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23 décembre

James

Les yeux grands ouverts et un bras posé nonchalamment au dessus de la tête, je me laisse le temps de sortir des limbes d'un sommeil sans rêve. Depuis mon réveil, les images de la veille me reviennent sans cesse et tournent en boucle dans mon esprit.

Hier soir, j'ai perdu l'une de mes plus fidèles clientes. Après ce qui vient de se passer, impossible de continuer à travailler avec Carla Sommerville. Je n'avais encore jamais couché avec une patiente, et ce matin je me sens complètement vide et coupable. Coupable d'avoir succomber à la luxure avec cette femme qui ne représente rien pour moi. Que je n'aime pas et que je ne désirais même pas jusqu'à hier soir.

Après m'être rhabillé, je me suis enfoncé dans le manque de professionnalisme dont je venais de faire preuve. J'ai remballé mes affaires et suis parti sans même administrer les soins que Carla attendait à l'origine. Bon, sans compter la partie de jambes en l'air qu'elle me réclamait silencieusement depuis des lustres.

À cet instant, je m'en foutais qu'elle puisse passer les fêtes avec le dos en vrac, je n'avais qu'une envie : fuir et avaler un grand verre de scotch, ce dont je n'ai pas manqué en arrivant à la maison et après avoir libéré Doris de ses fonctions.

Je me frotte les yeux pour m'aider à émerger un peu plus vite quand la porte s'ouvre doucement en grinçant. Il y a des lustres que je dois graisser les charnières. Quatre ans sans doute.

Une petite tête blonde contourne le lit à baldaquin au sommier rehaussé – une lubie de Lucy – et tente maladroitement de se glisser sous la couette. Je ferme les yeux, feignant de dormir et laisse Lenny prendre place à mes côtés. Encore une chose qu'il n'avait jamais fait auparavant.

Son petit corps encore chaud vient se lover contre moi.

— Papa... chuchote mon petit garçon. Tu dors ?

J'ouvre alors les bras et fond sur ma petite proie qui éclate de rire sous les chatouilles que je lui administre.

— Arrête ! Arrête ! crie Lenny en se débattant comme un petit diable. Tu me chatouilles !

La tête rejetée en arrière, mon fils n'en finit plus de rire, les joues rougies. J'arrête le supplice quand son petit corps menace de passer par dessus bord.

— Voilà ce qui se passe lorsqu'on ose réveiller le maître des lieux, je dis d'une voix gutturale.

— Promis, je le ferais plus, papa.

Les yeux brillants d'excitation, Lenny semble péter la former. Déjà accroupi, il saute sur le matelas, semblable à un petit ouistiti. Ou à une grenouille.

— On peut se lever, papa ? On peut ? Qu'est-ce qu'on mange ? J'ai faim. Tu vas pas te rendormir, hein ?

Joignant le geste à la parole, mon fils tire sur mon bras, avec toute la force dont il dispose. Je me redresse et le fixe du regard.

— Au menu ce matin : de la soupe ! Il va falloir travailler vos muscles, Monsieur.

Une petite moue déforme le visage de Lenny qui regarde ses petits bras maigrichons.

— J'en ai des muscles, moi. Regarde ! dit-il en repliant les bras. Touche là, c'est dur.

Je me plie à ses exigences et tâte ses biceps inexistants. J'approuve docilement :

— C'est vrai, on sent quelque chose maintenant que tu le dis. Mais tu ressembles quand même à une saucisse !

Lenny éclate de rire tandis que je l'attrape et le hisse sur mon épaule, tête en bas. Ses mains frôlent le bas de mon dos tandis que nous descendons les escaliers, il tente même vainement de me chatouiller.

Ce Noël où je me suis retrouvée enfermée avec mon exOù les histoires vivent. Découvrez maintenant