I - Tobio

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Je suis heureux.

Il n'y a pas d'autre mot, alors autant faire simple. Depuis sept semaines, au quotidien, je me sens léger et confiant, fier d'être le petit-ami d'un homme dont le charme ne laisse personne indifférent, et qui m'a choisi. Hinata n'en revient toujours pas, Tsukishima essaie de lancer des piques qui camouflent mal sa jalousie. Suga m'attire dans le fond de la salle de club quasiment tous les jours pour que je lui raconte l'avancée de ma relation. Ça me fait plaisir d'avoir un amoureux, et que tout soit au beau fixe dans ma vie.

(A part les résultats scolaires, peut-être, mais Oikawa tente de m'aider avec ça, même si j'ai du mal à me concentrer quand il est à côté).

Les phases préliminaires de qualification pour le tournoi de printemps se sont terminées il y a deux jours. Avec Karasuno, on y a passé toute la journée du samedi, mais ça valait le coup : double victoire contre Ougiminami et Kakugawa, sans concéder un seul set, et la nouvelle courte avec Hinata a bien fonctionné. Même s'il reste la phase finale et que ce sera une autre paire de manches, je veux y croire. Ce qu'on a réalisé ce week-end, c'est le premier pas vers les Nationales.

-Bravo, Tobio-chan ! m'accueille Oikawa en ouvrant les bras.

Je me presse contre lui, nichant mon nez dans le col turquoise de son T-shirt de club. Petit à petit, les automatismes se mettent en place. Il m'embrasse, ses mains posées sur mes joues, les miennes nouées autour de sa nuque.

-Et maintenant, mon petit cadet, j'attends de te retrouver sur le terrain, sourit-il contre mes lèvres.

-Cette fois, on vous battra.

-Je n'en serais pas si sûr, si j'étais toi.

-Tu m'en voudrais ?

Je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter. Le volley, ça a toujours été compliqué entre nous. Je ne veux pas que ça pose problème si on se rencontre en match officiel.

-Bien sûr que non, répond Tooru en riant, puis, après un instant : bon, je bouderais peut-être un petit peu. Pas longtemps... Mais ça n'arrivera pas de toute façon !

Il décroche mes mains de son cou, et je le regarde faire, je le regarde tenir mes mains dans les siennes comme si elles appartenaient à quelqu'un d'autre ; parfois, je n'en reviens toujours pas qu'on ait cette relation, et que je réussisse à être tactile. Toucher Oikawa ne relevait encore que du fantasme deux mois plus tôt, après tout. Et maintenant, sa peau, ses cheveux, tout ça est à moi, et je ne me prive pas.

Après, si je suis tout à fait honnête.... Je ne me sens pas encore de pousser les choses plus loin. Je ne me sens pas prêt à révéler mon corps ni découvrir le sien. Je n'ai que quinze ans. Quinze, ça me paraît tout petit, comme nombre. Seize. C'est mieux, seize.

On n'en a pas vraiment parlé ensemble, mais il tient parole, il ne m'impose rien et respecte mon rythme. Pourtant, je peux pas m'empêcher de stresser un peu quand il attrape ma main pour m'entraîner dans sa chambre ; et ça me rassure de voir qu'il a préparé son ordi et deux fauteuils pour regarder un replay de volley.

-Je t'ai attendu exprès, s'écrie-t-il. J'avais trop peur de me faire spoiler, j'ai vraiment failli me lever à une heure du matin exprès pour regarder en live. Mais bon, Iwa-chan m'aurait assommé. Tu sais pourquoi ? Parce qu'on avait contrôle aujourd'hui. Et si j'avais été fatigué, j'aurais raté. Et comme il copie sur moi, alors il aurait raté aussi.

Il lance la vidéo et s'assied, allongeant un bras pour que je puisse me lover contre lui. Oikawa, un match de volley. Ma définition du bonheur.

-Pronostics, Tobio-chan ?

IkaroiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant