Chapitre 5 : L'opération

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Le docteur Canibalor et moi entrâmes dans le bloc opératoire. Les murs avaient un grand besoin d'être repeints. En plus, il y avait des cafards qui rampaient dessus. Le sol était jonché de détritus. Il y avait de nombreux infirmiers et infirmières qui nous attendaient, ainsi que les docteurs Ying et Yang.

— Wendy, retire tous tes habits et dépose-les dans le carton posé contre le mur, m'ordonna le docteur Canibalor.

Je me déshabillai entièrement sous les regards de tout le personnel hospitalier, puis déposai mes vêtements dans un gros carton qui en était déjà rempli. Les personnes m'ayant précédée n'avaient de toute évidence pas récupéré leurs habits, ce qui ne me rassurait guère. Un rat passa à toute vitesse entre mes jambes. J'ignorai que ce genre d'animal était admi dans les blocs opératoires. Cela devait pourtant bien être le cas étant donné qu'aucun membe du personnel médical n'accorda la moindre attention au rongeur.

— Allonge-toi sur le dos sur l'une des tables d'opération, m'ordonna le docteur Canibalor.

Docile, je m'allongeai sur l'une des tables, comme on me l'avait demandé. J'étais toutefois de plus en plus anxieuse. J'allai me faire opérer et cela n'avait rien de réjouissant. Une infirmière attacha mes poignets et mes chevilles à des sangles fixées à chaque extrémité de la table.

— Il faut que j'aille aux toilettes de toute urgence ! annonçai-je, subitement prise d'une envie très pressante.

— Tu peux te soulager ici et maintenant. Cela ne nous pose aucun problème, m'informa le docteur Canibalor. Laisse-toi aller Wendy !

Il n'eut pas besoin de me le dire deux fois, car il me fut impossible de me retenir plus longtemps. Peut-être aurais-je dû toutefois dire au docteur Ying de s'écarter, histoire d'éviter de l'asperger ? En fait, non puisque mon jet d'urine passa à travers son corps, de toute évidence immatériel.

— Au fait, Wendy a vu Yoko, il y a quelques instants, annonça le docteur Canibalor. Laquelle, je vous rappelle, avait vu avant de mourir celui dont je ne me souviens plus du nom... Celui qui ressemble à un ver de terre.

— Voilà qui est fâcheux, commenta le docteur Yang. Si nos patients voient les revenants qui refusent de coopérer avec nous, ils risquent de comprendre qu'ils sont dans un hôpital hanté.

— En effet, c'est pourquoi je propose qu'à l'avenir, nous prétendrons que l'archiotrachie provoque de terribles hallucinations, déclara le docteur Canibalor.

J'espérai que c'était une blague, mais je ne me faisais plus vraiment d'illusions. J'aurai dû croire Zoé depuis le début.

— Vous êtes vraiment morts ? Vous êtes vraiment des fantômes ? demandai-je.

— Pour te dire la vérité... Oui, m'avoua le docteur Canibalor.

Je me mis à trembler de peur.

— Allons, détends-toi, me conseilla le docteur Canibalor.

Il m'enfonça dans le sexe un petit tube en plastique. Je me détendis aussitôt. Je sentis le plaisir m'envahir.

— Ça fait du bien, n'est-ce pas ? me demanda le docteur Canibalor.

— En effet, approuvai-je.

Le docteur Ying retira le tube en plastique de mon sexe et le jeta par terre. Je le foudroyai du regard.

— Elle est trop jeune pour que nous lui accordions ce genre de plaisir ! déclara-t-il d'un ton sec.

Ne pouvait-il donc pas se mêler de ses affaires ?

— J'en ai assez qu'on y aille en douceur avec nos patients ! poursuivit le docteur Ying. Je veux les voir souffrir ! Dorénavant, plus d'anesthésie !

— Tu es bien dur, commenta le docteur Canibalor. Enfin, si ça te fait plaisir.

Un infirmier approcha de moi un petit chariot sur lequel étaient posés de nombreux instruments chirurgicaux couverts de sang séché. Le docteur Canibalor prit un scalpel et le contempla.

— Je ne veux pas que vous m'opériez ! le prévins-je, bien que je doutais qu'il en tienne compte.

— Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas moi qui vais t'opérer, mais l'une de tes connaissances.

Il s'écarta pour laisser passer Zoé. Elle avait la bouche grande ouverte, ainsi que le regard vide et sans expression. Elle était toujours nue et je ne voyais pas la moindre cicatrice sur son corps. Or, si elle avait déjà été opérée, elle aurait probablement eu une grande cicatrice, comme celle de Yoko.

— Zoé, tu es toujours en vie ? Ils ne t'ont pas opéré finalement ? lui demandai-je.

— Montre-lui, Zoé ! intervint le docteur Yang.

Sans un mot, Zoé se retourna pour me montrer qu'elle avait désormais, dans le dos, une grande cicatrice partant de sa nuque et allant jusqu'aux fesses.

— Wendy, je suppose que tu as compris que c'est Zoé qui va t'opérer, déclara le docteur Yang. À son âge, elle n'a bien évidemment jamais reçu la moindre formation en chirurgie et ne connaît rien du tout à cet art. Néanmoins, je suis sûr qu'elle fera de son mieux pour ne pas trop te faire souffrir !

Zoé me fit de nouveau face. Le docteur Canibalor lui tendit son scalpel et elle le prit. Comment pouvais-je me sortir d'une telle situation ? Cela devait bien être possible. Zoé y était parvenue, même si s'était fait reprendre juste après. Elle m'avait dit que c'était parce qu'elle s'y était préparée, mais comment ? Zoé s'approcha lentement de moi, le scalpel à la main.

Les sangles ! Zoé devait savoir qu'elles serviraient à l'attacher et vu qu'elle ne pouvait pas savoir sur quelle table d'opération elle serait installée, elle avait dû tous les saboter !

Le scalpel s'approcha lentement, mais dangereusement de ma poitrine. Avec mes jambes et mes bras, je tirai de toutes mes forces sur mes liens qui se détachèrent facilement de la table.

— Encore ? s'étonna le docteur Canibalor.

C'était donc bien ainsi que Zoé avait pu leur échapper pour une courte durée. Je sautai par terre et me mis à courir vers la sortie.

— Reviens Wendy ! me lança le docteur Canibalor. Tu verras, c'est très amusant de se faire retirer tous ses organes internes !

Je me précipitai dans le couloir. Les médecins et les infirmiers se lancèrent aussitôt à ma poursuite.

— Deux fois en une seule nuit que des patientes arrivent à arracher les sangles, ce n'est pas un hasard, entendis-je le docteur Ying dire à ses collègues. Il faudra contrôler toutes les tables d'opération !

Je descendis les escaliers aussi vite que je le pouvais.

— Tu ne peux pas nous échapper, Wendy ! me prévint l'un de mes poursuivants.

Je tournai à une intersection et profitai du bref instant où j'étais hors de la vue des médecins et infirmiers pour me cacher dans la première pièce sur ma droite. À l'intérieur, la première chose que je vis fut des cadavres d'enfants d'à peu près mon âge suspendus par les pieds à des crochets fixés au plafond. En dessous, il y avait le corps sans vie de Zoé, allongé sur un brancard. J'étais dans la morgue. J'examinai les corps. Ils avaient des traces de blessures variées. L'un d'eux avait même une petite hache plantée dans le crâne. Cependant, ils avaient pour la plupart une grande cicatrice témoignant de l'opération effectuée sur eux. Parmi les cadavres suspendus, je reconnus celui de Yoko. Je m'emparai de la hache plantée dans un crâne et sortit avec dans le couloir, lequel était désert et silencieux. Le personnel médical devait maintenant être à ma recherche dans une autre partie de l'hôpital.

L'hôpital de l'horreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant