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Plus que 450 mètres. La fraîcheur printanière engourdie la main de Maxime, tenant fermement son téléphone. La voix métallique du GPS hurle dans ses AirPods, et couvre sa musique d'informations qu'il lit déjà sur l'écran. Il pourrait désactiver le son de Google Maps mais il a vraisemblablement la flemme. En revanche, s'exposer quinze minutes de plus à neuf heures du matin dans Paris pour un simple café au lait, ça le motive déjà plus. Il se fait reconnaître de temps à autre et c'est un revers de la médaille qu'il accepte volontiers, bien que seul, il ait du mal à gérer l'anxiété que procure les interventions indélicates de certains abonnés. En sortant de chez Sidjil, il a longuement hésité entre ça et directement commander son Uber, mais il ne peut se résoudre à commencer sa journée sans sa boisson miracle. Ce matin, elle sera sûrement servie dans un gobelet en carton avec une touillette biodégradable depuis qu'il faut faire attention à la planète.

Il serait bien passé par chez lui s'il avait eu le temps, prendre son café et surtout changer de vêtements, mais il est déjà en retard pour le brainstorming de la prochaine émission de Zen. Il ne sait plus trop quand il s'est réveillé, il n'est même pas sûr d'avoir dormi mais bizarrement, il se sent plus reposé qu'il n'a pu l'être ces derniers temps. Apaisé serait peut-être un terme plus juste. Il ne lui manque plus que son café au lait. Sidjil lui a proposé de lui en préparer un mais par fierté et obsession pour les cafés au lait de machine, il a refusé.

Ils ont passé la soirée à rire de leurs harmonieuses altercations, et à se redécouvrir, l'un, puis l'autre, explorer les vagues réminiscences que procure leurs lèvres qui se rencontrent, leurs mains qui arpentent voluptueusement le galbe de leurs corps affamés par le temps perdu. Ils en sont au stade où leurs cerveaux ne reçoivent que des données brouillées le bonheur, ou tout est beau et immaculé par l'inéluctable envie de se dire que ça ira.

Maxime noie toutes ses pensées dans le gobelet fumant qu'il encercle de ses mains telle sa seule source de chaleur. Il a déjà envie de le revoir, tout semble étrangement défait, voire incohérent sans lui. Assis à l'arrière de son Uber, il se demande si Sidjil est déjà arrivé chez Manas pour sa journée montage, alors il allume sans cesse son téléphone sans n'avoir rien n'à y faire, il fait défiler les écrans d'accueils, de gauche à droite, puis de droite à gauche, avant de finir par le verrouiller. Et recommencer. Il attend un signe de lui, il est vraiment amoureux.

***

- Max, deux choses, t'es en retard et Elian m'a tout raconté j'ai regardé des édits Tiktok toute la nuit je suis votre plus grand fan !

Grim. A peine Maxime est-il entré dans les locaux qu'il lui a sauté au cou, lui laissant à peine le temps de jeter son gobelet vide à la poubelle. Debout devant lui dans le couloir qui mène à l'une des salles de réunions dans laquelle l'équipe attend déjà, il reste fidèle à lui-même, immobile, comme si son corps et son esprit étaient déconnectés.

- Inspection !

La voix d'Elian retentit depuis l'intérieur de la salle, il sort de celle-ci et ferme la porte, avant de s'avancer vers Maxime d'un air théâtral.

- Main sur la tête, exige-t-il en demandant à Grim de se rapprocher d'un signe de main

- Les gars...

Trop interloqué pour s'opposer aux ordres et à l'attitude suspecte de ses amis, Maxime abdique sans se défendre. Elian s'approche de lui, il est très proche. Il le regarde sous tous les angles, tâte le tissu de ses vêtements, il en va même à inspecter l'intérieur de ses yeux en tirant sur ses joues. Grim recopie ses mouvements avec une aisance incertaine et bancale tandis que Maxime retient son souffle, peu tactile de nature.

paradoxe | [Maxime x Djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant