Le Roi des Neiges [terminée]

Chapitre 5

Dix ans plus tôt.

Le petit Kay était confortablement allongé sur son lit douillet, le corps couvert d'un épais édredon qui le tenait bien au chaud. Il entendait le vent d'hiver siffler furieusement à l'extérieur de la ferme, ce qui ne faisait que renforcer sa sensation de contentement. Il avait neigé toute la journée sans s'arrêter et il avait hâte d'aller marcher le lendemain sur la couche blanche toute fraîche. Peut-être même que son grand-père le laisserait conduire sa motoneige, cette fois. Il en doutait, mais on ne savait jamais, à force d'insister.

— Mamie, tu vas me lire une histoire, dis ? supplia-t-il sa grand-mère.

Il lui adressa son regard le plus mignon, celui auquel presque personne ne parvenait à résister.

La vieille femme se mit à rire.

— Bien sûr que oui, mon chéri. T'ai-je déjà laissé un soir sans histoire ?

Le petit garçon réfléchit.

— Non, conclut-il.

Et c'est en partie pour cela qu'il aimait tant les vacances qu'il passait chez ses grands-parents, car Kay adorait les histoires. Surtout celles qui incluaient des créatures merveilleuses, comme des dragons et des combats fantastiques. Plus tard, il voulait devenir chevalier. Ou mage. Il hésitait encore.

Sa grand-mère se dirigea vers la petite bibliothèque en bois et se saisit d'un gros ouvrage à la couverture rouge. C'était le livre le plus vieux que Kay aie jamais vu et il le trouvait beaucoup plus beau que tous ceux que ses parents possédaient à Copenhague. S'il était composé surtout du texte écrit en tout petit, il comportait tout de même quelques jolies images que Kay adorait parcourir au fur et à mesure des lectures de sa grand-mère.

— Ce soir, je vais te raconter l'histoire du roi des neiges, lui annonça cette dernière en venant s'asseoir au pied du lit. Regarde, c'est lui.

Elle montra à Kay un dessin en pleine page représentant un très joli jeune homme aux traits nostalgiques. Il avait de longs cheveux lisses aussi blancs que la neige et des yeux bleus vifs. Son corps était enveloppé dans un épais manteau de fourrure et il portait un diadème sur la tête.

— Il est si beau ! s'exclama le petit garçon, conquis. Mais pourquoi a-t-il l'air si triste ?

— Parce qu'il est maudit.

— Et pourquoi est-il maudit ?

Sa grand-mère lui sourit.

— Tu le sauras lorsque j'aurai terminé de te lire cette histoire. Ai-je la permission de commencer ? 

— Oui !

Kay remonta son édredon jusqu'à son menton cependant que la voix paisible de sa grand-mère s'élevait.

— Il était une fois un roi Fae juste et paisible qui régnait sur les créatures surnaturelles de la Taïga. Il était immortel et on le surnommait le Roi des Neiges, car sa cour était composée de fées des glaces, de nymphes des lacs gelés, de renards des neiges ou encore d'esprits du vent.

— Et de dragons ? voulut savoir Kay, un sourcil levé.

— L'histoire ne le précise pas.

— Mais c'est possible, non ? insista-t-il en gigotant dans son édredon. Le roi a certainement un trésor. Il a sans doute engagé un dragon pour le garder ! Moi, c'est ce que je ferais.

— Eh bien, disons que oui, il y avait sans doute un dragon. Mais il logeait dans une caverne et on ne le voyait pas souvent. C'est pour cela que les conteurs ont oublié de parler de lui.