Chapitre 82

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Une larme solitaire roula sur la joue de Harry et il hocha la tête nerveusement, avant de reporter son attention sur Drago. Après quelques instants, il chuchota, incertain.

— Avec cette potion, il sera sauvé ?

Rogue hésita, puis il soupira.

— Oui. Il aura besoin de repos, mais il sera sur pieds d'ici quelques jours. Lucius utilise un poison pour lequel il existe un antidote, en cas d'accident. L'histoire regorge d'idiots qui se sont eux-mêmes blessés avec une lame qu'ils avaient empoisonnée et qui en sont morts puisqu'ils cherchaient les poisons les plus foudroyants qui soient.

Harry hocha la tête d'un air indifférent, se moquant bien de l'anecdote historique, et il se laissa aller contre Drago, épuisé, pleurant silencieusement toutes les larmes qu'il avait retenues.

Lorsque Narcissa revint, plus calme, mais gardant les yeux rouges, elle administra la potion à Drago sans un mot et elle resta près des deux garçons, les enlaçant tous les deux pour leur montrer qu'ils n'étaient plus seuls.

Harry se laissa bercer sans protester, appréciant ce contact amical et le réconfort offert. Il ne quittait pas Drago des yeux, surveillant chacune de ses inspirations et expirations, soulagé de voir qu'il reprenait des couleurs.

Sans détourner les yeux de Drago, il murmura, épuisé.

— Il est mort.

Narcissa le serra un peu plus fort sans un mot, tandis que le portrait de Rogue laissait échapper une exclamation de surprise. Indifférent à leurs réactions, Harry retomba dans son mutisme.

Avec douceur, Narcissa lui frotta le dos.

— Oh, Harry... je sais à quel point ça a dû être dur pour toi, mais tu as fait ce qu'il fallait. Tu as sauvé beaucoup de monde, aujourd'hui...

Elle laissa échapper un sanglot et sa voix se brisa.

— Tu as sauvé mon fils, Harry. J'ai une dette éternelle envers toi...

Harry cligna des yeux, puis il détourna la tête, évitant le regard de Narcissa.

— Votre... Lucius est mort également.

Le visage de Narcissa se ferma et elle répondit sans la moindre hésitation.

— Et c'est pour le mieux. Là encore, tu as fait ce qui devait être fait et crois-moi... je l'aurais tué moi-même pour ce qu'il a fait à mon fils si tu l'avais épargné.

Harry déglutit, mal à l'aise, se demandant s'il devait raconter tout ce qui s'était produit. La façon dont il était intervenu après que Voldemort ait ingéré la potion, sa certitude que tout irait bien, le geste désespéré de Drago, puis sa propre panique en constatant que son compagnon était grièvement blessé. L'intervention de la Mort, sous les traits d'un vieil homme poli, et la façon dont il avait échangé l'âme de Drago contre celles de Lucius et de Voldemort.

Harry tourna la tête pour fixer Rogue, qui semblait frustré de ne pas pouvoir jaillir hors de son tableau. L'homme aimerait probablement secouer Harry et l'interroger jusqu'à savoir tout ce qui s'était produit, minute par minute, et cette image tira un bref rictus amusé sur le visage de Harry.

Sans détourner le regard du portrait, il annonça avec douceur.

— J'avais en ma possession la baguette de Dumbledore.

Le portrait de Rogue cligna des yeux, puis il se pencha un peu plus, son visage emplissant le cadre. L'homme grogna, sans cacher sa surprise.

— Vous aviez le bâton de la Mort ? Est-ce ainsi que vous l'avez vaincu ?

Harry haussa les épaules, puis il poursuivit, d'un ton neutre.

— J'avais aussi la cape d'invisibilité héritée de mon père et Dumbledore m'a légué une pierre particulière.

Harry désigna la cape qu'il avait abandonnée sur le sol à son arrivée, humide de sang.

Rogue s'empourpra alors qu'il semblait en proie à un dilemme intérieur et il finit par cracher.

— Ce vieux fou ! Il vous avait bercé d'illusions avec cette histoire de reliques qu'il affectionnait tant, n'est-ce pas ?

Harry renifla.

— Il nous avait laissé dans son testament de quoi découvrir la légende. Mais il ne m'en avait pas parlé avant sa mort.

Rogue grimaça et il secoua la tête.

— Dites-moi que vous n'avez pas imaginé que ce serait la solution à tous vos problèmes et que vous avez... suivi votre plan bien préparé ?

Harry baissa la tête vers Drago et il passa la main dans ses cheveux.

— Je n'ai pas utilisé ces objets... pas avant d'être désespéré lorsque Drago était en train de se vider de son sang.

Rogue plissa les yeux, semblant soudain méfiant.

— C'est une légende, monsieur Potter.

Cependant, il y avait une pointe de doute dans sa voix. Harry haussa les épaules, avec une grimace amère.

— Je n'ai pas eu de soudains pouvoirs extraordinaires. Je ne savais même pas quels sorts utiliser pour soigner Drago.

La main de Narcissa se posa sur l'épaule de Harry et il sursauta presque. Lorsqu'il leva les yeux vers elle, elle lui souriait gentiment.

— Peu importe que tu n'aies pas eu de pouvoirs incroyables, Harry. Tu as sauvé Drago, puis tu l'as ramené, et c'est ce qui est le plus important.

Harry ouvrit la bouche, comme pour avouer qu'il avait juste mendié pour la vie de Drago, parce qu'il ne voulait pas le perdre, mais il la referma aussitôt, préférant passer sous silence ce qui s'était passé exactement. Il soupira, terriblement épuisé.

— Lorsque j'ai entendu Drago crier, j'ai... perdu la tête, je crois. J'ignore ce qui s'est passé exactement, mais lorsque j'ai pensé à l'amener ici, Voldemort et Lucius étaient morts.

Rogue plissa les yeux, ne semblant pas dupe.

— Quel a été le rôle de ces reliques, monsieur Potter ?

Harry eut un mince sourire malicieux.

— La cape m'a permis de limiter la perte de sang de Drago et j'ai pensé que transplaner avec la baguette de Dumbledore m'assurerait d'arriver au bon endroit, parce qu'il a dû transplaner des milliers de fois contrairement à moi. J'ai bien peur que la pierre ait été inutile jusqu'à présent.

Le portrait de Rogue semblait figé de stupeur, la bouche ouverte et les yeux écarquillés. Narcissa gloussa, visiblement amusée.

— Je suis certaine que la grande légende dont parle Severus n'avait pas pris en compte que ces objets seraient un jour utilisés ainsi.

Harry rougit légèrement, et Rogue sortit de sa stupeur avant de maugréer, en secouant la tête.

— Comptez sur un Potter pour semer le chaos...

Cependant, les coins de sa bouche se relevaient vers le haut en un début de sourire et ses yeux brillaient d'amusement.

Faux SemblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant