FADED - Charles Leclerc

𝐭𝐫𝐞

Avant de revenir à l'hôtel, j'étais passée voir Esteban au niveau des interviews. La journaliste qui l'interviewait m'avait reconnue et profitait de ma présence pour me poser des questions. Habituée à ce genre d'interview lorsque nous étions en Formule 2, Esteban et moi retrouvions notre complicité d'avant. Je lui fis comprendre par mes réponses aux questions que j'avais un poste chez Ferrari, bien que Pierre ait déjà dû lui en glisser un mot. La journaliste me remercia de lui avoir accordé du temps et me fit gentiment comprendre qu'il fallait que je parte, voulant poser des questions à Esteban seulement.

Par la suite, j'étais rentrée à l'hôtel. L'écurie n'avait plus besoin de moi pour aujourd'hui, sachant pertinemment qu'une réunion aurait lieu mercredi prochain pour faire le point sur la course de ce week-end et la prochaine. Sainz, Leclerc et tous les autres allaient encore être assaillis d'interview pour les prochaines heures à venir. Toutes ces interviews ne me manquaient pas, c'était d'ailleurs la seule chose que j'avais eu plaisir à abandonner en laissant mon rêve me passer à côté.

Charles était venu me trouver avant que je ne parte du paddock, me précisant que l'on se retrouvait en bas de notre hôtel avant d'aller en boîte de nuit. Encore marquée par le jet lag, je décida de m'allonger dans mon lit et de faire une sieste les quelques heures précédant la soirée.

L'excitation de ce week-end de Grand Prix, les souvenirs d'il y a cinq ans...Pleins de pensées et d'émotions se bousculaient. J'en veux toujours à Charles pour ce qu'il m'a fait sur la piste lors de mon dernier grand prix. Je n'ai jamais eu de conversation avec lui à propos de cet événement, mais j'ai pu entendre ses remarques dans les interviews.

Quatre ans plus tôt, 8mois après l'accident

—Charles, revenons sur votre dernière saison en Formule 2. Maintenant que vous êtes en Formule 1 et avez gagné en expérience et maturité, que pensez-vous de l'accident de Sara Ferragni, principale candidate de l'équipe Ferrari à ce moment là ? demanda le journaliste alors que des images de l'accident étaient diffusées derrière lui.

—Je pense qu'aucun de nous n'aurait pu prédire ce qui allait se passer. Sara était une pilote très performante et je pense que-

—Rappelons aussi que vous n'étiez qu'un deuxième choix pour la Scuderia Ferrari et que Ferragni était déjà vice championne de Formule 2. Est-ce qu'il n'y avait pas une part de jalousie à ce moment là?

—Eh bien... Je ne sais pas trop où est-ce que vous voulez en venir... Bien sûr, j'enviais les performances de Sara et ces opportunités, mais l'accident n'était en aucun cas volontaire, expliqua Charles.

— Regardez ces images, Charles. Vous avez certainement dû les regarder plusieurs fois, mais revenons sur le moment de l'impact. Sara se trouve a l'intérieur du virage et vous tentez de la dépasser par l'extérieur. Regardez vos roues, elles frôlent celles de Sara et vous donnez ensuite un coup de volant qui fera que votre monoplace percute celle de votre adversaire. Comment expliquez-vous cet à-coups ?

—Écoutez, je ne suis pas là pour reparler de ce malheureux accident. Nous avons étudié ce qui s'est passé sous tous les angles, et les choses sont ce qu'elles sont: Sara a malheureusement été forcée d'abandonner le sport automobile et je suis maintenant Pilote pour Ferrari. Si vous le voulez bien, passons à une autre question, demande Charles, agacé.

La sonnerie de mon téléphone me sortit de mon sommeil, je pensais l'avoir mis pourtant mis en silencieux. Je tendis la main en tâtonnant sur la petite table à côté du lit pour l'attraper et regarder l'écran. C'était Pierre qui m'appelait, et il était déjà vingt-et-une heure.