PROSE

2 1 0
                                    

La lune aux yeux de perle répand sur la ville assoupie un somptueux éventail de rayons argentés qui éclairent sans lumière la noirceur de l'imaginaire. Et mon âme vagabonde d'étoile en étoile en suivant un chemin étroit et sinueux tout à la fois. Je contemple cette masse uniforme du haut de ma solitude et dans ce brouillard épais et glauque, où les fils d'eau fine filent et coulent et se confondent avec un voile d'astres luminescents, j'entends le silence et je vois l'infiniment grand. Le néant est partout et nulle part. Les étoiles brillent de toute leur puissance et illuminent les voies larges de la pénombre. Des colonnes du ciel ne descendent ni ne montent, mais toutes dans un sens se réunissent. Et parfois, avec un peu de patience, on peut surprendre une planète qui s'éteint et se déplace à vive allure pour aller mourir au firmament des planètes. Tout autour d'elle s'enflamme et s'enfuit. Des feux multicolores s'embrasent de partout sans rien former de concret ou d'irréel. Mes yeux s'enrhument, s'embrument, pleurent et se consument. Au centre de ce spectacle d'artifices, l'onde est là qui, paresseuse, lascive et voluptueuse, promène ses vaisseaux insolites. Derrière eux se propagent force remous et vaguelettes emportant avec eux amour, envie et tristesse. La langueur monotone m'envahit, le bleu du sommeil me fascine et m'appelle. Je songe à rentrer et c'est repus et accablé que je tourne les talons à regret, laissant sur mon passage de la poussière d'azur sur le panorama de Mont-Saint-Aignan endormi.

PROSE

linguistique cours fac de lettres

10mn essai libre


La Rose & le GrimoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant