Chapitre 5

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   Je suis en train de réconforter mon frère à l'hôpital quand je repense à la scène. Mon père, gisant sur le sol dans une marre de sang. Quand je m'en rappelle, j'ai l'impression d'avoir une vision externe, que je n'étais plus maîtresse de mon propre corps. Je sais ce que j'ai fait, ce qui s'est passé mais c'est comme si j'y assistais en n'étant plus moi-même. J'envoyai mon frère chercher de l'aide pendant que j'appliquai les premiers secours à mon père tordu de douleur. On aurait dit qu'il s'était battu à l'arme blanche. Il avait des estafilades sur tout le corps, mais il avait aussi trois blessures graves. Une au foie, une près du coeur et une dernière sur la cuisse, comme si on voulait l'empêcher de partir. De toute évidence la personne en face savait se battre, car il n'y en a plus aucun doute quelqu'un a essayé de tuer mon père.

   J'entends les infirmiers sortir de la salle d'opération, je relève mes yeux rouges d'avoir pleurer vers eux. Je remarque que mon frère s'est endormi sur mon épaule, je le décale un peu et me lève. Je m'avance en direction des soignants. Fixant mon petit frère derrière moi, ils m'inviterent alors a entrer dans un petite pièce inutilisé.

-Mademoiselle, je tiens tout d'abord à vous dire que votre père n'est pas mort.

   Je pousse un soupir de soulagement, si je pouvais je m'effondrerait là, maintenant. J'aurais aimé que l'infirmière s'arrête à cette bonne nouvelle mais elle continue.

-Cependant, il est dans un état critique. Les blessures qu'il a reçues sont graves, même si certaines sont superficielles il a perdu beaucoup de sang. Nous allons devoir le garder avec nous jusqu'à ce que son état se stabilise.

   Et me voilà qui panique de plus belle... Pourquoi est-ce toujours mes proches qui sont touchés ? Ma mère, mon père, et puis qui encore ?! Mon frère, ma grand-mère ? Non ! Je n'en peux plus... Si seulement je pouvais voir mon père, je suis persuadée que ça pourrait me faire du bien.

-Puis-je voir mon père ? Je pense que cela me soulagerait, et mon frère aussi.

   Je vois bien aux regards qu'ils s'échangent que cela ne sera pas possible. La pitié dans leur regard me permet de garder contenance. Si je les analyse bien, je peux voir qu'eux aussi sont perdus. La seule chose qu'ils ont à faire normalement c'est de soigner la fièvre des enfants, l'arthrite des personnes âgées ou encore les problèmes de dents des parents. Jamais ils n'ont à faire à des cas comme cela...

-Désolé... Il doit se reposer, il n'est pas en bonne santé.
-Je comprends... dis-je dans un souffle.

   Je les quitte pour retrouver Yezeul, je ne veux pas qu'il se réveille encore plus désorienté qu'il ne l'est déjà. Je le réveille en douceur et nous sortons de cet hôpital.

   Je préfère éviter de rentrer chez nous pour l'instant, j'irai nettoyer quand Yez sera à l'école. Mamie dort, et je ne veux pas la déranger, elle est certes très vive et énergique pour une femme de son âge, elle reste quand même une personne d'un âge certain. Nous prenons donc la direction de la maison de mon meilleur ami.

   Cinq minutes plus tard nous y sommes. Sa maison n'est pas loin car sa mère est aide soignante. Je toque et attends une réponse, je sais qu'il est tard mais normalement sa mère devrait être réveillée... J'attends encore un peu, et j'entends des pas devant la porte. Madame Hirawa m'ouvre et s'étonne de nous voir de si bonne heure devant chez elle.

-Maylinna, Yezeul, que faites-vous là ?

   Elle nous laisse entrer, sûrement à cause de mes yeux rouges et de ceux ensoleillés de mon petit frère. Je lui explique alors ce qui est arrivé à mon père. Elle nous sert des chocolats chauds que nous acceptons avec plaisir.

-Je pourrais aller m'occuper de lui si tu veux ma puce. Je sais que c'est difficile pour vous... Dès que Riûji se réveille, tu peux mettre ton petit frère dans son lit et toi tu peux prendre le mien. Jachob est déjà parti travailler.

-Merci beaucoup c'est très généreux mais je pense que je vais rester sur le canapé. Je n'arriverai pas à dormir de toute façon.

   Le corps étendu sur le sol de mon père hante mon esprit. Je n'ose même pas imaginer à quel point Yezeul doit être choqué.

-Désolé les enfants je vais devoir vous laisser, le travail m'appelle. Je te redonnerai des nouvelles de votre père ce soir Maylinna.

-Merci encore.

   J'aime énormément Madame Hirawa. Je la connais depuis très longtemps et je la considère un peu comme ma mère. Comme son fils, elle fut toujours là pour moi. Même dans les pires moments. Avec tous ces garçons autour de moi, c'était elle qui m'aidait, vers qui je pouvais me tourner. Elle était là pour mes premières règles, lorsqu'on a découvert que je n'aurai pas de coéquipier volant et pleins d'autres moments qui me firent souffrir. J'entends la porte se fermer et allonge Yezeul sur moi. Le pauvre n'a presque pas dormi. Avant de s'endormir il me pose une question.

-Grande sœur, papa va s'en sortir ou pas ?

-Je l'espère, normalement oui.

   Pitié, faites que j'ai raison.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 11 ⏰

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