Gyurza - la bratva Volkov - tome 1 [en correction pour autoédition]

Chapitre 3

Alyssa

— Au revoir, Milly. Embrasse ta petite fée pour moi.

Je referme la porte sur ma cliente, la dernière de la journée. Il ne me reste plus qu'à ranger mon matériel. Je vais enfin pouvoir me reposer et profiter un peu de mon petit bonhomme. Il arrive en trottinant dans la pièce où j'ai installé mon mini salon.

— J'ai été sage, maman ?

Je n'ai pas pu l'emmener à l'école aujourd'hui, il était légèrement fiévreux ce matin. J'ai préféré le garder avec moi en cette veille de week-end.

— Tu as été parfait, mon amour.

Je me penche pour le serrer dans mes bras et couvrir son visage de baisers.

— Je range et je suis tout à toi. Ce programme te convient ?

Il crie d'enthousiasme et repart en courant dans sa chambre. J'ignore s'il couve quelque chose, mais l'alerte semble passée. À quatre ans, les enfants ont assez d'énergie pour se dépenser même lorsqu'ils sont malades. Je vérifierai sa température dans un moment. Je prends mon balai et rassemble les cheveux de ma cliente épars sur le sol. Peignes et ciseaux désinfectés rejoignent leur tiroir. Je nettoie machinalement le reste du matériel en soupirant. Dès que la journée est terminée, ma pensée se met en travail, profitant du moindre vide pour se remplir de l'absence de Duncan.

Je referme la porte du salon et me dirige vers la cuisine, essayant de secouer la langueur qui me poisse le cœur.

— Jordan, qu'est-ce qui te ferait plaisir pour le dîner ? interpellé-je mon fils en passant devant sa chambre.

— Hamburger ! proclame aussitôt la petite voix joyeuse.

— Encore ? Tu en as déjà mangé au déjeuner, chéri.

Le sol de la pièce est recouvert de jouets. Il y en a jusque sur le lit, sans compter les bosses qui apparaissent sous la couette. Comment lui en vouloir alors qu'il s'est occupé seul toute la journée ? Je n'ai pas le cœur à le lui reprocher et pas assez d'énergie pour l'aider à ranger.

— Cite-moi un légume que tu aimes, Jordan.

— Frites ! s'exclama-t-il, les bras levés au ciel.

J'éclate de rire malgré moi. Je pensais qu'il allait dire pizza, c'est souvent sa réponse quand il énumère les olives et les tomates étalées sur la pâte. Je décide de remiser ma fatigue aux oubliettes et lui propose de m'aider à confectionner une pizza (pas tout à fait) maison. Il frappe dans ses mains en bondissant, sa bouille joufflue débordant de bonheur. C'est si facile de rendre un enfant heureux. Pourquoi son père ne le comprend-il pas ?

Duncan est flic au Sheriff' Office d'Hawthorne, un quartier de Portland situé sur la rive est de la Willamette. Nous habitons le quartier ouest de Pearl District depuis notre mariage. Cinq ans déjà et j'ai l'impression que notre histoire est écrite et que le mot fin va bientôt la clôturer. Il était pourtant si prévenant au premier temps de notre rencontre, amoureux, drôle, à l'écoute de mes moindres désirs. Notre maison de Pearl district était celle de nos rêves, nous avions eu le même coup de cœur en la visitant. Un jardin rempli de fleurs, deux chambres libres pour le garçon et la fille que nous souhaitions avoir, une cuisine tout équipée, la chaleur du bois sur les planchers : c'était presque trop pour nous.

— Laisse tout ça, chéri, nous verrons le rangement plus tard. Allons préparer le dîner.

Il ne se fait pas prier et me précède en caracolant jusqu'à la cuisine. Je sors une pâte à pizza toute prête du réfrigérateur et les ingrédients pour la garniture. Jordan grimpe sur une chaise à côté de moi, tout fier de participer.