Je franchis le seuil de la bibliothèque abandonnée avec une curiosité mêlée d'appréhension. Là où jadis les esprits assoiffés de connaissances se rassemblaient, la nature avait désormais repris ses droits. Les rayons de livres, autrefois rangés avec soin, s'inclinaient sous le poids de l'oubli, de l'humidité et du temps qui s'était infiltré dans ces murs de pierre séculaires. Le parquet craquait sous mes pas hésitants, comme s'il tentait de me murmurer des secrets oubliés depuis longtemps. Les fenêtres, autrefois claires et propices à la lumière du jour, étaient maintenant des toiles d'araignée aux reflets argentés, déformant les rayons du soleil filtrant à travers les vitres brisées. Les rideaux déchirés, pâles spectres de leur splendeur passée, ondulaient doucement dans la brise silencieuse. La poussière flottait dans l'air, comme des âmes en suspens, et le silence pesait lourd sur mes épaules. L'atmosphère était à la fois inquiétante et étrange, chargée de mystères que je désirais percer, mais qui me faisaient frissonner d'appréhension. Je ressentais la présence de ceux qui avaient arpenté ces allées autrefois, de leurs esprits qui semblaient encore hanter ces lieux. Les étagères croulaient sous le poids des livres en décomposition, des manuscrits oubliés, de la sagesse enfouie dans l'obscurité. Les reliures craquaient et grinçaient, comme si les ouvrages eux-mêmes tentaient de raconter leurs histoires, de révéler les connaissances enfouies depuis des siècles. Les murs étaient tapissés de moisissure et de lichens, des plantes grimpantes escaladaient les colonnes, s'enroulant autour des lustres autrefois majestueux. Là où jadis régnait la sérénité de la connaissance, une végétation sauvage avait pris racine, transformant cette bibliothèque en un sanctuaire de l'étrangeté. Je m'avançais plus loin, cherchant à déchiffrer les titres effacés des livres, à saisir les mots du passé. Les ombres semblaient se mouvoir dans les coins sombres, comme des gardiens de ces secrets perdus. Les murs semblaient murmurer des poèmes oubliés, des récits oubliés, des tragédies oubliées. Je fus submergé par une vague de mélancolie et de fascination. Dans ce lieu où la nature avait repris ses droits, où le temps s'était figé, je me sentais à la fois étranger et en communion avec le passé. Cette bibliothèque abandonnée était un monde à part, où le mystère et la beauté de la décadence se mêlaient dans une danse macabre, et je me laissais emporter par cette étrange et inquiétante harmonie.
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Les mots sont une mélodie
Random"Cela me plait d'imaginer le vent emportant mon parfum et glissant autour de vous. J'ai l'impression, d'être légère, légère et de voler moi-même dans le vent."