36. Danger

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A deux doigts de s'endormir contre la vitre de son taxi, Maxime ne rêve que d'une seule chose : une bonne douche et son lit douillet. Il n'est pas très tard, 23h à peine, mais les lives en comité sont toujours épuisants. Il faut parler fort, rester concentrer, rire, faire rire, et faire attention à tout qu'on dit. C'est un exercice compliqué mais que Maxime a toujours aimé. Malgré ses appréhensions, ça s'est plutôt bien déroulé.

Depuis quelques mois, tout semble changer et se bousculer dans sa vie, elle qui était si stable et maîtrisée. Il se rend compte que cette mécanique parfaite était en fait très instable, et que les engrenages de celle-ci tournent à pleine vitesse, à en dérailler parfois. Ses paupières sont lourdes, il baille à en faire perler des petites larmes dans les coins externes de ses yeux fatigués.

Les choses éphémères laissent des traces indélébiles. Pourquoi ? Il essaie de tout se remémorer, de tout comprendre. Depuis quelques jours, il regarde constamment en arrière, cherchant des explications au présent. La nostalgie le réconforte un peu, elle lui murmure des mots doux dans le creux de l'oreille et lui, il fond dans ses bras, s'abandonnant totalement à cette étreinte toxique.

Il veut comprendre comment c'était avant, comment en est-il arrivé là. Comment est-il parvenu à obtenir ce qu'il n'aurait jamais cru avoir ? Parfois le présent est comme trop grand pour lui, ou trop lointain. Le passé lui pose beaucoup moins de questions et il l'observe avec envie.

Ce paysage semble si net et concret, mais en vérité, il flotte. La perspective laisse à désirer et il peine à le voir dans son intégralité. Tout ce qui est sûr, c'est qu'il aimerait s'y réfugier au point que son corps se perde dans ses spirales maladroites, et se faire engloutir par le noir de la nuit pour ne plus jamais en ressortir. Il voudrait tout conserver, mais tout est éphémère.

Tout est éphémère sauf le passé.

Il doit s'y faire et l'accepter. Le moment présent deviendra un passé qu'il enviera de toute façon. Un passé qu'il aura résolu, des questions auxquelles il aura répondu. 

Une question. Sidjil.

Alors qu'il tentait d'analyser ses sentiments oscillant entre peur, envie et incompréhension, la voiture s'arrête au bout de sa rue. Le froid de ce début décembre annonce un hiver frissonnant, plus que quelques mètres et il pourra se mettre bien au chaud.

Capuche enfilée et tête baissée, il marche d'un pas assuré vers la porte de son immeuble. Au loin, il y devine une silhouette juste devant. Il n'aime pas ça, c'est une angoisse qu'il a toujours eu. Soit que la personne le reconnaisse et sache dorénavant qu'il vit ici, soit que la personne le sache déjà et qu'il l'attende. Maxime n'est pas à l'aise avec ça. Une fois, il avait attendu plusieurs heures qu'un petit groupe de jeunes partent pour pouvoir rentrer chez lui.

Mais là, il n'en a aucune envie. Il prend son courage à deux mains et poursuit sa trajectoire, tenant ses clés dans sa poche, prêt à les dégainer.

- Tu me dis pas bonsoir ?

Il reconnaîtrait cette voix parmi des milliers, et tout son stress redescend instantanément. Mieux que ça, il se sent en sécurité.

- Putain Sid j'ai eu trop peur la vie de ma mère évite de camper en bas de chez moi vraiment, j'ai failli t'appeler en panique

- Super je vois que ça te fait plaisir que sois là, se moque Sidjil qui ne manque pas de constater avec satisfaction que Maxime l'aurait appelé lui en cas de galère.

- Mais oui, réalise-t-il, qu'est-ce que tu fais là ?

- Je sais pas, joue Sidjil, faut croire qu'elle est longue cette clope, ajoute-t-il et regardant le bâton de nicotine se consommer entre ses doigts.

paradoxe | [Maxime x Djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant