Losing Game (Taekook)

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La chemise si blanche immaculée d'un rouge sang de Jungkook n'était pas ce qui était le plus important pour lui. Des corps tombaient à ses côtés, des bruits sourds qui semblaient lourds pour lui, du liquide de vie mettant en peinture les murs et les constructions qui les entouraient, lui et ses adversaires, qui n'avaient rien demandé mais rien d'autre que de l'aide. Ils n'étaient pas ses adversaires par choix, mais dans un but de survie uniquement. S'il fallait que quelqu'un meurt, autant que ce soit un étranger à sa vie, pas quelqu'un qu'il aimait. À quoi bon donner de l'importance à des personnes qu'il allait perdre? Puis, de toute manière, il avait déjà perdu ceux qu'il aimait.

Un « bip » sonore retentit dans l'arène. Ce n'était qu'une simple salle pas plus grande qu'une salle des fêtes commune pour un mariage, mais quand à l'intérieur, des battements de cœurs se jouaient, tout pouvait devenir une « arène ». Un lieu de combat, de survie. Chaque semaine était différente: quel ami allait-on perdre, cette fois? La connaissance que l'on avait fait la veille, allait-on connaître sa couleur préférée? Son chiffre porte-bonheur? Celui qui était rentré dans la partie en même temps que nous, allait-elle survivre une semaine de plus? Et puis lui, est-ce que ce serait lui qui mourrait au profit d'un autre?

Le jeu était fini. Tous les cœurs encore battants allaient pouvoir survivre. Ils se battaient pour un toit, de la nourriture, du confort, des vêtements, de l'hygiène. Jungkook, le souffle court, et il était reconnaissant à n'importe quelle bonne grâce qui avait fait qu'il était encore vivant ( qui n'était autre que lui-même), se passa une main dans ses cheveux bruns, et y trouva ce qui semblait être un mélange de sable et de sang. Son sang, sa sueur et ses larmes, quant à eux, coulaient dans ses veines, sur sa peau, sur son visage.

Après avoir participé à une trentaine de ces jeux, pas mal de personnes pourraient être «habitués » aux corps traînants sur le sol, comme si le tableau que le paysage qui aurait été joli sans l'horreur qui s'y cachait derrière était banal, mais pas Jungkook. Il ne pouvait toujours pas supporter ce qu'il y avait devant ses yeux, et ce qui s'exposait à lui toutes les semaines. Aujourd'hui, trois femmes et deux hommes avaient perdu la vie. La semaine prochaine, à qui sera le tour? Ces cinq nouvelles personnes qui allaient entrer, serait-ce les cinq prochaines à mourir? Peu importe. Si le jeune homme musclé avait appris bien une chose, c'était qu'il ne fallait pas s'attacher. À personne. Peu importe à quel point elle pourrait compter pour vous, peu importe à quel point elle pourrait être une bonne amie. Peu importe les confidences et les liens qui auraient pu être échangés ou se créer, cela finissait toujours par être un crève-cœur. Comme si c'était une trappe qui allait malheureusement forcément se refermer.

« - Tu vis une semaine sans savoir si l'autre, tu seras toujours là.

Le jeune homme se tourna vers la voix rauque qui venait de s'élever, un sourcil levé. Il paraissait chaleureux au premier abord, mais les malheurs de la vie semblaient l'avoir détruit. Une quarantaine d'années paraissaient être passées pour lui, et pourtant, il se retrouvait à la même place que Jungkook, qui en avait la moitié. C'était un homme qui avait peut-être été heureux, qui avait connu la sensation de confort, de bien-être, mais qui, comme lui, se retrouvait à présent dans un bourbier dont la seule fin et la seule sortie était représentée par la mort.

- Je ne comprends pas pourquoi nous continuons à nous battre si ce n'est pour avoir qu'une demi-vie. Notre instinct nous pousse à continuer, mais au fond, pour quoi f-

La voix sans âme et sans espoir de Jungkook s'éteignît pour laisser place à une voix féminine, mais presque robotique. Un écran s'était développé au dessus de leur tête, sortant d'un lampadaire qui n'excellait pas dans sa fonctionnalité principale, en plein milieu des cocotiers, image paradisiaque ironique, faisant défiler plusieurs images du « top III ». Les exclamations de surprise des participants encore vivants et la mine mi-étonnée, mi- avide de connaissance de ceux qui ne savaient rien du « top III » se dissipèrent quand cette voix chaleureuse et robotique prit la parole, à la télévision. C'était ironique, en y repensant, quand on savait que le contexte actuel n'avait rien de chaleureux.