61. Vacances

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Maxime est de ceux que la timidité a toujours dominé. Que ce soit pour demander une table en entrant dans un restaurant où pour appeler quelqu'un qu'on connaît un peu mais trop, il a toujours perdu ses moyens. Il avait pris l'habitude de compter jusqu'à trois avant de demander quelque chose, pour se forcer à se lancer, et s'était fixé une règle qu'il applique et suit religieusement encore aujourd'hui : s'il hésite à dire quelque chose, il ne le dit pas.
Sa timidité a souvent eu raison de lui, jusqu'à oublier son propre confort, jusqu'à faire des trucs bizarres, jusqu'à se taire, jusqu'à s'exclure.

Il n'a jamais eu ce truc, ce truc que les autres avaient, ce truc des gens qui savent quand sourire, qui savent quoi dire, qui savent regarder dans les yeux. Ces gens qui se sentent chez eux partout, Maxime n'en fait pas partie. Il n'avait rien de tout ça, il fallait qu'il trouve son truc à lui, qu'il façonne sa propre armure pour affronter le monde et ses épreuves.
L'humour. Comme si en se moquant de lui-même, les autres ne pouvaient pas le faire. Sidjil l'a percé à jour, il sait que les blagues sont un refuge pour Maxime, il s'enfonce à l'intérieur pour ne plus jamais ressortir.

Mais ce soir-là, il n'a plus trop envie de rire. En fait, il a baissé sa garde, il s'est délesté de son armure de fer pour laisser parler son cœur. Il est à fleur de peau, et son seul souhait serait que Sidjil parvienne à cueillir chacune de ses peurs.

Sidjil est son deuxième refuge, un refuge plus sain, dans lequel il se retrouve, dans lequel il ne s'oublie pas, dans lequel il se soigne. Au début, il s'accordait plus de valeur en voyant que quelqu'un comme Sidjil s'intéresse à lui. Maxime a tout fait pour lui plaire, pour qu'il veuille être son ami. Il s'est adapté, tel un caméléon, à son environnement lorsqu'il était là. Maxime disait ce que Sidjil voudrait potentiellement entendre, même des choses qui pouvaient aller à l'encontre de ses principes. Maxime est comme ça, il se contorsionne jusqu'à se désarticuler pour rentrer dans le moule, et ne surtout pas dépasser.

Sidjil l'a toujours trouvé attirant, pas dans le sens charnel du terme, mais plutôt dans le sens littéral. Dès leur première rencontre, quelque chose d'inexplicable le poussait à vouloir le connaître davantage. Ses habitudes, la décoration de son appartement, son parfum et sa couleur préférée. Et aussi sa saison préférée. Il aurait pu s'en foutre comme il se fout de ces détails pour beaucoup de gens, mais là c'était différent, Maxime est différent. Son esprit cartésien s'est retrouvé face à des questions sans réponses et des envies illogiques, succombant peu à peu à l'obsession qu'il avait pour Maxime.

Puis avec le temps, le naturel refait toujours surface, au cours de discussions tardives, de journées aux émotions fortes, de sorties avec leurs meilleurs amis. Plus Maxime était lui-même, plus Sidjil l'appréciait, et plus il l'appréciait, plus Maxime devenait lui-même. Un cercle vertueux sain et cohérent, ils se protègent et s'élèvent l'un l'autre, qui donne naissance à une amitié solide et indéfectible, différente de toutes celles qu'ils avaient pu connaître jusqu'à maintenant.

Maxime repense souvent à tout ça, il se rend compte qu'entre eux, il y a toujours eu de la séduction, ou du moins une relation platonique. Ces souvenirs paraissent si loins et en même temps, tout est passé si vite. Le temps prend de drôles de dimensions lorsqu'on se perd dans celui-ci.

Sidjil ferme les rideaux avant d'allumer les lumières de son appartement, c'est une habitude peut-être paranoïaque mais réellement rassurante. Maxime, planté au milieu du salon, le regarde faire. Il semble sûr de lui, terriblement normal. Ou il fait semblant. Sidijl lui, fait partie de ces gens là, qui ont le truc. Il sait se faire apprécier, et ne pas se faire oublier. Il danse avec agilité sur le rythme de ses rencontres, du travail, des autres. Maxime l'admire sincèrement, et la confiance que lui accorde Sidjil lui réchauffe le cœur. Il pense souvent au pire, oubliant trop facilement le point auquel Sidjil laisse ses failles entrevoir la lumière du jour en sa présence. Parfois le silence murmure bien plus de choses que de longues discussions, et les gestes sont bien plus éloquents que des mots.

paradoxe | [Maxime x Djilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant