𝕷𝖎𝖇𝖊𝖑𝖑𝖊𝖘 𝕽𝖔𝖒𝖆𝖓𝖈𝖊́𝖊𝖘 || 𝗦𝗛𝗜𝗞𝗔𝗧𝗘𝗠𝗔

𝟏.

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Certains lieux ont la chance d'y voir apparaître la vie, d'autres l'y voit s'en aller.

Il arrive aussi, dans de rares cas, que dans un même endroit, elle y vient et va, proie à de surprenants sauts d'humeur, passant de corps à d'autres, d'êtres A à B.

Parmi ces rares cas, nous pouvons compter les hôpitaux.

Le plus étonnant est de savoir que quelquefois, cette étrange transfert se réalise dans la même chambre, au même moment.

C'en est presque à se demander si l'âme du défunt, paresseuse, n'a pas trouver le courage de s'envoler plus loin pour se réincarner.

C'est dans ces instants que l'expression " donner la vie", prend tout son sens, selon moi.

Le léger bémol est que l'on n'en a qu'une seule, de vie.

La donner revient donc à s'en priver.

J'ai eu la chance, ou le malheur -à vous d'en juger- d'assister à ce diamant de la Nature, à cette perle rare du domaine hospitalier.

Le plus drôle, c'est de savoir que le donneur a été ma mère.

Le receveur, mon petit frère.

- TU PEUX M'EXPLIQUER CE QUE TU FAIS ?!

L'hurlement aboyé derrière lui, manquant de lui briser les tympans, le fit, de surprise, lâcher l'étrange carnet citron, la pauvre victime ne trouvant pas le courage de se retourner pour faire face à son agresseur.

Il n'en eut d'ailleurs pas besoin.

Les mains sur les hanches, elle se plaça devant lui, toisant de ses orbes sarcelles ce pauvre garçon venu l'importuner. :

- T'as perdu ta langue ou quoi ? Les sixièmes ne sont pas à cet étage, tu peux me dire ce que tu fais ici alors ?!

Déglutissant péniblement, il baissa les yeux au sol, évitant ce de cette jeune femme visiblement son aînée d'une bonne poignée d'année, bégayant une réponse inaudible pour tenter de se sortir de cette situation qu'il qualifierait de " galère" :

- Je-je me suis perdu...

- Quand on se perd, on demande son chemin, on fouille pas dans les affaires des gens ! Qui plus est nous sont totalement inconnus !

- J'ai pas fouillé, le carnet était ouvert sur le bureau ! J'y ai juste jeté un coup d'œil !

- Te moques pas de moi, il était dans tes mains quand je suis arrivée !

- Tss... Galère...

Le fusillant du regard, elle se pencha, ramassant le cahier dont la couverture jaune pastel contrastait avec le blanc grisé par le temps des dalles de la salle, l'arrivée des élèves affluant dans la salle faisant tourner les talons au jeune homme atteignant enfin la pièce où avait lieu son cours avec cinq minutes de retard.

La couleur de ses prunelles le fascinant, son regard vert-bleuté resta dans son esprit pendant près d'une semaine entière.

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