Prologue

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Les gens disent que je suis impulsif.

Difficile de les contredire. Je ne suis pas quelqu'un de très raisonnable, je ne suis pas capable de passer des heures à réfléchir sur un problème pour trouver la solution la plus arrangeante. J'ai plutôt tendance à me fier à mon instinct et prendre une décision rapide et radicale. Je suis dans la vie comme je suis sur un terrain : c'est comme ça que je suis fait. Mon grand-père avait l'habitude de me dire que mon intuition est mon atout dans la vie, alors autant m'en servir et ne pas trop regarder en arrière.

Que dirait-il aujourd'hui ? Je préfère ne pas y penser. Il désapprouverait à coup sûr. Après tout, n'importe qui de sensé désapprouverait.

Mais moi, je sais que c'est la seule solution.

Tobio... Je suis désolé.

Sa voix résonne encore dans ma tête, sa voix que j'aime tant, ces mots que je n'aurais jamais voulu entendre. Je n'ai pas réagi sur le coup, je n'ai pas crié, je n'ai pas pleuré, j'ai juste compris ce que je devais faire. Et pour le coup, ce n'est pas une décision impulsive ; en une heure de trajet en train, j'aurais eu le temps de la remettre en question.

Mais ce n'est pas le cas, et je me hâte vers le centre d'Osaka. Le soleil d'automne est froid et le vent gifle mes joues. Je le sens à peine. J'ai l'impression d'être hors de mon corps, de me regarder du dessus. J'ai une mission. Ça ne changera peut-être pas le monde, mais ça en ôtera un peu de vice et de mensonge.

Tobio...

Je connais le chemin. Je me glisse dans une ruelle, je passe par les escaliers. Je sors ma clef, j'ouvre la porte. Le couloir. La chambre. Elle est déserte, mais j'entends des voix au-dessous. Je me dirige silencieusement vers la commode, je l'ouvre, et j'y trouve la boîte à chaussures que je cherchais.

A l'intérieur, le revolver.

Désolé.

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