Chapitre 5

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La journée avançait, et nous allions bientôt avoir cours de japonais, comme le lundi d'ailleurs, mais la différence se tenait au professeur : le lundi nous avions un prof d'anglais qui lui-même ne savait pas ce qu'il faisait là, quelque peu condescendant qui passait son temps à caser des anecdotes dans ses cours pour tenter d'impressionner la galerie, ce qui échouait systématiquement car personne ne relevait ses paroles.
Exemple :

Une fois il s'était mis en position squat pour écrire en bas du tableau (au lieu de se pencher comme les gens normaux) et il avait dit "Ça tire les cuisses, ça me rappelle les entraînements de kung-fu !" en se retournant soigneusement pour repérer qui avait notifié qu'il venait de dire qu'il avait fait du kung-fu. Et c'était toujours comme ça. Comprenez bien, il a fait des études de juriste et puis il a pleins d'amis à travers le monde et puis quand il rencontre un Japonais il fait semblant de ne pas bien parler en anglais pour le mettre à l'aise mais au bout d'un moment il est trahi par son naturel qui revient au galop parce que vous savez l'anglais c'est presque devenu sa langue maternelle il est tellement bilingue que c'est difficile de faire semblant de parler anglais comme une "personne normale" et puis...
Insupportable.
Ce n'était cependant pas un mauvais prof, il était juste un peu trop imbu de lui-même.

Le jeudi nous avions une vieille Japonaise qui était aussi polie et calme que stricte, mais également gentille et compréhensive. Elle avait une attitude et une façon de penser tellement différente de la nôtre, à la japonaise finalement, que la plupart du temps nous étions mutuellement en total décalage. Cependant nous aimions beaucoup les cours avec elle, car il se passait toujours un évènement imprévu et comique, et nous profitions de son humour délicat et tranchant.

Je tenais absolument à ce que Kantarō et ma prof se rencontrent, pour une raison que je ne m'explique pas exactement.
Sauf que.
Mon ami m'expliqua que le jeudi après-midi, les élèves internationaux étaient tenus d'assister à un cours de français intensif, leur interdisant donc d'assister aux cours normaux avec leur classe.

Et rappelez-vous, il cherchait monsieur Martin. La raison était qu'il voulait lui demander s'il pouvait être exempté de ce cours. Nous ne le trouvâmes pas, mais à la place une femme travaillant au même bureau qui ferait bien l'affaire. Elle nous répondit qu'il était obligé d'y aller, ne serait-ce que pour faire acte de présence. En voyant l'air de chien battu de Kantarō, je me senti fondre et je négociai avec elle pour qu'elle accepte qu'il n'y aille pas. Elle n'accepta pas.

Il partit donc tout triste, en traînant des pieds.

Mais quelle ne fût pas ma surprise de le voir à la pause avant le cours de japonais, arriver en courant, tout heureux, sautillant comme un chiot ravi de sa bêtise.

- I escaped from the French lesson ! s'exclama-t-il, tout content de lui.

Je m'inquiétai un peu qu'il ait des problèmes par la suite, mais il m'expliqua que le cours était beaucoup trop compliqué pour lui qui ne parlait pas du tout français, il avait donc demandé à la prof de partir, et, compréhensive, elle avait accepté.

Il vint donc au cours de japonais avec nous et en fût très heureux. La prof aussi d'ailleurs, et c'était extrêmement amusant de les voir et écouter se parler entre natifs. Il participa beaucoup au cours, de plein de façons, et c'était quand même génial il fallait bien le dire.

Après cela, je devais rester au lycée car mes parents avaient un rendez-vous avec un prof, mais je décidai de raccompagner mes amis au portail. Et nous croisâmes mes parents qui arrivaient dans l'autre sens. Le timing était parfait. Je leur présentai Kantarō et celui-ci s'inclina si bas que je crus qu'il ne se redresserait pas. L'attitude parfaite.

¤¤¤

Le vendredi se déroula, je reçus ma note de maths qui était... désastreuse, et je fondis en larmes. Et en marchant dans le couloir, en pleurant, je fus rejointe par Kantarō qui se plaça à côté de moi et entoura mes épaules de son bras et me serrant contre lui, dans une sorte d'étreinte maladroite mais réconfortante. Je levai les yeux vers lui, surprise, et une énième larme roula sur ma joue, dans un timing digne d'un film.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 18 ⏰

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