Little bear's cafe [NCT Mark, Donghyuck, Jisung]

3 - Le rhume

Quand Mark se réveille, le lundi suivant le tragique épisode du «sosie», il a un peu mal à la tête. La veille, il s'est permis une petite sortie au crépuscule, juste dans son jardin, pour téléphoner à Miyeon. Sans manteau. En pyjama.

Naturellement, il a attrapé froid, mais il ne compte pas pour autant manquer ses cours de la journée. Un cachet contre les maux de tête et un bon paquet de mouchoirs suffiront.

Personne n'est encore debout chez lui, et c'est dans le silence le plus total que Mark revêt son uniforme et avale douloureusement une petite tartine. Sa gorge le tiraille tant qu'il en vient à douter de sa capacité à émettre des sons. Face au miroir, dans la salle de bain, il tente de se saluer, pour tester. Le geignement rauque qu'il pousse ressemble à un bonjour, mais prononcé par une chèvre qui aurait avalé un corbeau. Après deux autres essais non concluants, il décide de se considérer aphone pour la journée.

Il n'y a pas de place pour lui dans le bus, et il arrive difficilement à se tenir debout sans tituber. En plus du mal de tête et de gorge, il semblerait que la faiblesse musculaire soit à ajouter aux symptômes de Mark. Pour couronner le tout, le chauffeur conduit son bus comme une auto-tamponneuse. A la fin du trajet, c'est sur le bord du trottoir que le lycéen manque de trébucher.

Heureusement pour Mark, son antidouleur commence doucement à faire effet, et la matinée se passe sans encombre. Le déjeuner est accompagné par un second cachet, et plus les heures passent, plus Mark tousse. Lorsqu'il est enfin l'heure de quitter le lycée, il fait l'impasse sur le trajet avec ses amis, trop fatigué pour traîner.

Le mardi se déroule de la même façon, ainsi que le mercredi. Le jeudi en revanche, les maux de tête de Mark s'amplifient à tel point qu'il est forcé de quitter le lycée avec quelques heures d'avance. Dans la soirée, entre deux siestes, il reçoit un message de Donghyuck, accompagné de cinq ou six photographies, des cours de la journée.

Incapable de les recopier dans l'immédiat, il se satisfait d'un bol de soupe et se met au lit. La nuit qu'il passe est à la fois glacée et brûlante. Mark ne cesse de retirer ses couvertures, puis de les remettre, puis de se recroqueviller en dessous, puis au-dessus, et ainsi de suite jusqu'à parvenir à s'endormir.

*

Quelqu'un sonne à la porte. Mark ouvre. C'est Jisung. Il est sur le paillasson, bien droit, les mains le long du corps.

« Bonjour Mark, dit-il. Comment ça se passe depuis ? »

Mark cherche le regard de Jisung, mais celui-ci semble l'éviter. A la place, il fixe le corps de Mark, silencieusement.

« Comment ça se passe depuis quoi ? » Demande Mark, perdu.

Dehors, derrière Jisung, il fait nuit. Il y a une pleine lune brillante qui éclaire le toit des maisons, et un peu les cheveux de Jisung. Sur le muret qui borde le jardin, un chat fait sa toilette, sans prêter attention aux deux garçons.

« Comment ça se passe depuis ? répète Jisung. Comment ça se passe depuis que tu me mens ? »

Jisung plante son regard dans celui de Mark, mais lorsque Mark tente de parler, il se met à tousser douloureusement. Jisung recule d'un pas, mais quand Mark tend la main pour le retenir, son corps s'enfonce dans la nuit.

Mark se précipite à l'extérieur, la lune a disparu, il ne distingue plus rien.

« Jisung ! appelle-t-il. Jisung, reviens ! »

Mais Jisung ne revient pas, et Mark continue de courir dans la nuit glaciale, le froid lui ronge les joues, et il appelle encore son ami, sans réponse.