Resserrant le bandage autour de la dernière blessure à soigner, je laisse enfin un lourd soupir m'échapper.
Laissant s'échapper avec lui toutes les émotions que j'accumule depuis notre rentrée à l'appartement.Je me dirige alors pour laver mes mains, ne relevant pas le regard rempli d'incomprehension d'Ely.
Mon pauvre enfant avait dû une fois de plus observer sa mère se changer en bête furieuse.N'attendant pas mon approbation, celui-ci s'approche de l'homme toujours inconscient sur mon canapé.
Ne supportant déjà pas la présence d'un autre Crinos sous mon toit je ne peux empêcher mon grognement de sortir, presque menaçant.
Ely sursaute en l'entendant et se recule effrayant.
Je ne supporte pas la vue de mon fils qui recule de peur et me reprends immédiatement pour m'approcher de lui et m'agenouiller.
- Non Trésor, pardon. Je ne voulais pas. Je suis Désolée.- Maman...
Il s'approche de moi doucement et rejoint mon étreinte en quête de réconfort.
- Je suis Désolée mon chéri. C'est juste... Tu sais c'est dur pour maman d'être en présence d'un autre Crinos, alors ça sort tout seul. Ne t'approche pas de lui, reste loin d'accord ? Ce sera plus simple pour moi.
- D'accord. Je t'aime maman, je t'aime fort.
- Moi aussi mon petit coeur, je suis tellement Désolée..Je le câline et le garde un instant contre moi, calmant de ce fait ma louve intérieure dont la courte patience est mise à rude épreuve.
- Maman ? J'ai faim un peu...
- Tu veux quelque chose de spéciale mon coeur ? Pour me faire pardonner de t'avoir fait peur. Je peux te chercher les petits pains en bas de la rue ? Tu sais ceux que tu aimes avec plein de crème !
- Ouii !!Son sourire réchauffe mon coeur et me redonne un regain d'énergie dont j'ai infiniment besoin pour résister à l'envie d'égorger l'homme sur mon canapé pour avoir osé menacer mon fils.
Mais je sais au fond de moi que malgré l'impossible cohabitation, cet homme est un frère Crinos qui subit autant que moi chaque transformation. Il est donc inutile de lui en vouloir.
- Va dans ta chambre, n'en sors pas tant que je ne suis pas de retour. Je fais vite.J'embrasse mon fils sur le front et le laisse regagner sa chambre avant de me préparer à sortir.
Pour effacer les dernières traces de culpabilité en moi, j'avais besoin de le gâter.*********
Mes paupières s'ouvrent lentement, alourdi par une fatigue bien physique.
Il me faut quelques longues secondes pour retrouver mes sens.
La vue qui s'éclaircit me dévoile un appartement inconnu.
Mon corps brûle et reste douloureux.
Je suis où ?Cherchant à bouger tant bien que mal, je repère les quelques meubles autour de moi.
Pas chez moi.
Le dernier souvenir en tête avant ma transformation c'est cette colère grandissante que j'avais réussi à contrôler jusqu'à mon arrivée dans les bois.
Ces souvenirs me reviennent doucement, se dessinant dans mon esprit encore perdu.
J'avais perdu patience face à cet homme déjà plus âgé. L'enfant qu'il secouait comme un prunier me revient également en tête.
Ces pleurs alors que l'homme lui hurlait à quel point il était une déception, un fardeau.Puis l'agacement, les insultes à mon égard alors que j'avais misérablement fourré mon nez dans ce qui n'était visiblement pas mes affaires.
Puis la colère grandissante devant ce père indigne des efforts fournis par son fils.J'avais fui comme un lâche, laissant cet homme et son fils continuer leur altercation.
Quel sauveur... J'avais vachement servi à quelque chose dis donc...
Me voilà après avoir fui en bois..Mes sourcils se froncent soudainement.
Les bois... Je me suis transformé dans les bois !
Je me redresse subitement et percute soudainement la douleur de mon torse
- Ah !! .... Putain...Un seul regard sur mon corps et je découvre les bandages encore frais sur celui-ci.
Mes sens finissent finalement de se réveiller et l'odeur de Crinos autour de moi me frappe. Une femme. Adulte. Absente.
Mon Crinos grogne sans que je ne puisse retenir ce mécontentement qui s'exprime.
Bordel...Me voilà sous le toit d'un autre Crinos. Une autre Crinos si mon odorat ne me fait pas défaut.
Et si j'en crois les blessures de mon torse, on s'est battu.
Étions nous transformé en même temps ? Ou l'avais-je provoqué...
Je souffle avant de réussir enfin à me relever sans couiner faiblement.
N'assumant que très peu ma faible résistance à la douleur que mes blessures m'infligent, je me concentre sur l'appartement pour l'ignorer.Mais le bruit d'une porte qui s'ouvre attire soudainement toute mon attention.
Mais ce n'est pas un Crinos que je vois dépasser dans l'entrebaillement de la porte. Encore moins un adulte.
- oh...