Station 19 : Le goût de vivre

Chapitre 11

Point de vue Vita

Allongée sur mon lit les yeux fixés sur mon plafond, je touche mon ventre gonflé. Une semaine vient de s'écouler depuis que j'ai appris ma grossesse. Sous les conseils de ma sœur / médecin, j'ai demandé quelques jours de congés. Je dois retourner à la caserne dans moins de trois jours et Sullivan ne sait toujours pas pour mon état. J'évite tout le monde depuis que je sais. Aujourd'hui est un grand jour. Je vais annoncer ma grossesse. Je me rends ce matin à la caserne pour parler avec Sullivan, et ce soir, j'ai invité tous mes amis et ma famille à manger. L'occasion parfaite pour leur faire part de ma nouvelle condition. Je me sens enfin prête à ce que tout le monde sache que je vais avoir un enfant dans très peu de temps. Ça ne veut pas pour autant dire que la situation s'est améliorée, non loin de là. Je suis terrifiée. Je ne peux pas continuer à faire comme si ma vie n'allait pas changer. Je suis enceinte de six mois. Ma vie va changer, il faut que je m'y fasse. C'est mon enfant. Même s'il n'est pas arrivé dans les meilleures conditions, je suis contente de devenir une mamma. J'espère juste être à la hauteur.

***

Courage Vita, tu vas juste informer ton capitaine que tu es enceinte et que tu ne vas plus pouvoir intervenir durant les missions pendant quelques mois. Ce n'est pas si terrible. Je prends un grand bol d'air frais pour me donner du courage. Par chance, le reste de l'équipe vient d'être envoyé sur une intervention. La voie est donc libre pour que je puisse parler librement avec Sullivan. Je franchis les portes de la caserne quand j'entends mon nom. Je sursaute et mets une main protectrice sur mon abdomen. Je me retourne et tombe sur le capitaine Sullivan. Ses yeux se portent directement sur mon ventre bien arrondi. Un petit sourire étire mes lèvres. Il y a cinq jours, je me suis réveillé avec ce ventre. Paniqué, je me suis empressé d'appeler Carina. Elle m'a rassuré en me disant que c'était tout à fait normal. Maintenant que je savais pour ma grossesse, mon corps a permis à mon ventre de femme enceinte de sortir.

Sullivan : Deluca ?
Vita : oui, chef !
Sullivan : vous êtes...?
Vita : enceinte ? En effet. Nous pouvons discuter dans un endroit un peu plus calme.

Toujours choqué, il nous conduit dans son bureau. Nous nous asseyons et, prenant plusieurs minutes, aucun de nous deux n'osent parler. Je décide de lui raconter les grandes lignes. Mon évanouissement avant que nous ne prenions la route pour revenir du Texas, la découverte de ma grossesse jusqu'à ce moment précis où je suis venu lui annoncer. Je ne rentre pas dans les détails. C'est peut-être le mari d'une de mes amies mais, c'est également mon capitaine. Je ne me permettrai jamais de lui dévoiler ma vie privée.

Sullivan : je ne peux pas vous laisser aller sur le terrain.
Vita : je sais. Je sais que pendant plusieurs mois, je vais devoir être assigné à la caserne.

Il me regarde et semble réfléchir.

Sullivan : vous serez à l'accueil. C'est le mieux que je puisse faire. Vous resterez en contact avec l'équipe tout en ne vous mettant pas en danger.

J'essaie de ne pas grimacer en entendant cela. Je savais que c'était l'une des possibilités, mais, passer mes journées à répondre au téléphone et à supporter toutes sortes d'appels, je risque de devenir complètement folle. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour nos enfants.

Vita : merci, chef.
Sullivan : hors de ma vue, Deluca. Allez vous reposer. Dès votre retour, je vous veux assis sur la chaise à l'accueil.

Je me relève avec la grâce d'un hippopotame. Je lui sers la main et je me dandine jusqu'à ma voiture. Faites que personne ne me voit marcher comme ça. Un coup arrive. Depuis que j'ai conscience que je suis enceinte, mon bébé a décidé qu'il fallait se manifester le plus souvent possible. Je passe ma main sur la bosse qui déforme mon ventre. Le chenapan qui a décidé d'utiliser mon utérus comme maison continue de taper contre ma main.