Dans le bureau blafard, seule la lumière jaunâtre d'une lampe de bureau réchauffait timidement l'ambiance. Le fameux bureau en désordre d'un côté et classé avec une excellence studieuse de l'autre, comme si deux personnes possédaient la table de bois poncé. Et pourtant, un seul nom sur la porte, un seul nom sur la plaquette, et un seul badge épinglé à cette blouse sinistre encore tachée de sang. Miki Renjiro. La jeune médecin pensait avoir terminé sa journée, mais quand elle vit le petit rouquin qu'on lui apportait avec ses chaînes au cou et aux poignets... Elle soupira et se lécha les lèvres, un rictus se dessinant lentement sur celles-ci. Elle tourna sur les roulettes de sa chaise et se mit agilement sur ses pieds.La jeune femme décrivit la forme fragile du vampire qu'on lui servait de son regard grisâtre. Elle s'approcha, les talons de ses chaussures claquant contre le sol. Le bruit sourd et répété résonna dans la salle, puis celui des maillons qui s'entrechoquaient. Mademoiselle Renjiro — comme l'appelaient les novices du service et les pauvres pions en dehors de l'équipe Tuerie — saisit les chaînes du vampire sans douceur, tirant dessus. En face à face avec le petit vampire aux yeux encore rouges, elle le regarda avec orgueil, un sourire plein d'amertume et de dédain pour lui donner un avant-goût des supplices qu'il allait subir. Elle tranchait avec ses expressions avant de simplement demander son scalpel à son collègue qui restait immobile contre le cadre de la porte.
« — Je m'en occupe de suite, Asanami.
Déclara la noiraude doucement, sans même quitter des yeux le rouquin à genoux devant elle, misérablement. »
Le jeune homme à la porte tourna les talons pour s'en aller, et Miki se leva brusquement. Agrippant les chaînes comme la laisse d'un chien, elle tira le vampire sans se soucier de son bien être, et l'allongea sur le lit d'hôpital au fond de la pièce. Tout semblait si exiguë depuis ce lit... Tout se référait à une froide prison, surtout dès que le médecin attacha ses liens métalliques à l'attache prévue à cet effet derrière le lit. Si dans un décor différent l'ambiance aurait pu être érotique, la pluie dehors et le scalpel entre les doigts de la jeune femme étaient juste dérangeants.
Son regard était aussi douloureux que le scalpel qu'elle enfonçait lentement dans la poitrine du vampire. La couleur métallique, le tranchant et la froideur... Plusieurs menaces s'échappèrent d'entre les lèvres du médecin, pourtant dites avec une voix fluette et posée.
« — Ferme pas les yeux, trésor, où je devrais les garder dans un bocal. Il me semble qu'il en reste quelques uns... Au cas, j'en réclamerai. »
Alors le rouquin s'efforça de regarder Miki droit dans les yeux, et de faire abstraction de l'outil qui plongeait dans son torse et le découpait. Quelques gouttelettes pourpre glissaient déjà le long de son corps mais la jeune femme continuait de réduire le corps du vampire en charpie, sans flancher. Tout le monde savait comment ça allait se finir, avec cette médecin si douée mais si étrange et ses penchants sadiques... Elle prenait son temps mais bientôt, elle se dépêcherait d'appeler l'équipe d'entretien pour nettoyer le sol.