écarté pour t'aider-

-Arrête tes conneries ! Tu ne comprends pas putin ! Vous m'avez laissé sur le côté sans rien me dire, petit à petit. Tu sais quoi ? J'en ai marre que tu continues à me rappeler que je n'ai pas le droit d'être aimé comme toi tu l'es. J'en ai marre de vivre dans ce trou noir où vous éteignez toute lumière qui peut m'aider à avancer. Je ne vais pas rester à vous regarder saboter ma vie et les efforts que je fais pour m'en sortir.

J'ai simplement une demande :Ne reviens jamais me voir. Toi et les autres.

-Jess...S'il te plaît...Rafe veut te dire que-

-J'ai pris ma décision Quentin, vous m'avez poussé à bout...Rafe veut me dire quelque chose ? Qu'il vienne me chercher au lieu de t'envoyer.

Quentin ne comprend plus son ami. Jess est illisible, son cœur est comme éteint.

-Et nos rêves de gosses alors ? Rester pour toujours amis ? Tu l'as oublié ?

-Ce n'étaient que des promesses d'adolescents...que vous avez détruites.

Jess se retourne et remet ses écouteurs, son œil droit scintille un peu, mais redevient très vite sec au rythme de la musique qui l'entraine vers le garage. Quentin regarde son ami s'en aller, impuissant. Il l'avait touché en plein cœur, l'avait criblé de balles remplie de paroles qui étaient...pleines de douleur et de vérité, mais le regard du tueur n'avait pas vacillé. Il était toujours rempli de cet éclat : La haine et la colère. Jess avait changé. Complètement.

Au fond de son cœur restait-il l'ancien Jess qui pardonnerait un jour ses amis ? Reviendra-t'-il ?

Jess arrivé dans le garage, avait déjà oublié la discussion survenue plutôt. Son esprit lui criait qu'il n'avait besoin de personne, et qu'il réussirait son objectif. Il fait quelques étirements et exercices, puis remonte jusqu'en haut sa combinaison.

-Plus que 30 minutes avant le début de la course. L'avertit Jean.

Jess ne se faisait pas de soucis, il était en pole position. La piste était à lui et il comptait bien la dominer.

-Pas de problèmes ?

-Tout est bon. Tu feras attention dans le tour 7, Max Verstappen a glissé hier. Ça serait dommage de se sortir de la piste.

-Compris.

Un deuxième pilote en combinaison rouge rentre dans le box.

-Jess ?

-Oui ?

-Tu peux venir deux minutes s'il te plait ?

Jess hausse un sourcil, mais suit son coéquipier dans le garage.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Quentin vient de passer...Il était en train de pleurer... Qu'est-ce que tu lui as dit ?

-La vérité.

-Jess-

-J'ai fait la bonne décision. Maintenant je veux me concentrer sur la course. Je n'ai pas à m'inquiéter pour eux et savoir s'ils vont bien.

-Mais ce sont tes amis Jess !

-Non. Je ne les considère pas comme ça. Pas maintenant en tout cas.

-Fais comme tu veux, mais ne t'égare pas sur ce chemin de solitude. Tu vas le regretter. Quand tu te retourneras et verras qu'ils sont ensemble en train de rire et que toi tu es tout seul...Tu t'en voudras.

-On verra à ce moment-là.

Sur ce, Jess tourne les talons et rentre dans son box.

-Tout va bien ? Il te racontait quoi Charles ? Lui demande Jean.

-Des conseils, répond Jess.

-Tu vas les appliquer ?

-Le temps me le dira.